Pain Remains

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19/20
Nom du groupe Lorna Shore
Nom de l'album Pain Remains
Type Album
Date de parution 14 Octobre 2022
Labels Century Media
Style MusicalDeath Symphonique
Membres possèdant cet album40

Tracklist

1.
 Welcome Back, O’ Sleeping Dreamer
 07:21
2.
 Into The Earth
 05:12
3.
 Sun//Eater
 06:10
4.
 Cursed To Die
 04:40
5.
 Soulless Existence
 07:12
6.
 Apotheosis
 04:44
7.
 Wrath
 04:57
8.
 Pain Remains I: Dancing Like Flames
 05:52
9.
 Pain Remains II: After All I've Done, I'll Disappear
 05:36
10.
 Pain Remains III: In a Sea of Fire
 09:11

Durée totale : 01:00:55

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Lorna Shore


Chronique @ Groaw

11 Novembre 2022

La douleur reste, le talent et l’émotion également

Chaque sortie de Lorna Shore est désormais un événement très attendu de la part des fans. Il faut dire que la formation américaine est intraitable et inarrêtable depuis ses tout débuts. Même si leur premier opus Psalms est quelque peu passé à travers les radars, principalement par une identité encore trop conventionnelle, la montée en notoriété se construira deux années plus tard avec Flesh Coffin, un album qui aura posé les bases d’un genre encore discret que le groupe popularisera tout au long de sa discographie : le blackened deathcore.
Si les vocalistes se sont succédés depuis cette seconde œuvre avec Tom Barber (Chelsea Grin, Darko US), CJ McCreery (Immortal Disfigurement) et désormais Will Ramos (ex-A Wake In Providence), la qualité d’écriture et les performances vocales n’ont jamais cessé d’être de plus en plus impressionnants. Cependant, ce succès finalement assez abrupt n’est pas au goût de tout le monde, certains y voit d’ailleurs plus de la démonstration et de l’auto-parodie que de l’innovation. Rapidement, une véritable vague de haine s’est créée et le quatuor se voit désormais autant adulé que détesté.

Dans un sens, les critiques peuvent se comprendre car il est vrai que parfois, nos Américains semblent tourner en rond dans leur projet. Par rapport à un groupe au style similaire qu’est Shadow Of Intent qui n’aura jamais cessé de faire évoluer sa personnalité, qui aura débuté dans un blackened deathcore symphonique avant de basculer (notamment dans sa dernière toile) dans un death metal harmonieux, il est certain que la transformation de nos musiciens est nettement moins étincelante et forte. La maîtrise et le savoir-faire du collectif américain n’en demeure pas moins remarquable, bien au-dessus d’un grand nombre de combos qui performent sur cette même scène. L’acharnement de certaines personnes paraît donc bien sévère, quelques fois même injustifié.
Pour remédier à la situation, le plus grand challenge pour Lorna Shore va être de bouleverser quelque peu ces petites manies, ces ressemblances qui s’avèrent gênantes et de développer une nouvelle facette de son blackened deathcore. Après un mini EP l’an dernier …And I Return To Nothingness plutôt prometteur à ce niveau, le quatuor américain revient en cette fin d’année avec un quatrième disque nommé Pain Remains. Tout comme son prédécesseur Immortal, la maison de disques Century Media a renouvelé sa confiance auprès de nos quatre artistes.

Sur sa toute première impression, le groupe américain ne semble pas tant s’éloigner de sa zone de confort. En effet, Welcome Back, O’ Sleeping Dreamer ne déroge pas vraiment du concept de base des Américains : son introduction tout en progression transpire la désolation, la morosité et le désespoir. Les petites touches au clavier, les quelques percussions en arrière-plan ainsi que les chœurs sont autant d’acteurs de cette ambiance à la fois pesante et définitivement funeste. Le développement se fait assez lentement avant l’insertion des cris tortueux de Will Ramos et des blastbeats d’Austin Archey.
L’ensemble prend un tournant bien plus massif, une sensation de fin du monde. La suite nous étonnera davantage avec un esprit un peu plus djenty. Mais c’est bien ce breakdown au bout de deux minutes d’écoute qui nous prendra de court, non pas pour son originalité mais plutôt pour son arrivée très avancée. Le riffing ultra efficace nous plonge immédiatement dans cet océan malsain typé black. Et pour son entrée, la formation se ne contentera pas que d’une seule panne mais bien de trois pour une accentuation de cette malveillance et de cette aura angoissante.

