Que pouvait attendre le vieux
Sargeist, éternellement en quête de son
Graal Thrash Métallique, à écumer les bacs jusqu'à plus soif, de
Artillery, et précisément de ce troisième album, "
By Inheritance", agrémentée de plus d'une pochette assez laide? Pour moi, par préjugé, le groupe Danois devait certainement être un de ces nombreux groupes des années 80 de troisième division à la
Razor ou à la
Living Death, pas très fin et en fin de compte, pas très marquants.
Mais bon, on se dit que c'était signé chez Roadrunner, qui à l'époque a signé d'excellents groupes (inutile d'en faire le listing). Alors, pourquoi pas celui ci? Essayons, un peu blasé après tant de daubes et d'espoirs décus...
Et bien, c'est le gros bingo. Cet album est ce qu'on peut appeler un masterpiece. Sorti en cette sacrée année 1990 ou sortit "Seasons In
The Abyss" et "
Rust In Peace" (
Slayer,
Megadeth), et année ou le Death
Metal explosait à la face du monde, on se dit que ces facteurs ont sûrement contribué à faire de l'ombre à ce joyau. Pour moi, il n'y a pas d'autre explication. Si, une certaine saturation aussi...
Bah bon, la musique maintenant. D'après certains échos,
Artillery a considérablement adouci son Thrash par rapport au précédent "
Terror Squad" en y incorporant moult éléments Heavy. Alors, une sorte de grosse trahison à la "Black Album"? Que nenni,
Artillery sait faire cohabiter ces différentes tendances en les harmonisant avec un talent indéniable.
Tout y passe ici, riffs thrash hyper speed doté d'une précision quasi Annihilatoresque (fallait le sortir ce mot hein...), harmoniques bandantes à la twin guitar évoquant de loin Maiden mais en plus musclé, solis d'une précision chirurgicale pourtant facilement mémorisables au bout de quelques écoutes...
Vous voulez le menu? A un niveau purement musical, oui c'est copieux. Après une intro courte, arabisante et finement jouée, déboule ce que je considère comme un des meilleures morceaux du genre: "
Khomaniac"!. Ce titre à tout, refrain excellent, structure à tomber, soli parfait, break mortel avec choeurs typiques, harmonique à s'en chier dessus. A noter que les paroles parlent du régime de l'Ayatollah Iranien, pas en bien. N'y a il que les Danois qui aient les couilles de faire ce genre de trucs?(rappelez vous de l'affaire des caricatures début 2006).
Et ce n'est que le début. Je préfère déjà le rappeler, ces guitaristes sont tout simplement monstrueux (mais qui sont ils au fait?), de précision, de dextérité, d'inspiration. Les duels de soli sont d'un niveau atteint uniquement chez les plus grands du genre. Et ca en regorge. A part ca, vous voulez du putain de riffs Thrash? "
Beneath The Clay" est là pour vous satisfaire, et surtout "
By Inheritance', morceau superbement structuré à tiroirs doté d'un de ces riff "cavalcade" avec lequel je me briserais la main droite si je m'y essayais.
Que du bourrinage donc ce "
By Inheritance"? Non,
Artillery nous montre un facette un peu plus mélodique avec "Bombfood", son couplet doux acoustique et cette harmonique belle à pleurer qui touche au coeur. Ce coeur justement, le coeur du morceau, qui repart de plus belle dans une Thrasherie folle. On ne se refait pas hein? Et puis on allait pas faire un "
Nothing Else Matters"... un de mes morceaux préférés. C'est un peu pareil avec "Don't Believe". Là, la côté acoustique et mélodique est encore plus appuyé, contrastant encore plus avec le break dévastateur et LE riff de l'album à 2 mn 55 qui ne peut laisser vos cervicales indifférentes.
On enchaine avec un "
Life In Bondage", plus rapide, et peut être un peu plus cru dans l'esprit, avec un joli refrain doté de choeurs virils.
Pas d'inquiétude, tout celà reste parfaitement étudié. Une débauche de violence manière old school. Puis vient "Equal At First", encore un riff à pleurer sa mère (40 secondes, après le "uh"), chanson construite de manière plus classique, mais ultra efficace. Encore un de mes moments préférés.
Un titre dénote sur l'album, "Razamanaz", chanson Rock et enjouée (une reprise?) qui amène un peu d'air à cette débauche Thrashistique. Le superbe objet se termine par "Back
In the Thrash" et son approche à la limite du progressif, moins mémorisable, qui est une suite à peu près conceptuelle de
Artillery, chaque album du groupe contenant un titre avec le mot "T(h)rash". Belle fin subtile.
Un élément peut être rebutant pour certains, la voix du chanteur, assez perchée, un croisement entre Rob
Halford (
Metal God) et Paul Baloff (
Exodus, R.I.P.) pour le côté un peu bourru, avec une pointe de Blitz (OverKill). Bah c'est l'époque qui voulait cà, moi j'adore. Les refrains ne vous lâcheront plus quoi qu'il en soit, vraiment travaillés, souvent un petit point faible des groupes Thrash.
Côté production, rien à dire, hormis comme pour beaucoup d'albums de l'époque, une batterie un peu faiblarde et des guitares peu puissantes. Enfin c'est relatif, c'est certainement parce qu'on est habitué aujourd'hui à ces grosses distorsions. En vérité, pour le style et l'époque, c'est parfait encore.
Comment finir? Sûrement une de mes plus grande révélations Thrash (ou Heavy/Thrash) de ces dernières années.Il faut que ce soit un vieil album tiens, ca veut dire pas mal de choses. Et dire que le Thrash était censé être fini en 1990, hin hin. Voir les albums de
Vio-lence,
Forbidden et
Dark Angel sorti à cette époque, pas mal pour un style au bout du rouleau.
Une bombe de perfection, un disque inépuisable, à écouter sans modération.
17/20 (et sûrement plus avec le temps et les écoutes)
A noter que MetalMind, la célèbre boite polonaise spécialisée dans les DVD de groupes
Metal, a racheté le vieux catalogue Roadrunner, et a sorti les 4 albums d'
Artillery dans un luxueux coffret, fort bien documenté et agrémenté de bonus. Ne vous privez pas, c'est du tout bon!
Album rentré suite à sa réedition...thrash influencé par 1 Metallica / Death Angel / Annilhiliator, ETC...
Sans être révolutionnaire, 1 bel album de thrash matiné de heavy bien ficelé !
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