Catharsis d’un psyché visiblement différent, d’une musicalité fondamentalement avant-gardiste et d’une approche stylistique résolument novatrice, "
Phrases" avait été un choc…
L’oxymore formant le patronyme du premier véritable album poursuivra-t-il le choc auditif initié par son illustre prédécesseur ?
Retour en arrière, relançons la bobine…
Il était une fois…(non, enfin bon…bref) un ep qui allait coller une claque monumentale aux quelques auditeurs qui auraient le courage, sinon l’opportunité (ou la chance) de se pencher dessus. Un ep au titre aussi significatif que simple : "
Phrases".
Sous le patronyme énigmatique et obscur (tiré d’une maison d’édition de jeux vidéo) de
Psygnosis, cet ep resterait comme une espèce d’écume, de litanie emplie de haine et de désespoir, tout en étant musicalement un ovni sur lesquels les amateurs d’expérimentations ne pouvaient que s’incliner. Mêlant habilement doom, death et trip hop tout en y assemblant des dialogues de cinéma (tirés de films méticuleusement choisis tels que "Pulp Fiction", "
Silent Hill" ou "
Fight Club"),
Psygnosis frôlait les terres de quelque chose de complètement nouveau, tout en restant étrangement accessible musicalement parlant.
Deux ans plus tard, sans concerts à l’appui et avec un remaniement important de line-up, notamment l’intégration d’un véritable chanteur,
Psygnosis est enfin prêt pour proposer un produit fini, enregistrer et masterisé dans un réel studio (Drudenhaus Studio). L’artwork, dans un genre toujours aussi introspectif, évoque une beauté froide, morte et pourtant si attirante et belle.
C’est pourtant en terrain connu que débute le disque, avec un "Phrase 2.11" tiré de l’opus précédent, bien que complètement remanié. Ainsi, la mélodie hypnotique du morceau, accompagnée d’une boite à rythme électronique et de samples, ainsi que le phrasé si unique de Samuel L Jackson ("Pulp Fiction") accueille l’auditeur dans un bain d’obscurité, de mysticisme et de brume. Le riff se décante rapidement, et laisse apparaitre Raphaël au chant, aux vocaux death plus caverneux et ample. La tension monte de plus en plus, de manière plus intensive que précédemment, avant que le chant ne s’arrache de façon bien plus viscérale que par le passé. On remarque instantanément que la production n’a rien de comparable tant le son est ici plus subtil, puissant et surtout dense. L’absence de batterie pour une boite à rythme apparait presque imperceptible tant le rendu est propre et professionnel. Les riffs se veulent plus vicieux et death alors que les attaques de double pédale sont bien mieux agencées et précises, presque chirurgicales (dirions-nous
Gojira ou
Trepalium ?). Néanmoins, il y a toujours ces passages planants, féériques mais pourtant porteurs de peurs et évocateurs de fantômes.
Avec "
Anti-Sublime",
Psygnosis est allé au bout de ses idées mais a surtout composé six morceaux complètement différents les uns des autres, tout en gardant une profonde intégrité artistique et une cohérence musicale dans son ensemble. Après un premier morceau de plus de dix minutes, "Compression" déboule (lui et ses presque neuf minutes) et attaque sans fioritures dès son introduction, très death. Des arpèges émanent rapidement de cette agression, tandis que les riffs se mettent en retrait au profit d’un blast surnageant au-dessus de l’ensemble et d’une première incursion de chant clair surprenante mais maitrisée. Un extrait subversif et violent du génial "
Fight Club" de David Fincher fait alors son apparition, sur fond de riffs saturés moribonds et d’une batterie répétitive et aliénante.
