Anti-Sublime

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17/20
Nom du groupe Psygnosis
Nom de l'album Anti-Sublime
Type Album
Date de parution 21 Août 2012
Produit par Rémi Vanhove
Enregistré à Idylle Studio
Style MusicalMetal Expérimental
Membres possèdant cet album16

Tracklist

1. Phrase 2.11 10:58
2. Compression 08:47
3. FIIIX 08:47
4. Default Dysfonction 08:09
5. Wake Up 04:47
6. Liquid Nebuula 15:53
Bonustrack
7. Loozing Zeppelin 08:14
Total playing time 57:21

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Psygnosis


Chronique @ Eternalis

16 Janvier 2012

Un nectar visqueux, malsain mais incroyablement délicieux et sucré en bouche...

Catharsis d’un psyché visiblement différent, d’une musicalité fondamentalement avant-gardiste et d’une approche stylistique résolument novatrice, "Phrases" avait été un choc…
L’oxymore formant le patronyme du premier véritable album poursuivra-t-il le choc auditif initié par son illustre prédécesseur ?
Retour en arrière, relançons la bobine…

Il était une fois…(non, enfin bon…bref) un ep qui allait coller une claque monumentale aux quelques auditeurs qui auraient le courage, sinon l’opportunité (ou la chance) de se pencher dessus. Un ep au titre aussi significatif que simple : "Phrases".
Sous le patronyme énigmatique et obscur (tiré d’une maison d’édition de jeux vidéo) de Psygnosis, cet ep resterait comme une espèce d’écume, de litanie emplie de haine et de désespoir, tout en étant musicalement un ovni sur lesquels les amateurs d’expérimentations ne pouvaient que s’incliner. Mêlant habilement doom, death et trip hop tout en y assemblant des dialogues de cinéma (tirés de films méticuleusement choisis tels que "Pulp Fiction", "Silent Hill" ou "Fight Club"), Psygnosis frôlait les terres de quelque chose de complètement nouveau, tout en restant étrangement accessible musicalement parlant.

Deux ans plus tard, sans concerts à l’appui et avec un remaniement important de line-up, notamment l’intégration d’un véritable chanteur, Psygnosis est enfin prêt pour proposer un produit fini, enregistrer et masterisé dans un réel studio (Drudenhaus Studio). L’artwork, dans un genre toujours aussi introspectif, évoque une beauté froide, morte et pourtant si attirante et belle.
C’est pourtant en terrain connu que débute le disque, avec un "Phrase 2.11" tiré de l’opus précédent, bien que complètement remanié. Ainsi, la mélodie hypnotique du morceau, accompagnée d’une boite à rythme électronique et de samples, ainsi que le phrasé si unique de Samuel L Jackson ("Pulp Fiction") accueille l’auditeur dans un bain d’obscurité, de mysticisme et de brume. Le riff se décante rapidement, et laisse apparaitre Raphaël au chant, aux vocaux death plus caverneux et ample. La tension monte de plus en plus, de manière plus intensive que précédemment, avant que le chant ne s’arrache de façon bien plus viscérale que par le passé. On remarque instantanément que la production n’a rien de comparable tant le son est ici plus subtil, puissant et surtout dense. L’absence de batterie pour une boite à rythme apparait presque imperceptible tant le rendu est propre et professionnel. Les riffs se veulent plus vicieux et death alors que les attaques de double pédale sont bien mieux agencées et précises, presque chirurgicales (dirions-nous Gojira ou Trepalium ?). Néanmoins, il y a toujours ces passages planants, féériques mais pourtant porteurs de peurs et évocateurs de fantômes.

Avec "Anti-Sublime", Psygnosis est allé au bout de ses idées mais a surtout composé six morceaux complètement différents les uns des autres, tout en gardant une profonde intégrité artistique et une cohérence musicale dans son ensemble. Après un premier morceau de plus de dix minutes, "Compression" déboule (lui et ses presque neuf minutes) et attaque sans fioritures dès son introduction, très death. Des arpèges émanent rapidement de cette agression, tandis que les riffs se mettent en retrait au profit d’un blast surnageant au-dessus de l’ensemble et d’une première incursion de chant clair surprenante mais maitrisée. Un extrait subversif et violent du génial "Fight Club" de David Fincher fait alors son apparition, sur fond de riffs saturés moribonds et d’une batterie répétitive et aliénante.

