Petit retour deux ans auparavant. Durant ce temps, le monde du deathcore a connu un énorme bouleversement puisqu’il a subi un triple changement de vocalistes, trois noms désormais bien connus puisqu’ils ont d’ores et déjà marqué l’histoire à leur manière. Tom Barber, alors vocaliste de
Lorna Shore prenait ses bagages pour rejoindre
Chelsea Grin. Alex Koehler laissait sa place pour s’occuper de son projet solo Grudges. Dave Simonich, actuel chanteur de la formation Improvidence passait dans les rangs de
Signs Of The Swarm et CJ McCreery léguait par conséquent son fauteuil pour retrouver le quatuor de
Lorna Shore.
La suite de l’histoire, nous la connaissons parfaitement bien : si le dernier
Chelsea Grin n’est pas parvenu à retrouver ses lettres de noblesse malgré une galette somme toute correcte, le nouveau
Signs Of The Swarm a tout de suite rappeler à ses fans qu’il était encore le digne représentant de la vague de Slam
Deathcore, en dépit de quelques imperfections notamment au niveau du mixage. En revanche, chez
Lorna Shore, le dénouement n’était pas encore connu puisqu’à ce moment-là, aucun album n’était encore prévu et rien ne laissait présager une sortie imminente.
Alors certes, à peine quelques mois plus tard, le quatuor américain nous proposait un premier morceau du nom de
This Is Hell mais toujours aucune date d’annoncée pour un futur troisième ou même un quelconque élément pour nous annoncer de cet heureux événement. Début 2019, un autre titre
Darkest Spawn a été publié mais là encore, aucune information ou de teaser n’avait vu le jour. Et en effet, il aura fallu attendre la sortie du troisième single Death
Portrait en septembre pour que nos musiciens nous présentent leur future pochette du nom d’
Immortal. Une attente qui se sera fait longue, trois ans après l’excellentissime
Flesh Coffin.
Un sursis d’autant plus insoutenable puisque l’on attend beaucoup de ce groupe devenu expert dans sa matière : le blackened deathcore. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que même avec un changement de line-up, notre quatuor n’a pas perdu de son panaché. Mieux encore, il a réussi à incorporer de nouvelles facettes tout en gardant sa facette terne et mélancolique.
Assurément, les américains ont apporté une touche symphonique qui n’est sans rappelé le death(core) symphonique de
Shadow Of Intent.
Ainsi, de nombreux arrangements symphoniques seront perceptibles. Les titres les plus notables sur cet aspect demeurent le refrain de Death
Portrait,
Hollow Sentence ou l’ouverture d’
Immortal, l’ensemble ayant pour but de garder un minimum de mélodicité. Car effectivement, si vous étiez habitués à l’ancien
Lorna Shore, le nouveau risque de vous dérouter bien vite. Condensé de violence, de growls funèbres, de cris de douleurs et d’impétuosité, difficile de dénicher l’harmonie, l’émotionnel et la sonorité d’antan.
A en écouter les prémices du titre éponyme, l’orchestration et les chœurs ne nous donnent pas de suite l’impression de chaos et de malveillance, donnant même une perception d’un véritable groupe de black metal. Les couplets, le solo et même le refrain arrivent aussi à préserver cette atmosphère bouleversante et déprimante. Mais lors du passage au breakdown, on ressent cette exaltation, cette frénésie impitoyable donnant cette sensation répressive et pourtant si captivante, rappelant les origines death des américains.
Mais la robustesse ne s’arrête pas là avec Death
Portrait qui est le morceau qui sort de la masse.
Quintessence en termes de technicité, notamment avec un jeu de batterie exceptionnel, le titre marque par son déchargement de sauvagerie et de lourdeur. Le premier breakdown, non sans ressemblance avec
Signs Of The Swarm au vue de son midtempo et son riffing est déjà source de férocité et de funesté. Mais le double breakdown final aura définitivement fini de creuser dans les pénombres, le dégoût et l’animalité.
Sur certains titres, il ne sera pas rare de voir quelques similitudes, quelques riffings qui marqueront le léger manque d’authenticité de nos américains. Un défaut qui n’en restera pas moins minime car il n’est pas forcément des plus évidents à se renouveler et le précédent opus souffrait déjà de cette critique. Ainsi le breakdown final de Death
Portrait avec celui de
King Ov
Deception nous donnera cette impression de cruauté déjà vue, même si la maîtrise et la grandeur sont toujours de mise.
Il n’en subsiste pas moins d’un travail sensationnel de la part de notre quatuor. Si CJ McCreery était à la base plus adepte d’un vocal grave et guttural, son champ lyrique est ici nettement plus varié. Capable de passer d’un chant lourd, parfois aux pig squeals à un chant plus crié, voire même en s’exerçant au scream typique du black metal, notre vocaliste épate par son adresse et son contrôle. Il en va de même aux guitaristes, dont les solos et la patte musicale sont toujours d’une efficacité et d’une originalité redoutable et à Austin Archey qui montre une nouvelle fois qu’il s’agit sans aucun doute d’un des batteurs les plus talentueux en matière de deathcore.
Toujours au sommet de son art,
Immortal impressionne par ses aspects novateurs et sa brutalité. S’il s’avère plutôt méconnaissable par rapport à son prédécesseur, il n’en est pas moins une sacrée belle surprise avec ses nombreuses orchestrations, cette barbarie omniprésente et cette technicité prodigieuse. Malheureusement, il s’agira sans doute du dernier et du seul album de
Lorna Shore où CJ McCreery aura été le vocaliste. En effet, le 23 Décembre 2019, le groupe a décidé de limogé son chanteur suite à des allégations d’abus sexuels portées contre le musicien par plusieurs femmes. Une belle aventure qui se sera finie aussi vite qu’elle a commencé.
J'ai découvert le groupe en juillet avec Will Ramos... Grosse claque !
Les titres "To The Hellfire" et "Sun//Eater" ont été mes tubes de l'été. Je ressors essouflé de chaque écoute !
Du coup, il va falloir que j'écoute l'album "Immortal" pour savoir ce que ça donnait avec l'ancien chanteur.
Je crois qu'ils étaient au Motocultor en août ; quelqu'un les a déjà vus en live ? Ca doit déchirer !
Je m'étais renseigné sur des groupes similaires et j'étais entre autres tombé sur Worm Shepherd. Je confirme que c'est également du lourd !
PS : le mot "funesté" existe ?
En réalité, Lorna Shore a eu trois périodes : celle avec Tom Barber, actuel vocaliste de Chelsea Grin et de Darko US qui a fait les deux premiers albums, CJ McCreery désormais chanteur du groupe Immortal Disfigurement sur le troisième opus et Will Ramos, actuel frontman de la formation. Honnêtement, j'aime toute la discographie du groupe qui est très variée. Si vous voulez vous faire une idée de Lorna Shore avant Immortal, je vous invite à écouter Flesh Coffin : https://www.youtube.com/watch?v=SlNqoHPH_bk
Je ne les ai jamais vu en live par contre mais ça doit être un sacré spectacle. Sinon, funesté existe bien : c'est le participe passé du verbe funester ^^
En fait j'ai regardé 2 vidéos où c'est Will Ramos au chant. Je me pencherai sur leur passé dès que possible. Sinon la voix de W.R a tellement impressioné qu'on lui a passé une caméra pour voir comment il utilisait sa gorge, ses cordes vocales et je ne sais quoi d'autre pour parvenir à faire des sons pareils ... bizzare mais instructif.
@Groaw :merci prof ! ;-)
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