Mercury

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18/20
Nom du groupe Psygnosis
Nom de l'album Mercury
Type Album
Date de parution 15 Septembre 2023
Style MusicalMetal Expérimental
Membres possèdant cet album6

Tracklist

1.
 Öpik-Oort
 12:33
2.
 Eclipse
 10:38
3.
 Sunshine
 8:57
4.
 Caloris Basin
 8:43
5.
 Uranometria
 15:27

Durée totale : 56:18

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Psygnosis


Chronique @ Eternalis

04 Octobre 2023

"Mercury'" se révèle rapidement bien plus digeste et lisible que son prédécesseur [...] un des albums de l'année !

“Il y a peu de différences entre un homme et un autre, mais c’est cette différence qui est tout”
William James

Cette différence, Psygnosis, et Rémi Vanhove, la cultive depuis ses débuts. Cette volonté, ce besoin, de créer son propre univers sans pour autant sombrer dans la prétention ou l’obsession ostentatoire de souhaiter révolutionner la musique.
D’une musique initialement très industrielle, construite autour de citations de cinéma cultes, le genre a d’abord muté vers un metal plus moderne et violent ("Human Be[ing]", bien que ponctués de nombreux éléments électroniques et mécaniques) puis, se séparant de l’emphase vocale, vers un art plus cinématographique et propre au voyage.

Dénué de chant, mais avec une part plus importante au violoncelle introduit dans "AAliens" avec l’arrivée définitive de Raphaël Verguin dans le groupe, "Neptune" avait surpris. Interrogé. Surtout, il avait été une œuvre difficile à cerner, à apprivoiser, du haut de ses 76 minutes.
Cinq ans et demi plus tard, une pandémie et un line up largement remanié (départ de Jérémy Tissier à la basse, intégration de Elise Masliah à la guitare et surtout d’un véritable batteur avec Thomas Crémier), le quatrième opus de Psygnosis est là, désormais épaulé par Season of Mist. Il s’appelle "Mercury".
Toujours instrumental, la tracklist en revanche s’écourte radicalement pour ne proposer “que” cinq titres, allant de 8min43 pour le plus court à 15min23 pour le plus long. Autant dire que la créativité et les longues épopées n’ont pas été sacrifiées sur l’autel de l’accessibilité.
Si la première chose que l’on remarque est ce sublime artwork rougeoyant, la seconde, avant même de parler musique, est l’écrasante production dont dispose "Mercury". Là où pouvait légitimement penser que l’unique (mais problématique) carence de "Neptune" était ce son parfois étouffé et manquant de la densité nécessaire (dont disposait "Human Be[ing]" d’ailleurs) pour laisser exploser la musique de l’esprit créatif de son géniteur, la perfection sonore de "Mercury" laisse pantois. Forgé par la main de Thomas Crémier, fondateur du Soundblast Studio, jamais Psygnosis n’avait à ce jour bénéficié d’une telle production, d’une telle ampleur, autant dans la densité des arrangements que dans l’épaisseur brutale des guitares et d’une désormais véritable batterie qui confère un côté beaucoup plus massif à l’ensemble.

Curieusement, et malgré des compositions qui auraient pu sembler difficiles à cerner par leurs longueurs, "Mercury'" se révèle rapidement bien plus digeste et lisible que son prédécesseur. Les titres se différencient très facilement les uns des autres, formant de réelles ruptures musicales tout en formant un ensemble cohérent, un cheminement logique jusqu’à au phénoménal "Uranometria".
"Öpik Oort" s’ouvre directement sur un blast beat et les tempos les plus élevés que nous pouvions retrouver sur Neptune, avec un violoncelle très en avant et surtout cette volonté de créer une atmosphère à la fois étouffante et très aérée. Psygnosis étant le théâtre de multiples paradoxes, il se dégage effectivement de ce premier titre une sensation d’être propulsé très loin dans l’espace tout en ressentant une curieuse proximité, une humanité diffuse, particulièrement dans les passages plus calmes et atmosphériques qui véhiculent autant de solitude qu’une accroche nécessaire à des sensations humaines. Techniquement, on ne peut que ressentir également une montée en puissance de ce côté là, autant dans la précision des riffs que des instants en apesanteur, d’ailleurs encore mieux propulsé par l’intelligence d’un réel batteur (le pattern de caisse clair à 5min40 en est le meilleur exemple). Chaque titre pourrait faire l’objet d’une mini chronique à lui-seul tant ils sont riches et regorgent d’instants forts, d’émotions, surprenant et emmenant l’auditeur exactement là où le quatuor le souhaite.