Mais c’est réellement avec "FIIIX" que Psygnosis va tenir un chef d’œuvre harmonique et musical. D’une durée encore une fois avoisinant les neuf minutes et se basant sur une mélodie de claviers de M.Kekchoz très cinématographique, continuellement accompagnée d’une boite à rythme électronique répétant inlassablement la même chose et d’une ligne de basse simple mais terriblement viscérale, le groupe bourguignon propose un voyage onirique aussi beau qu’il n’est dangereux. Un riff unique, tranchant, tournoyant et hypnotique apparait dans une ambiance sonore complètement vierge de comparaison extérieure. Le chant, posé et clair de Raphaël, se veut rapidement essentiel et sublime, froid et narratif, objectif et contemplatif. La puissance monte lentement, inexorablement... tout semble prêt à exploser d’un moment à l’autre... explosion... les hurlements s’emparent d’un spectre sonore qui se déchire, se contorsionne, devenant difforme et dégageant souffrance et douleur. Une étrange citation de "Pierrot le Fou" s’ensuit, très énigmatique, presque métaphysique... aussi élégante qu’elle n’est simplement bizarre. Sous cette beauté empoisonnée et latente, la violence continue de crier rage sans que jamais cette mélodie initiale ne s’essouffle ou ne lasse… le génie ne tient parfois qu’à cela…une simple suite de notes... suite de notes composant l’un des uniques solo de l’album avant que le chant clair ne refasse une apparition remarqué. Si la justesse n’est pas forcément présente (on ressent une certaine peine dans ce registre), l’émotion artistique et la volonté est si présente qu’elle ne choquera que lors des premières écoutes, avant que cela soit complètement intégré.

Tout aussi mélancoliques, "Default Dysfunction" et "Wake Up" continuent de plonger plus profondément dans cet univers froid, triste et étrangement bleuté (pourquoi pensons-nous à cette couleur ? Peut-être cet artwork correspond parfaitement à l’œuvre musicale proposée). Si le premier reprend un schéma musical commençant à devenir la marque de fabrique d’un groupe résolument porté vers l’avenir, "Wake Up" (le morceau le plus court ; à peine cinq minutes) reste majoritairement plus trip hop et drums n bass (sans le côté péjoratif qui y est souvent attribué). Très sombre, il est une porte ouverte vers les tréfonds de nos lointains souvenirs... ceux que l’on ne veut pas voir remonter, se lever pour se remémorer les douloureuses épreuves du passé...
Des épreuves que "Liquid Nebuula" affronte de pleine face dans une explosion de haine et de fureur, pour un total de quinze minutes apocalyptiques, bestiales et bien plus proche du black/death metal que de la musique ambiancée du reste du disque. Violente, évoquant les gouffres et les charniers et surtout ponctué des râles de souffrances de son chanteur, cet ultime morceau aborde presque entièrement les velléités artistiques du combo de M.Kekchoz en un quart d’heure cosmique et littéralement hors du temps.

« L’oxymore formant le patronyme du premier véritable album poursuivra-t-il le choc auditif initié par son illustre prédécesseur ? »
Il faut croire que "Anti-Sublime" a fait bien plus que cela... il a complètement transcendé les émotions d’un premier EP qui annonçait une énorme claque d’avenir. La voici enfin, et il est certain que cela ne fait que commencer. L’évolution probable est énorme, autant dans le son, la composition que la technique mais pourtant, il est déjà difficile de déceler des défauts dans une œuvre aussi aboutie et traumatisante. Le prochain enterra probablement de la tête et des épaules celui-ci mais en attendant, il est bon de se délecter de ce nectar visqueux, malsain mais incroyablement délicieux et sucré en bouche…comme un poison que l’on saurait létal... mais dont il serait impossible de se passer tant son goût est proche du sublime...
"Anti-Sublime" ? Quelque part oui…seulement quelque part... en toute beauté réside une part de cauchemar. Psygnosis vient de nous révéler les deux faces d’un même joyau. Bon appétit.

13 Commentaires

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mKekchoz - 23 Janvier 2012: Ca risque de te sembler étrange mais toutes ambiances électroniques viennent surtout de mes influences trance (les longs breaks traditionnels de milieu de morceaux). Je suis également très fan des travaux d'Aphex Twin mais je n'ai pas l'impression que ça m'a influencé pour cet album (un peu plus pour le suivant sur lequel nous travaillons actuellement par contre).

On est en train de travailler sur l'artwork et les bonus de la version physique, et on récolte des fonds via notre site web pour pouvoir financer le pressage (les 150 premiers à nous filer plus de 11€ recevront le CD chez eux). On veut rester indépendant et tout faire nous même, si un label nous contacte, nous refuseront dans tout les cas car ça nous empêcherais d'être libre et d'avoir le contrôle de notre musique.

Merci en tout cas, et hésite pas à filer l'album aux personnes autour de toi ;)
orionzeden - 18 Fevrier 2013: La chronique et Fiix 2.0 (même si c'est du prochain EP) m'ont donné envie d'écouter ça en entier!
Par contre sur ce que dis mKekchoz l'avis du groupr sur les labels à changé non? Parce que dans les infos sous Fiix 2.0 ils disent chercher un label...
mKekchoz - 31 Mars 2013: L'avis a un peu changé sur le label oui. En fait, le label nous sert à avoir un coup de pouce, à aller à une étape au dessus, c'est juste une manière d'aller plus vite au but que nous souhaitons atteindre. Même si cette idée de contrôle de notre musique nous gène toujours, et qu'il ne sera pas question de toucher au contenus artistique. Un contrat en béton armé qui sera à négocier :)
AlonewithL - 03 Novembre 2013: Une curiosité en concert, en tout cas. Rarement écouté une musique aussi dense et apocalyptique (même en tenant compte de la prestation d'Ad Patres). @Ether: Je t'ai pris la version dure.
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Chronique @ Satanistar

19 Août 2013

Psygnosis enfante dans les sinuosités de l’opacité philanthropique un monument ineffable et fichtrement expérimental.

