Neptune

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17/20
Nom du groupe Psygnosis
Nom de l'album Neptune
Type Album
Date de parution 15 Mai 2017
Style MusicalMetal Expérimental
Membres possèdant cet album14

Tracklist

1. Phrase 7 11:54
2. Psygnosis is Shit 08:34
3. Восто́к 05:28
4. Storm 08:33
5. To Neptune 13:08
6. Mûe 04:16
7. Psamathée 09:46
8. Sünyatã 10:51
9. Nirvāṇa 04:46
Total playing time 1:17:22

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Psygnosis


Chronique @ Eternalis

29 Mai 2017

Un long voyage vers une certaine vision de l’infini et de l'introspection ...

La recherche de l’anticonformisme.
Depuis sa création, ils ont fait en sorte de briser les codes, encore et encore, de ne rien faire comme les autres afin d’inscrire leur entité aux côtés des grandes œuvres avant-gardiste de la musique extrême.
Du projet d’un seul homme, Psygnosis est devenu un véritable groupe mais les difficultés se sont malheureusement accumulées au fur et à mesure des années.

Trois albums pour autant de line-up, des eps pour présenter les changements de personnel et une identité musicale qui, si elle s’affirme de plus en plus avec le temps, reste résolument unique et difficile à comparer avec autrui. Preuve que la scène musicale française cherche constamment à repousser les limites, même pour ceux qui ne s’appellent pas Gojira, Psygnosis met l’art au centre de son projet avec une réelle vision sans rechercher l’accessibilité facile ou vendre son âme au plus offrant.
Sans label depuis ses débuts, Rémi Vanhove et ses sbires font les choses exactement comme ils le souhaitent, sans aucune voix dissidentes et sans intervention extérieure sur leur création. C’est ainsi que "Anti-Sublime" et "Human Be[ing]" virent le jour, avec certains moments déjà très forts ayant secoué l’underground et marqué au fer rouge certaines âmes. Il y a tout d’abord cette suite musicale appelée à devenir une marque de fabrique, nommé "Phrases", qui ouvre désormais chaque album et marque la direction musicale des albums. Il y avait eu "FIIIX", basé autour d’une boucle electronique aliénante et planante dont on ne parvenait plus à se séparer. Il y a eu le destructeur "Ressurection" sur l’album suivant, d’une violence marquante. "Lost in Oblivion" et sa représentation de la solitude et du désespoir ou cette longue et intense montée en puissance de "Silent", créée autour d’une citation du Dictateur de Chaplin. Des grands moments qui appelaient inévitablement une suite, prenant aujourd’hui la forme de Neptune.

Désormais séparé de Yohan Oscar, parti pour des raisons de santé, c’est en formation instrumentale que se présente le quatuor ayant intégré officiellement Raphaël Verguin, violoncelliste ayant déjà collaboré sur certains titres de Psygnosis.
Proche de soixante-quinze minutes instrumentale difficile à encaisser lors des premières écoutes. Opaque, intense et obscur, "Neptune" ne se laisse pas facilement approcher et semble bien plus hermétique que son prédécesseur qui apparaissait comme un album plus organique et brutal dans son expression, particulièrement grâce à la performance impressionnante de son vocaliste. Sans point de repère chanté, Psygnosis étire des thèmes musicaux chers à son créateur, de longues boucles musicales tantôt très intenses, tantôt planantes ou mécaniques, comme un chef d’orchestre l'aurait fait lors de la nouvelle vague classique russe du début du XXe siècle.

