Les concepts aussi primordiaux que la créativité artistique, l’imagination, l’inspiration, la recherche initiatique sur le chemin, ô combien essentielle, de sa propre identité musicale peuvent paraître n’être rien d’autre que des points de vue subjectifs et anecdotiques de polémistes patentés. Ces esprits torturés alourdissent leurs consciences de contraintes pesantes face à des œuvres qui finissent par n’être jamais assez originales, jamais assez novatrices, jamais assez innovantes, et finalement jamais assez. Sans tomber dans cette immonde démesure étriquée d’où le plaisir ne jaillit plus que très rarement, on peut tout de même se dire qu’un artiste se doit d’avoir absolument un minimum d’idées créatives qui lui sont propres. Cette évidente évidence n’en est pourtant pas toujours une, et certains musiciens considèrent, souvent de manière inconsciente, que l’art mineur qui est le leur ne nécessite aucune autre aptitude, aucune autre intention, aucune autre pensée que celle que d’autres n’ont pas déjà manifestés avant.
Dreamtale en est un exemple des plus frappants. Il tente de s’imposer sur une scène
Power Metal Mélodique où la concurrence est des plus féroces. Rien que dans son propre pays, la Finlande, elle a consacré certains des plus doués dans le genre (
Stratovarius,
Sonata Arctica…), et dans le reste du monde d’autres non moins redoutables (
Helloween,
Gamma Ray,
Rhapsody Of Fire…). S’extraire de cette immonde masse boueuse nauséabonde d’un genre aux canons, aux références, et aux libertés, il faut bien le reconnaitre, si restreintes que quasiment plus rien ne semble capable de pouvoir en repousser les limites étriquées, est un véritable défi insurmontable. D’autant plus si les quelques concepts énoncés en préambule vous sont totalement étrangers. Il apparait alors évident que le minimum acceptable est d’offrir, au moins, la parfaite maîtrise d’un sujet tant ressassé par d’autres. Or
Dreamtale n’a pas le talent suffisant pour être autre chose que le sous-produit fade des groupes cités plus haut. Dès lors et dès l’entame de ce
Phoenix, un
Lady Dragon nous torturent l’esprit avec les supplices atroces de rythmes effrénés, dans les souffrances affligeantes de synthés insipides, dans les afflictions désolantes de riffs ordinaires presque inaudible, dans les douleurs déplorables de chants convenues, dans les maux navrants de mélodies ennuyeuses, où l’on reconnais sans peine l’influence de tous ceux qui ont déjà, avec talent, explorés le genre. Le calvaire atroce continue de blesser nos chairs avec les véloces
Eyes Of The
Clown, The
Vigilante ou encore Firebird dont la simple évocation jette mon âme dans les affres sombres d’un ennui des plus mortels. Et la géhenne continue de nous tendre les bras dans un abyme épuisant où chaque morceau mid-tempos enfonce encore dans nos plaies déjà meurtris la lame aiguisée de l’accablement (
Payback, Great Shadows…). L’ultime souffle d’intérêt est exhalé de nos corps mutilés lorsque s’enfonce plus profondément encore la lame d’un Fail States, immonde mélange de
Power et de musique éléctro-techno affreuse.
Il est à noter que la production de cet opus lui offre un son très inégal où parfois les guitares sous-mixées sont quasiment imperceptible derrière des claviers omniprésents (
Lady Dragon,
Take What the Heavens Create…), c’est d’autant plus étonnant que derrière les mannettes de la console de mixage on retrouve rien moins que le grand Timmo Tolkki, qui semble-t-il devait être bien plus soucieux de résoudre ces propres tourments que de faire un travail digne de ce nom sur ce
Phoenix.
Portant atteinte à la crédibilité d’un genre tout entier, une œuvre aussi caricaturalement fastidieuse n’est rien d’autre qu’un travail honteux dont aucun musicien ne peut dignement s’enorgueillir sans que ça ne remettes profondément en cause sa sincérité, son intégrité.
Vous devez être membre pour pouvoir ajouter un commentaire