Mais c’est réellement avec "FIIIX" que
Psygnosis va tenir un chef d’œuvre harmonique et musical. D’une durée encore une fois avoisinant les neuf minutes et se basant sur une mélodie de claviers de M.Kekchoz très cinématographique, continuellement accompagnée d’une boite à rythme électronique répétant inlassablement la même chose et d’une ligne de basse simple mais terriblement viscérale, le groupe bourguignon propose un voyage onirique aussi beau qu’il n’est dangereux. Un riff unique, tranchant, tournoyant et hypnotique apparait dans une ambiance sonore complètement vierge de comparaison extérieure. Le chant, posé et clair de Raphaël, se veut rapidement essentiel et sublime, froid et narratif, objectif et contemplatif. La puissance monte lentement, inexorablement... tout semble prêt à exploser d’un moment à l’autre... explosion... les hurlements s’emparent d’un spectre sonore qui se déchire, se contorsionne, devenant difforme et dégageant souffrance et douleur. Une étrange citation de "
Pierrot le Fou" s’ensuit, très énigmatique, presque métaphysique... aussi élégante qu’elle n’est simplement bizarre. Sous cette beauté empoisonnée et latente, la violence continue de crier rage sans que jamais cette mélodie initiale ne s’essouffle ou ne lasse… le génie ne tient parfois qu’à cela…une simple suite de notes... suite de notes composant l’un des uniques solo de l’album avant que le chant clair ne refasse une apparition remarqué. Si la justesse n’est pas forcément présente (on ressent une certaine peine dans ce registre), l’émotion artistique et la volonté est si présente qu’elle ne choquera que lors des premières écoutes, avant que cela soit complètement intégré.
Tout aussi mélancoliques, "
Default Dysfunction" et "
Wake Up" continuent de plonger plus profondément dans cet univers froid, triste et étrangement bleuté (pourquoi pensons-nous à cette couleur ? Peut-être cet artwork correspond parfaitement à l’œuvre musicale proposée). Si le premier reprend un schéma musical commençant à devenir la marque de fabrique d’un groupe résolument porté vers l’avenir, "
Wake Up" (le morceau le plus court ; à peine cinq minutes) reste majoritairement plus trip hop et drums n bass (sans le côté péjoratif qui y est souvent attribué). Très sombre, il est une porte ouverte vers les tréfonds de nos lointains souvenirs... ceux que l’on ne veut pas voir remonter, se lever pour se remémorer les douloureuses épreuves du passé...
Des épreuves que "Liquid Nebuula" affronte de pleine face dans une explosion de haine et de fureur, pour un total de quinze minutes apocalyptiques, bestiales et bien plus proche du black/death metal que de la musique ambiancée du reste du disque. Violente, évoquant les gouffres et les charniers et surtout ponctué des râles de souffrances de son chanteur, cet ultime morceau aborde presque entièrement les velléités artistiques du combo de M.Kekchoz en un quart d’heure cosmique et littéralement hors du temps.
« L’oxymore formant le patronyme du premier véritable album poursuivra-t-il le choc auditif initié par son illustre prédécesseur ? »
Il faut croire que "
Anti-Sublime" a fait bien plus que cela... il a complètement transcendé les émotions d’un premier EP qui annonçait une énorme claque d’avenir. La voici enfin, et il est certain que cela ne fait que commencer. L’évolution probable est énorme, autant dans le son, la composition que la technique mais pourtant, il est déjà difficile de déceler des défauts dans une œuvre aussi aboutie et traumatisante. Le prochain enterra probablement de la tête et des épaules celui-ci mais en attendant, il est bon de se délecter de ce nectar visqueux, malsain mais incroyablement délicieux et sucré en bouche…comme un poison que l’on saurait létal... mais dont il serait impossible de se passer tant son goût est proche du sublime...
"
Anti-Sublime" ? Quelque part oui…seulement quelque part... en toute beauté réside une part de cauchemar.
Psygnosis vient de nous révéler les deux faces d’un même joyau. Bon appétit.
On est en train de travailler sur l'artwork et les bonus de la version physique, et on récolte des fonds via notre site web pour pouvoir financer le pressage (les 150 premiers à nous filer plus de 11€ recevront le CD chez eux). On veut rester indépendant et tout faire nous même, si un label nous contacte, nous refuseront dans tout les cas car ça nous empêcherais d'être libre et d'avoir le contrôle de notre musique.
Merci en tout cas, et hésite pas à filer l'album aux personnes autour de toi ;)
Par contre sur ce que dis mKekchoz l'avis du groupr sur les labels à changé non? Parce que dans les infos sous Fiix 2.0 ils disent chercher un label...
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