Heureusement, le temps fait son effet et la persévérance fait que "Neptune" s’ouvre petit à petit à l’auditeur, cachant des trésors d’inspiration et d’inventivité. L’absence de chant, compliquant au début l’immersion, ne rend ensuite le voyage que plus personnel, permettant à chacun de s’imaginer une multitude de paysages musicaux, des plus sombres aux plus désespérés en passant par des touches éparses de bonheur fugace et d’espoir lumineux. Car Psygnosis y incorpore de la lumière, une indispensable perspective d’un monde meilleur malgré la noirceur de ce qui nous entoure.
Cette luminosité ressortira par le biais de nombreux passages en guitare claire ou acoustique, à la sensibilité exacerbée. Quant au violoncelle, il apporte la touche organique et chaude, palliant ainsi l’absence de vocaux par sa présence. Cependant, limiter sa simple utilisation à un palliatif serait une incurable erreur tant sa présence hante chaque recoin de l’album, parfois pour dicter la mélodie ("Psygnosis is Shit"), parfois pour apparaitre sous forme de complaintes quasi tragiques ("Boctok").
Psygnosis, c’est aussi un monde où les errances industrielles se mêlent à des plans au piano désarmant de beauté et de poésie. "Storm" offre ainsi une véritable leçon, à l’instar de "FIIIX" en son temps, par sa sensibilité et son instant de grâce qu’on ne souhaiterait jamais voir s’arrêter. Le violoncelle, progressivement, apporte un aspect charnel tout en rondeur tandis que l’électronique fait son entrée en piste. Pas encore un seul riff de guitare et pourtant Psygnosis se glisse déjà aux panthéons des très grands avec ce genre de compositions. Trouver des comparaisons avec d’autres artistes semble futiles tant ils sont uniques. Un premier riff arrive, lourd et écrasant, avant que ce ne soit un lead mélodique qui prenne le pas, avant de continuer sur un tapping qui n’a désormais plus rien de comparable à Gojira (puisque la comparaison était palpable sur le précédent opus). Psygnosis redevient alors la bête vicieuse et dominatrice que nous connaissons, agressant l’auditeur à coup de riffs syncopés, de rythmes alambiqués et de blasts beat destructeurs. Si un petit bémol devait être trouvé de ce côté-ci, il se situerait peut-être du côté des programmations de la batterie qui sont moins incisives et « réelles » que sur "Human Be[ing]".

Suite à ce "Storm", et si nous pouvions avoir quelques difficultés à entrer dans l’opus après deux premiers titres culminant à vingt minutes (pour les deux) et assez difficiles d’accès, ce n’est ensuite plus qu’un long voyage vers une certaine vision de l’infini et de l'introspection. "To Neptune" est une pure merveille de treize minutes semblant naitre sous nos oreilles, mouvante, vivante, bougeant constamment mais gardant un fil conducteur, comme un enfant qui grandirait patiemment jusqu’à devenir indépendant. On y trouve toute l’essence du projet. A savoir une boucle électronique se répétant et évoluant sans jamais être répétitive tel qu’un Clint Mansell pourrait le créer pour ses bandes originales de film. Chaque instrument arrive au fur et à mesure. La basse, très en avant dans le mix cette fois-ci, semble représenter les premiers pas de notre espèce sur une planète inconnue (Neptune ?). Lourde et pesante comme la gravité, elle sert de passerelle pour accueillir des premiers riffs sombres et méfiants avant notamment une première attaque brutale de la bête. Suite à cette agressivité, le climat s’apaise et se fait plus contemplatif, particulièrement via le retour de la boucle électronique initiale, revenant telle une capsule spatiale ayant longtemps dérivée avant de finalement être retrouvée. Le violoncelle semble porter un constat plein de sagesse par sa gravité, comme une leçon à tirer de ces découvertes avant de se lier aux autres instruments dans un final où tout se lie dans une véritable logique. Un grand moment de musique avant-gardiste.
La suite n’est pas en reste. "Müe" rappellera inévitablement Igorrr (avec qui Psygnosis a joué récemment à l’Opera du Rhin) par son étrangeté sonore et son expérimentation. Une ambiance glauque et glaciale se développe autour du violoncelle et d’une boite à rythme schizophrène. "Psamathée" est quant à lui l’un des instants les plus sauvages jamais proposé par le groupe et sa noirceur surprend lors des premières écoutes. Une véritable atmosphère apocalyptique se dégage de ce titre où la rapidité de l’instrumentation metal se fracasse à un violoncelle plaintif et quasi divin, comme annonciateur des plaies terrestres et de la destruction terrestre. Suffocant au possible, les passages plus calmes sont d’une lourdeur pachydermique et étouffe littéralement, nous ramenant inexorablement à une sensation de malaise et de repli intérieur. La citation (il n’y en a que trois sur l’ensemble du disque) noircie encore le tableau dans son propos et l’ambiance qu’il dégage.