Le quatuor ne se contente pas de breakdowns bêtes et méchants et à la différence de ses précédentes compositions, les musiciens embellissent leurs instrumentaux par de subtiles mélodies et progressions. Ce caractère plus harmonieux se distingue particulièrement sur le solo de guitare d’Into the Earth qui au milieu de toute cette destruction apporte à la fois de la fraîcheur mais aussi un peu plus de lumière.
Le morceau impressionne d’ailleurs par sa technicité, en témoigne ce jeu de blastbeats et ce riffing supersonique, le tout sur des changements réguliers de rythmes pour plus de progression. La diversité vocale n’est pas en reste une palette qui n’hésite pas à surfer entre growl, scream et bruits de gobelin. Sur ce titre, nos artistes se concentrent moins sur le caractère symphonique et vont clairement droit au but avec un blackened deathcore assez éloigné de leur dernier EP mais dans une certaine continuité d’Immortal.

L’aspect mélodique et lumineux peut occuper jusqu’à l’intégralité de l’atmosphère d’un titre comme pour Cursed to Die. S’il est loin d’être le plus complexe ou le plus dévastateur, l’apport de cette tournure nous permet un instant de répit et une ambiance plus réconfortante. Néanmoins, on regrettera sur ce morceau une écriture fainéante avec une structure relativement connue sur les précédents travaux du groupe où chaque moment est plus ou moins prédictible.
Un exemple assez bête est le placement du solo de guitare qui se trouve la plupart du temps à la fin juste avant le breakdown. Cursed to Die n’est pas la seule chanson à présenter cette même similarité puisque Apotheosis est exactement dans le même cas. Mais ce dernier se montrera plus séduisant par sa lignée symphonique construite autour des chœurs pour un résultat plus complet. Dans les tempos plus lents, le quatuor est tout aussi voire plus attrayant avec un Souless Existence qui côtoie un Cradle Of Filth et un Dimmu Borgir, une puissance épique remarquable.

Mais que serait Pain Remains sans sa trilogie qui dépasse en cumulée les vingt minutes. Composée de Dancing Like Flames puis de After All I’Ve Done, I’ll Disappear et du final In A Sea A Fire, cette robuste composition est sans conteste ce que l’on attendait de plus de la part du quatuor américain. Purement et simplement émotionnel, sur de longues séquences de pleurs, l’émotivité dans le deathcore est encore peu expérimentée.
Un des rares groupes qui viennent directement en tête est Whitechapel, principalement sur ces deux dernières sorties The Valley et Kin où l’on retrouve toute cette peine, toute cette mélancolie à travers du chant clair ou par des moments de pure hargne.
Pour Lorna Shore, au-delà même de la douleur qui demeure le sujet principal de ces trois titres, on peut aussi y voir les étapes du deuil et la capacité à accepter la perte d’un être cher, de se rendre compte comment le monde semble soudainement un endroit froid, cruel, vide et dénué de sens, comment on se sent emprisonné et piégé dans ce « nouveau monde », l’envie de le quitter en tentant de mettre fin à ses jours ou de s’automutiler, la difficulté à remonter cette pente, à surmonter la rage et la misère et à soulager une blessure qui semble insoignable. Les thèmes sont multiples mais nos musiciens ont réussi à les traiter et à les exposer d’une véritable main de maître, toujours dans un style entre black metal, deathcore et metal symphonique.

Avec Pain Remains, Lorna Shore a écrit son œuvre la plus complexe mais aussi la plus aboutie de sa discographie, et même plus généralement de la scène deathcore. Pendant plus d’une heure, le quatuor américain nous transporte dans un blackened deathcore symphonique empli de détresse, de tristesse et de bouleversements. Si certaines routines émanent encore des compositions de nos musiciens, la formation a réussi à mieux les canaliser et à apporter des touches moins conventionnelles dans ses mélodies, notamment par des attraits émotionnels inédits.
Ce nouveau succès de nos Américains ne risque pas de faire taire ses détracteurs qui verront peu de changements dans l’esthétisme du combo. Dans un certain sens, ces accusateurs n’auront pas totalement tort puisque le collectif reprend dans ce quatrième décor les éléments de ses précédents tableaux. Mais d'un autre point de vue, la qualité de production mais surtout les frissons, la sensibilité et la poésie des trois pièces finales suffisent à qualifier cette esquisse de chef-d’œuvre, un bijou qui fait désormais date dans le deathcore.

