Phototroph

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15/20
Nom du groupe Moon Tooth
Nom de l'album Phototroph
Type Album
Date de parution 13 Mai 2022
Style MusicalMetal Progressif
Membres possèdant cet album2

Tracklist

1.
 I Revere
 04:23
2.
 Back Burner
 03:52
3.
 Deathwish Blues
 03:30
4.
 The I That Never Dies
 03:00
5.
 Alpha Howl
 03:54
6.
 O My Isle
 04:26
7.
 The Conduit
 03:21
8.
 Nymphaeaceae
 04:07
9.
 Grip on the Ridge
 03:56
10.
 Carry Me Home
 03:45
11.
 Phototroph
 04:04

Durée totale : 42:18

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Moon Tooth


Chronique @ JeanEdernDesecrator

20 Juin 2022

Un festival de la note en chaleur

Si le metal vient du rock, et le rock vient du blues, on oublie parfois que finalement la parenté du blues avec le metal ne s'étend pas qu'à quelques licks et tics de solo qui ont survécu tels des fossiles dans les strates de notre style préféré. Depuis 2012, Moon Tooth s'est fait la spécialité d'incorporer une grosse louche de la musique de John Lee Hooker et consorts dans du gros chug à la Pantera, le tout avec des structures changeantes et alambiquées typiques du prog. Après leur labyrinthique premier essai "Chromaparangon" en 2016, leur deuxième album "Crux" sorti en 2019 a extrait la quintessence de leur musique et réussi une alchimie rare. Tellement que je craignais fort que par la suite ils fassent forcément moins bien. Quand on est un fanboy, la pire chose qui soit est la déception…

Mais les gars de Moon Tooth ne se sont pas posé ce genre de questions : vu la créativité de chacun de ses membres, la suite est semble-t-il venue d'elle-même. L'écriture des chansons de ce troisième album a commencé tôt, avant la sortie de "Crux" et pendant les confinements, en allant dans une direction plus optimiste. Le choix du titre de l'album "Phototroph" est éloquent à cet égard, comme une plante s'élève vers la lumière pour grandir. L'artwork de Caroline Harrison (Ken Mode, Sunn O))) illustre très littéralement le concept, avec une palette de couleurs qui me rappelle la pochette de "The Seeds If Love" de Tears for Fears et l'esprit de la fin des sixties.
Une fois n'est pas coutume, ces adeptes du Do It Yourself ont un délégué une partie des tâches. Toute la musique a été mise en boite dans le studio du batteur Ray Marte, mais John Carbone est allé en Californie enregistrer ses parties vocales avec Josh Wilbur (Korn, Lamb Of God,...), qui a mixé et masterisé l'album.

Après la pandémie, le groupe a essayé de faire des concerts à la moindre occasion, avec en 2022 une tournée de six semaines aux USA, moitié en tête d'affiche, moitié en support de Dance Gavin Dance. "Phototroph" est sorti le 13 mai 2022 sure le label Pure Noise Records.


La musique de Moon Tooth est un mélange complexe de choses antinomiques : compactées dans un kaléidoscope musical. On ne voit pas le temps passer, d'autant plus que les américains essaient constamment de surprendre et de déstabiliser l'auditeur. Même après plusieurs écoutes, les breaks prennent encore au dépourvu, alors qu'on sait qu'ils vont arriver.
Ce nouvel album est, conformément à leur intentions, entrainant, catchy, plus direct sur certains titres ("Carry Me Home", "The Conduit"), en gardant ce mélange de metal groovy plongeant ses racines dans le passé, avec des accents bluesy. Les quatre ne se départissent pas d'un optimisme forcené qui les caractérise, avec des titres enlevés, voire primesautiers, qui apportent un peu de lumière dans ce monde de brutes. L'énergie est omniprésente, et des titres comme "Alpha Howl" ou "Nymphaeaceae" font de jouissives montagnes russes, alternant des riffs heavy et brutaux avec des passages à la musicalité touchante. Quant à "Deathwish Blues", il vous rentre dedans avec un riff énervé que n'aurait pas dénié slash de l'époque "Appetite for Destruction".
Les éléments bluesy sont parfois simplement dans les enchaînements d'accords, mais aussi dans l'essence même du morceau, comme l'ode aux trois temps de "Back Burner", dont le balancement de valse des colts au far west, rappelle les classiques du genre, mais aussi le morceau "Raise a Light (epilogue)" sur leur album précédent. On vole jusqu'à des arpèges rêveurs entre lesquels coulent des rivières psychédéliques ("Grip on the Ridge"), déchirées par l'éruption d'un solo de Nick Lee. Les mélanges de styles sont audacieux et maîtrisés, comme celui de classic rock et de heavy en accords majeurs de "Phototroph" qui avance en hochant la tête dans un galop final.
Les prises de risques ne vont pas que dans le sens de la virtuosité, comme sur "The Conduit" inhabituellement simple par rapport aux standards du combo, avec un son moderne presque musesque, et un son de guitare à la fuzz Lo-Fi qui chagrine un peu, quand on connait les choix et réglages toujours méticuleux de Nick Lee quant à ses tones. La production de Josh Wilbur est arrivée à trouver l'équilibre entre une énergie sur le point de faire bouffir la saturation et les nuances définissant les textures sonores.