La fin du monde et puis ?
Psygnosis a voulu terminer son voyage sur un périple spirituel avec l’enchainement de "Sünyata" et "Nirvana", les deux étapes menant à l’accomplissement intérieur ultime, celui où chacun se libère de tout esprit matériel, de toutes velléités personnelles et ne fait plus qu’un avec son être et son esprit, sans pollution spirituelle.
"Sünyata", pendant dix minutes, passe par de nombreuses étapes. On y retrouve la face étrange et pensive, ponctuée de boites à rythmes difformes, d’un violoncelle songeur et de lignes de basses aussi rassurantes qu’oppressantes, à l’instar d’une lumière dans les ténèbres, parfois signe de réconfort mais parfois plus effrayante par sa nature inconnue que le noir complet. Puis la montée en puissance inexorable vers les cieux, dans la violence que l’on s’inflige psychologiquement pour se délester de toutes nos craintes et nos conventions. Plus indus que jamais, l’ambiance est ponctuée de saccades et riffs trafiqués pour rendre l’ensemble malsain et dérangeant. Enfin le nirvana, l’absolu, l’accomplissement…le but ultime. Tout est derrière nous. Tout était futile. Notre existence. Nos peurs. Nos tracas. Nos questionnements. Tout ceci était bien peu face à ça, puisque nous ne faisons désormais plus qu’un avec le monde, embrasant nos croyances intimes. Contemplative, la musique est à cette image. En suspens mais tellement mouvante. Chacun y verra ses propres images, son propre eden et son propre enfer. L’interprétation y sera maximale puisque Psygnosis ne fait qu’ouvrir une porte à travers laquelle nous n’osions regarder. Une porte qui se referme brutalement, de façon nette et tranchée. Ainsi, il n’y a pas d’autres solutions que de refaire le voyage une fois de plus pour ressentir les émotions, peut-être différentes car tellement dépendante de notre imprégnation du moment, de notre focalisation sur la musique et notre faculté à lâcher prise afin de se laisser prendre corps et âme dans la partition créée par Psygnosis. Et quelle partition …

9 Commentaires

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David_Bordg - 30 Mai 2017: UNEVEN STRUCTURE également!
Molick - 01 Juin 2017: @Eternalis
Oui c'est vrai qu'il y a eu une mode du metal moderne en France. Comme pour le néo avec tous les groupes de la team nowhere. Mais rien ne différenciait les groupes français des groupes étrangers du même style. Donc je vois vraiment pas pourquoi piefalo trouve ça spécialement "français" (surtout que les concept albums compliqués, bah ça fait des décennies que ça existe, et ni Ayreon ni Queensryche ne sont français).
Groaw - 02 Juin 2017: Merci beaucoup pour la chronique.

Première écoute de l'album, je dois avoué être un peu déboussolé mais y'a énormément d'idées très intéressantes. Ce que je trouve malheureusement dommage, c'est cette batterie (sûrement de la programmation) qui est un peu insupportable à la longue (le bruit, la rapidité, les deux peut-être sont la/les causes principale/s).

Avec un batteur de plus, cet album pourrait être encore meilleur ^^
mKekchoz - 26 Juin 2017: @ pielafo : Et pourtant ce n'est pas ce qu'on essai de faire avec Psygnosis. J'essai de faire simplement la musique que j'aime sans justement me "prendre la tête" à trouver un concept intello-branlette. C'est peut-être juste mon envie de ne pas faire un truc qui existe déjà, j'essai de faire un truc simple et accrocheur sans pour autant faire dans la redite.
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