4 Commentaires

19 J'aime

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Ensiferum93 - 12 Novembre 2022:

J'étais persuadé que tu le chroniquerais et attendais ce papier avec impatience. Un énorme merci Groaw pour cette production, à la fois concise et tellement agréable à lire :) 
Cet album est selon moi une pure tuerie qui dépasse de loin ses prédécesseurs, tant par la production absolument impeccable qui rend compte de toute l'intensité de la musique, mais également par les textes signés Will, d'une pure beauté. 
Moi qui d'habitude n'aime pas les clips, je conseille à toutes les personnes ayant aimé cet album de regarder la trilogie Pain Remains. Les images sont de toute beauté...et oui, j'ai chialé sur du deathcore !
Bref, un carton plein pour un album d'un style qui reste encore un peu hard pour moi mais toutefois acheté le jour de sa sortie... autant dire que je me suis pris la claque de l'année. 

Groaw - 12 Novembre 2022:

Merci à toi pour ce commentaire élogieux, ça me touche beaucoup !

Personnellement, je les aime vraiment tous et chacun de ces albums a son petit charme qui en font des pièces maitresses au sein d'une formation qui n'a désormais plus grand-chose à prouver. Il est sûr que ce petit dernier est mon chouchou, notamment grâce à la trilogie Pain Remains mais les autres ne sont pas à oublier ou à renier, bien au contraire.

Je rejoins ton conseil sur le visionnage des clips du trio de titres, splendidement bien réalisé et extrêmement touchant.

Je pense que le groupe sera le grand gagnant de cette année mais d'autres albums que j'ai dans le viseur et dont les chroniques arriveront prochainement ont aussi leur petit mot à dire. Je laisse le suspens jusque là !

fufupue - 13 Novembre 2022:

A superbe album, superbe chronique!

Tu as abordé tous les aspect même celui de l'acharnement de certains suite à leur succès ... je ne vais pas rentrer dans le débat mais franchement: je n'arrive pas à piger l'intérêt!

Niveau album je découvre le groupe avec cet opus, et du passé je n'ai vu que 2 clips d'Immortal où c'est je penses Will R au chant. Pour ce dernier ... il est monstrueux de puissance et de variation surtout dans ses pigsqueals! J'imagine le groupe en tournée et j'ai mal à la gorge pour lui! Niveau musical c'est super impressionnant, technique et maîtrisé avec de superbes solos. Les parties symphoniques sont très belles.

S'il fallait énumérer de petis bémol, ce serait la longueur des morceaux qui pour le style et vu le nombre de breakdown ne rend pas les titres immédiatement accessibles. On est d'abord soufflé par la chose avant de nager un peu et finalement y être complètement après quelques écoutes. Donc au final pas de problème pour moi, mais pour celui qui recherche du consommable à l'instant et qui ne sera peut-être pas prêt à multiplier le nombre d'écoutes ça peut gêner. Même chose au niveau la durée globale qui peut être sujette au même débat. Perso plus y en a mieux c'est! 

Un superbe album qui emmène le groupe bien au delà des frontières du style tout en respectant ses codes.

18/20 également.

Icare - 07 Décembre 2022:

Je n'ai pas l'habitude de poster un commentaire sur un album de deathcore qui n'est pas vraiment mon style de prédilection (d'une manière générale, pour résumer très grossièrement, je privilégie l'émotionnel au rythmique), mais Lorna Shore est une belle exception qui, sur cet album arrive à sublimer son style si caractéristique mêlant justement si bien les deux aspects. Le côté symphonique, la puissance, l'émotion qui se dégage de l'ensemble, la technique admirable toujours au service de la musicalité (les soli sont superbes), tout ça fait de Pain Remains une sortie vraiment remarquable. Je déplore juste certains de ces breakdowns lourdissimes que j'apprécie généralement dans le deathcore mais qui, ici, déparent complètement avec le reste de la muique, cassant l'harmonie et la balance brutalité/symphonie et arrivant comme un cheveu sur la soupe. Un bon 17/20 tout de même !   

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