Les quatre musiciens n'ont rien perdu de leur dextérité, et ils le prouvent dès le début de "I Revere", qui enchaîne les riffs tordus avec un groove contemplatif. En effet, un album de Moon Tooth, c'est avant tout un festival de la note en chaleur, avec le phénomène Nick Lee, dont le jeu de guitare brille par une inventivité de chaque instant, alliant explosivité et sens de la nuance. Si Nick est toujours aussi virevoltant sur sa six cordes multicolore, dans les riffs comme dans les soli, il met en valeur sur cet album son amour des arpèges, comme celui somptueux de "The I That Never Dies", ou celui presque moyenageux de "O my Isle". Les parties de guitare flirtent cependant moins avec l'injouable que sur leur premier album "Chromaparangon" ; on note une relative simplification de son jeu pour le rendre plus lisible.
Le chant de John Carbone est clair la plupart du temps bien qu'il lui mette une bonne couche de grit dès que la pression monte. Il est plus que jamais très très à l'aise dans les notes aigües, avec un grain de voix immédiatement reconnaissable, plus proche de la pop rock que du metal. Ses prouesses sont impressionnantes, et il apprivoise sa boulimie vocale en se canalisant, sachant la jouer sobre quand il le faut, mettre de l'emphase ou du lyrisme, et partir dans tous les sens dans certains moments d'acmé.
Le jeu explosif du batteur Ray Marte apporte des changements de direction soudains, bien qu'il se soit un peu calmé depuis le premier album. Aussi, le fait qu'il ne se soit pas occupé du mixage cette fois-ci fait que la batterie est un chouille moins en avant, et mieux incorporée dans le tableau général. La basse de Vincent Romanelli est malheureusement un peu planquée derrière la guitare expansive de Nick, on peut cependant apprécier la richesse son jeu dès qu'on tend l'oreille.

Autant leur deuxième LP "Crux" m'avait pour ainsi dire sauté dessus de manière animale dès sa découverte, autant celui ci m'a demandé un temps de digestion conséquent. Il m'a fallu aller l'explorer et accepter de repasser encore et encore sur ses pistes, comme dans une jungle aux chemins inextricables. Son optimisme, paradoxalement, provoque un petit temps d'incrédulité dans la noirceur l'époque à laquelle on vit, mais il rend cet opus d'autant plus attachant. Et que dire de ces moments de grâce, comme la fin touchante de "I Revere", que je n'arrive à trouver que dans la connivence mélodique qui lie Moon Tooth. Reste que j'aimerais bien que le combo se décide enfin à traverser l'Atlantique, pour enfin, … enfin voir cette pépite en concert.



1 Commentaire

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Madness77 - 05 Janvier 2023:

Merci pour la chronique cela m'a donné envie de découvrir ce groupe de talent. A vrai dire la première écoute est déconcertante et ensuite on finit par adorer pour peu qu'on soit ouvert d'esprit et qu'on prenne le temps d'écouter l'album plusieurs fois avant d'avoir un avis définitif .

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