Groupe Danois venu du fond des âges (comprendre 1982),
Artillery n'a jamais bénéficié d'une notoriété manifeste, du moins au pays de Louis de Funès. Malgré 3 vies successives, les Danois sont, à chaque fois, restés à côté d'une popularité qui aurait pu être toute autre. D'abord de 1985 à 1990, avec trois albums, mésestimés, mais toujours "pas assez quelque chose" à l'heure du règne du thrashmetal. On retiendra le post-
Metallica (période ...
And justice For All)
By Inheritance, alambiqué mais intéressant de cette période. Puis, en 1999, un peu avant le retour de
Destruction et le début du revival thrash, avec le bien nommé
B.A.C.K., passé assez inaperçu. Et enfin, depuis 2009, dont le très bon "
When Death Comes", aurait dû conduire
Artillery vers un succession de disques réussis. Hélas, les plus quelconques
Legions ou
My Blood n'ont pas enfoncé le clou.
Toujours menés par les frangins Stützer, la cinquantaine bien tassée,
Artillery sort en 2016 son quatrième disque studio post reformation. En vieux briscards de la scène, ils ont su s'entourer avec en invités des ex-
Mercyful Fate (la paire Shermann et Denner, en préparation d'un nouveau disque après leur EP sorti récemment) et Morten Sandanger de
Pretty Maids.
Pas des manches donc. Comme les musiciens d'
Artillery sont loin d'êtres des truffes non plus, on assiste tout au long de ces onze titres, à un thrash metal plutôt léché ("
Live By The
Scythe", voir ci-dessous), pas dénué d'agressivité contenue, et faisant la part belle aux parties de guitares ainsi qu'à l'organe vocal de Michaël Bastholm Dahl. Celui-ci, avec sa voix haut perchée, fait un peu penser au travail de Leo Szpigiel sur le Lurking Fear des techno-thrashers de
Mekong Delta. On aime ou pas. Il est indéniable que les vocalises de Michaël amènent une musicalité qui pourra plaire aux fans de power-metal, voire de heavy ("
Mercy of Ignorance", "
Path Of An
Atheist") tout court qui ne seraient pas réfractaires à une petite dose d'arpèges de tradition ou d'accélérations propre au style.
Plus branché thrash américain qu'européen,
Artillery renvoie à l'ombre de
Testament qui rôde parfois dans les arrangements, et n'a guère à rougir face à un Defiance, par exemple, tout en restant parfaitement digeste.
L'album ne souffre d'aucun temps mort (la ballade When the Magic Is Gone" mise à part), et nous tenons là un disque assurément de qualité, sans toutefois surclasser
When Death Comes, faute à une homogénéité très présente. Entraînant ("Rites Of
War"), musicalement irréprochable, bien écrit, et doté d'une bonne production (ce qui fit souvent du tort aux premiers disques),
Penalty by Perception sait y faire avec ses arrangements subtils ("
Sin Of Innocence"), et l'influence des congénères Shermann et Denner n'est peut-être pas étrangère à cet accent mis sur les riffs de guitares et une foison de soli qui portent littéralement les compositions.
Malgré tout, le ton un peu monochrome du disque empêche d'être complètement convaincu par cette nouvelle livraison.
Pas que les chansons soient mauvaises, loin de là, mais les moments forts ("Cosmic Brain" et le final "Welcome To The Mindfactory") ne sont pas forcément bien au-dessus des autres titres, et finalement, on ressort de la multiplicité d'écoutes plutôt séduit, mais pas entièrement emballé par ce thrash mélodique bien léché et plutôt classieux. Et, comme les morceaux sont construits sur un tempo assez similaire, on se dit qu'
Artillery aurait gagné à varier son propos pour gagner en efficacité. Peut-être pas assez agressif pour le thrasher pur et dur (assez proche d'un
Testament mélodique, donc), et sans doute trop traditionnel pour les fans de
Iced Earth ou
Evergrey. La peur de faire une faute de goût ? Avec plus de trente ans d'existence, et même entrecoupés de longues pauses,
Artillery à l'image du titre de son live de 2009, a un pied dans son style de prédilection, mais n'y saute plus forcément à pieds joints, malgré un savoir-faire indéniable.
J'ai refais une tentative avec cet album, mais je n'y arrive décidement pas. Je trouve le chant presque insupportable. Du coup j'ai stoppé l'album avant la fin, ce qui m'arrive pour ainsi dire jamais.
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