Parmi tous les bataillons dont notre armée a disposé au cours des siècles, certains se sont vu attribuer des natures et des rôles bien spécifiques. Celui qui nous intéresse ici est un effectif réduit officiant dans un registre musical bien précis mais toutefois personnel et hors des normes. Formé autour de
Blizzard Cillag au chant et
Altar (
Arkhon Infaustus,
Ad Hominem) à la batterie, puis rejoint par Celtill (claviers), Dracir (guitare) et Shorkan (Basse) le quintet Lyonnais s'affiche pour la première fois sous la bannière "
Crystalium" en 1996. Leur première offensive remonte à la fin de l'année 1997 avec l'enregistrement de leur première démo : "Whirlwinds of
Fire We Ride", une autoproduction très peu connu du public, mais qui motive suffisamment la troupe pour qu'elle continue sur sa lancée et sous le nom de leur propre label ORH Productions. C'est ainsi qu'ils investissent le A.S. Studio durant le courant de l'hiver 1998 afin de faire voir le jour à leur premier Full-Lenght dans des conditions professionnelles. "Par le Sang, le Feu et le Fer - Baise de la
Charogne à l'Ange" peut alors être considéré comme le premier véritable méfait du groupe, disposant à la base d'une distribution réduite avant d'être recueilli par le bastion français Adipocere ce qui leur promet des jours meilleurs en terme de lobbying notamment les années suivantes grâce à leur signature avec sa sous division Oaken Shield.
Lors des premières écoutes, cet album a tendance à dérouter quelque peu l'auditeur. Si la musique du groupe n'est pas d'une complexité poussée outre-mesure et que les éléments présents ne révolutionnent en rien le genre dans lequel ils évoluent, chacune des pistes distille néanmoins une atmosphère propre à
Crystalium à travers un schéma de composition qui rebutera ceux ne jurant que par le Black
Metal basique. Comme le premier vrai titre "
Pure" se chargera bien vite de le démontrer par son départ détonant et sans concessions sous la salve de blast d'
Altar servant de couverture au riffing rapide et tranchant de Dracir avant de lâcher un break aérien délivrer par les claviers, les morceaux misent sur une certaine évolution et demandent de l'attention afin d'être compris. En effet, si au premier abord l'association entre la guitare et les claviers dégage quelque chose d'aérien, la vitesse du riffing et du jeu de futs d'
Altar ainsi que le fait qu'il n'y ait pas ou peu de moments de répit engendrera une sensation hypnotique et oppressante à travers les compositions, toutes très différentiables les unes des autres, mais avec un rôle et des sensations développées communes. La brutalité et l'oppression à travers une légèreté sous-jacente.
Une des particularités de cette première sortie reste la très grande présence des claviers. En effet, le nanti, suite à une écoute en diagonale de la chose classera cela vite fait dans la catégorie Black
Metal symphonique et ne cherchera pas plus loin si ça ne lui a pas plus. Pourtant ce serait très réducteur (et faux), car si pour d'autres formations peu ambitieuses officiant dans le genre sus-cité les claviers supportent entièrement les autres instruments sans plus d'efficacité ou d'utilité, ici leur rôle est autre. Dégageant tantôt un côté atmosphérique ("
Svartalfar - under the blazon of the european fire") toujours avec l'appui du riffing intense et grâce à leur présence plus en retrait et des sonorités plus éthérées ou élevant tantôt l'aspect fatidique et militaire du superbe final "We're
Flying to an
Imperial Ocean of Tyrannic
Legions - Principe Immense de l'Être" ils ne sont pas là simplement en tant que quatrième instrument mais bel et bien comme un élément de composition à part entière. Parfois élément déclencheur ou perturbateur, parfois support à l'ambiance ("Par le Sang de la Maudite Majesté..." où cela est presque du domaine religieux) ou développant la furie d'un certain break, leur utilisation bien que dérangeante aux yeux même du groupe des années plus tard demeure une pierre angulaire de l'album et reste intéressante au demeurant.
Si le bâclage n'est pas de mise et que la pâte du groupe prend dès cette première œuvre une certaine ampleur, les Lyonnais n'ont pas pour autant oublié de nous offrir quelques perles au sein des autres compositions déjà de qualité. Impossible de ne pas parler de "Battalions of The Great
Monarch...", véritable appel aux armes épique et très prenant où le changement de rythme et les différents breaks sont simplement jouissifs : l'artillerie d'
Altar à l'honneur, la basse bien grondante, le chant de Cillag posé parfaitement et le combo claviers/guitare au sommet de son art, une perle. Et si ça ne vous suffit pas alors peut-être que "Rise Above the
Oracle's Landscape - NDE" véritable moment de gloire et de fierté saura vous séduire.
Une atmosphère entre la décadence et la fierté, appel aux armes fatidique mais disposant de moment de bravoure, ce premier opus de
Crystalium est une véritable œuvre à part et lancera le groupe pour sa magnifique suite avec
De Aeternitate Commando, leur action la plus citée et portée aux louanges, rafraîchissant leur style et hissant leur côté totalitaire et élitiste au rang d'art.
À écouter au moins une fois !
"I served in the Batallions !
I served in the batallions !
I served in the batallions of his majesty !"
Val'
Sinon merci pour les compliments.
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