Ezekiel 25.17

" La marche des vertueux est semée d’obstacles qui sont les entreprises égoïstes que fait sans fin, surgir l’œuvre du malin. Béni soit-il l’homme de bonne volonté qui, au nom de la charité se fait le berger des faibles qu’il guide dans la vallée d’ombre de la mort et des larmes, car il est le gardien de son frère et la providence des enfants égarés. J’abattrai alors le bras d’une terrible colère, d’une vengeance furieuse et effrayante sur les hordes impies qui pourchassent et réduisent à néant les brebis de Dieu. Et tu connaîtras pourquoi mon nom est l’éternel quand sur toi, s’abattra la vengeance du Tout-Puissant… "

L’Anti-Sublime ou le rejet de l’incarnation d’une vertu à l’œuvre esthétique personnifie sa mécanique anticonformiste en un miroir de l’âme à la hauteur de l’interrogation d’un homme égoïste et désirable. Ainsi, dans sa recherche perfectible d’une œuvre d’art auditive moderne, l’insondable fondateur franchouillard Psygnosis enfante dans les sinuosités de l’opacité philanthropique un monument ineffable et fichtrement expérimental. Une sorte de pétaudière pluri-rythmique et plantureusement poétique aspirant conjointement la clarté céleste et l’obscurité pestilentielle.

" Anti-Sublime " devient ainsi une perspective indissociable d’une conception évolutive, celle d’un groupuscule mené par ce M.Kekchoz à la démesure positive. On comprend alors l’ancrage de cet essai dans le maelström d’un death rêche d’obédience américaine arborant un ornement ambient/ Dub. Il faudra comprendre la réticence de certains à pénétrer une hydre à la beauté froide (quel artwork !) ; mais pourtant il est indéniable que Psygnosis détient la clé d’une facilité briguée, celle de présenter un bruissement novateur et attrayant.

Dans ces conditions, interpréter mots par mots cette pièce noble serait réducteur ; il serait raisonnable de notre part de crayonner les contours d’un ensemble de cotonnades velouteuses. Et pour ce faire, commençons par cette production, impeccable et puissante, laissant parler le tison des guitares dans une litanie plaintive et morose (« Liquid Nebuula »), une ode à l’exploration de terres inhospitalières dont les jours angoissants ne semblent jamais cesser. Si l’on poursuit encore, on notera une utilisation de moult samples sympathiques allant de Pulp Fiction (" Phrase 2.11 ") à Pierrot le Fou, voire même un discours de Youri Gagarine. On pourrait penser à l’approche d’un ]Hypno5e mais le spectacle est convaincant, atmosphérique et énigmatique. Rampant sur un sol poussiéreux la boite à rythme martèle et possède chaque note indicible comme une nuée de moucherons sur un corps animal écorché et saignant. Cette manière de créer le son, de le rendre sauvage sont typiques de Psygnosis.

En retenant la cohérence de cet ovni musical, il est toutefois possible de trouver quelques ombres au tableau. Dans cette perspective, il est notable de faire feu de tout bois sur un anglais approximatif et réducteur entachant des titres pourtant moderniste (" FIIIX ") et pertinent. Si l’on poursuit dans cette voie laissant s’échapper une critique esthétique, il faudrait se contraindre à laisser de côté un chant clair trop manifeste et dénué de subtilité. De ce fait, votre serviteur cornu vous invite à jeter une oreille à la nouvelle version de FIIIX présente sur le nouvel EP intitulé sobrement " Sublimation " pour constater la nouvelle approche de la voix claire.

Pour autant, il ne subsiste plus d’interrogations face à la stature colossale de Psygnosis. Les vocaux death en sont la preuve, tourbillonnant dans une atmosphère tantôt symbolique et spirituelle, tantôt craintive et équivoque. Hors de règles préétablies et de mimiques propres à certains adeptes du genre, les français traduisent autant d’efforts pour passer à travers cette bipolarité. Notons par exemple, ce " Wake up " éthéré et très post-rock, où la quiétude est reine de saba.

Trois ans après " Phrases ", " Anti-Sublime " s’invite au cœur d’un voyage troublant et captivant, en érigeant une Babylone architecturale abscons. Malgré le tumulte de succinctes tares dues à une relative jeunesse, il semblerait que la formation ait réussi à canaliser son potentiel impétueux au cœur d’un système contemporain et moderniste, voire postmoderniste. A n’en pas douter, l’un des meilleurs albums de 2012 est français. N’y aurait-il donc pas un message subliminal à travers les lignes? A vous de le découvrir.

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