On pourra évoquer "Eclipse", plus proche des premiers travaux de Psygnosis par son aspect ambiant et le retour de nombreuses sonorités électroniques, toujours très inspirées des bandes-son de cinéma mais avec l’apport non négligeable d’un violoncelle empli de tristesse. Le titre monte très lentement en puissance, tournoie comme un ballet pour devenir presque frénétique. Le final s’avère d’une lourdeur peu commune, laissant surgir des riffs djent saccadés et hurlant près à lacérer littéralement l’auditeur. Puis le calme. Le silence avant une sublime citation (dont je ne connais pas l’auditeur) sur la bêtise mais surtout, à l’instar de ce qu’est Psygnosis au fond de lui, la recherche constante de se dépasser, d’aller plus loin, de créer, de chercher sans sombrer dans la paresse créative ou intellectuelle.
"Sunshine" et "Caloris Basin" seront deux entités jumelles et miroirs. La première étant le moment le plus atmosphérique et en apesanteur de l’opus pendant que le second se veut probablement la composition la plus directe et abrupte de "Mercury". Elle sera aussi l’occasion d’un superbe solo d’Elise (élément rare chez le combo), plein de feeling et apportant un évident grain de mélodie dans un morceau très rythmique et syncopé.
Quant à "Uranometria", que dire si ce n’est que nous tenons là peut-être l’un des titres les plus aboutis de la carrière du groupe ? Une ouverture narrative intrigante, un premier riff obsédant, une mélodie synthétique ramenant à "FIIIX", une lente montée en température pour nous voir offrir probablement le riff le plus violent que Rémi n’ait jamais composé. Le titre sombre en quelques instants dans un tourbillon death metal des plus radicaux, emporté par l’emphase d’un violoncelle complètement fou, évoquant allègrement les délires d’une âme en plein tourment face à ce voyage spatial virant au chaos. Le final n’est qu’un long épitaphe épique, comme si Meshuggah se parait d’étoiles pour une émotion décuplée.

"Mercury" gomme totalement les quelques manques dont Neptune pouvait être victime, à commencer par une production parfois approximative. Il vient également clôturer définitivement le débat sur l’absence de chant, tant celui-ci ne fait à aucun moment défaut, que ce soit par la présence plus charnelle et organique du violoncelle ou simplement l’intelligence de composition qui appelle véritablement à l’imagerie, à l’instar d’une BO de film. Plus que jamais, Psygnosis est un OVNI, architecte d’un dédale sonore dont lui-seul connaît les plans et la sortie. Labyrinthe dont il est néanmoins conseillé de se perdre sans modération … un des albums de l’année !

1 Commentaire

3 J'aime

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Molick - 04 Octobre 2023:

En train de l'écouter à l'instant. C'est clair que la production n'a rien à voir avec Neptune, et pour le mieux.

Sinon dans la continuité du précédent, peut-être un peu trop, et pour chipoter je trouve leur parties les plus violentes bien moins intéressantes que les parties plus calmes. J'aime beaucoup leurs longues montées, mais quand le climax de violence est atteint et dure un peu trop je trouve ça un peu chiant (c'est tout de même moins le cas que sur Neptune, la production étant plus aérée). Pour moi ils devraient moins s'attarder sur ces parties, c'est clairement pas leur point fort. Et je suis pas fan des samples de voix, leur musique se suffit à elle-même et ça me sort de l'ambiance du disque.

Mais globalement ça reste du très bon, un bon 16 pour moi (le manque de nouveautés par rapport au précédent et les parties violentes peu inspirées m'enpêchent de mettre plus).

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