Existe-t-il un groupe plus représentatif du style hair metal que l’édulcoré et effervescent
Poison ? Tant au niveau de son image que de sa musique, la bande à Bret Michaels semble en effet coller avec on ne peut plus de conviction à tous les stéréotypes du genre que nous chérissons tant. Maquillage outrancier, coiffures extravagantes, outfits fluorescents doublés d’un heavy metal basique mais hyper efficace associé à des thèmes lyriques rasant généralement la moquette ; tels sont les ingrédients ayant forgé l’identité conceptuelle de ce véritable boys band rock n’ roll qui ne peut laisser aucun amateur de sleaze rock/hair metal insensible. En effet, à l’instar d’un André Rieu pour la musique classique, on ne peut qu’adorer où détester
Poison qui s’avère de plus être le symbole d’une success story à l’américaine prouvant que tout est possible pour qui croit dur comme fer en ses rêves les plus fous.
Formé sous le patronyme de
Paris en 1983 à Mechanicsburg dans le trou du cul de la Pennsylvanie par le vocaliste diabétique Bret Michaels, le bassiste Bobby Dall et le batteur Ricky Rockett avant de rejoindre deux ans plus tard le soleil et les palmiers de
Los Angeles et d’y trouver un line up stable avec l’arrivée providentielle du guitariste C.C. DeVille ;
Poison peut se targuer d’avoir grimpé la social ladder du music business à la force des poignets et de n’avoir de compte à rendre à personne quant à la manière dont il a forgé sa propre légende. Après le succès non négligeable de son premier opus «
Look What the Cat Dragged in » de 1986 certifié
Gold et trois fois Multi-
Platinum par la RIAA,
Poison sort le 3 mai 1988 sur
Enigma Records un deuxième album intitulé «
Open Up and Say… Ahh ! » se devant de confirmer son statut de plus sérieux concurrent des
Ratt et autres Mötley Crüe acquis deux ans plus tôt grâce à un album clichesque mais des plus efficaces.
A peine le premier morceau « Love on the Rocks » entamé, l’auditeur s’avère être on ne peut plus rassuré quant à la direction musicale entreprise par les quatre travestis empoisonnés à l’occasion de la sortie de cette deuxième galette. La recette s’avère être inchangée ;
Poison nous ressert en effet ce glam metal basique mais ayant l’avantage d’être super efficace et de ne jamais se faire attendre pour faire mouche et faire se déhancher n’importe quel être humain normalement constitué et ayant l’intégralité de ses capacités auditives. Qu’importe ! C’est d’ailleurs ce que nous avions commandé à la charmante serveuse et qu’aurions nous pu attendre d’autre d’un groupe ultra stéréotypé dont le principal dessein de vie ne s’avère pas de révolutionner le rock n’ roll mais de passer « Nothin’ but a Good Time » ? Mieux produit que son prédécesseur, «
Open Up and Say… Ahh ! » révèle au grand jour un enthousiasme et un dynamisme des plus communicatifs à travers des titres toujours plus catchy les uns que les autres à l’image des sympathiques « Back to the Rocking Horse », « Tearin’
Down the Walls », « Look but You Can’t Touch » et du très rock n’ roll « Your
Mama Don’t Dance ». Bret Michaels a toujours autant la banane derrière son microphone, permettant irrémédiablement à la musique de
Poison de donner une pêche d’enfer aux auditrices s’auto-inondant accessoirement la petite culotte par la même occasion.
Plus proche techniquement d’un Mick Mars voir d’un Johnny Ramone que d’un
Steve Vai, C.C. DeVille jonche l’album de riffs et de soli plein de feelings dont lui seul à le secret et qui confèrent aux dix titres composant le disque une identité unique et reconnaissable entre mille.
Californien d’adoption et puisant ses origines dans la grisaille d’une ville de la côte Est comptant bien plus d’usines que de strip clubs,
Poison présente l’intérêt et la particularité de ne jamais renier son background en rendant hommage de temps à autre à la working class dont il est fièrement issu. A l’image d’un
Bon Jovi sur l’excellent « Livin’ On A Prayer », le gang glam originaire de la banlieue d’Harrisburg s’inspire ponctuellement des difficultés de la vie pour pondre des petites merveilles à l’image du très bon «
Cry Tough » introduisant le premier album ou de l’énergique «
Fallen Angel » de cet «
Open Up and Say… Ahh ! ». Presque autobiographique, ce titre que l’on pourrait écouter des dizaines de fois d’affilée sans jamais se lasser narre les déboires d’une jeune fille partant de sa campagne natale vers les paillettes d’Hollywood et ses dures réalités où les secondes chances n'existent pas. Alors qu’il sait incarner à merveille un personnage haut en couleur et on ne peut plus superficiel sur certains morceaux plutôt terre à terre et ouvertement orientés sex drugs & rock n’ roll ; Bret Michaels sait aussi dégager des émotions pures et sincères avec une crédibilité déconcertante sur des titres plus solennels, lui le fils d’ouvrier diabétique qui à cause de sa maladie est passé à côté de son enfance et de son adolescence. Loser solitaire aux cheveux gras dans ses dures années d’high school, Bret a eu sa revanche sur l’existence en devenant une rock star flamboyante remplissant les arénas et s’attachant la compagnie intime des femmes les plus sexy de la planète à l’image de Pamela « Miss Gros Seins » Anderson. Enfin et fort heureusement, l’album contient sa ballade obligatoire faisant bien évidemment partie du cahier des charges de tout disque de hair metal ayant la prétention d'être considéré comme tel : «
Every Rose Has Its Thorn » s’avère être sympathique et sensuelle, collant en cela à tous les stéréotypes du genre et qui magnifiera sans aucun doute l’instant présent chez tous les hardos ayant un cœur gros comme le
Texas sous le cuir et les tatouages.
Suite on ne peut plus logique du premier album, «
Open Up And Say… Ahh ! » s’avère être une démarche efficace et inspirée voyant un
Poison entretenir le style hair metal comme il le mérite et l’empreindre d’une personnalité propre et intéressante. Bien qu’étant ultra stéréotypé en soi et superficiel dans son image et approche musicale, ce groupe de légende présente néanmoins le paradoxe intéressant d’avoir et de cultiver une conscience sociale chère aux Bruce Springsteen et autres
Bon Jovi, tous deux originaires du New Jersey voisin. Un album de bonne facture et très efficace donc qu’il conviendra d’apprécier à sa juste valeur entre son prédécesseur et son successeur, eux aussi pertinents d'un point de vue qualitatif.
Les Poison y habitent, mais je dois faire une liste de ce que je voudrais racheter en original. A 4 € le cd, ils vont peut-être eux aussi connaître l'ascension sociale ;-)
Sympa cet album. Et fallen angel, quel morceau ! toute une époque...
Un 2e album, plus hard rock que Glam que le précédent, plus abouti, mieux produit.
17/20
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