Après le spectaculaire départ de
Richie Kotzen, viré pour avoir annoncé en plein concert qu’il se tapait la copine du batteur (Rikki Rocket), et alors que les ventes de "
Native Tongue" n’ont pas du tout été à la hauteur de la qualité de cet album, la maison
Poison est dans un beau désordre. Le trio restant souhaiterait que C.C DeVille, guitariste d’origine du groupe, les rejoigne, mais celui-ci n’est toujours pas sorti de ses problèmes d’addiction à la drogue. C’est donc le célèbre
Blues Saraceno qui finit être débauché pour compléter le line-up des glamers vénéneux. Le quatuor enchaîne alors plusieurs sessions en studio. Nous sommes alors en
1994, mais l’album ne sortira pas en raison du manque d’enthousiasme de Capitol, la maison de disque. Malgré l’échec commercial de "
Native Tongue" et l’instabilité du poste de guitariste,
Poison possède néanmoins une fan-base solide qui s’arrache les bootlegs de 'l’album perdu' de leurs héros. Les années passant, C.C. DeVille finit par surmonter ses problèmes et rejoint enfin ses camarades de jeux et le combo enfin réunit se lance dans une tournée US en 1999. Devant le succès de cet événement, Capitol décide finalement de sortir "Crack A Smile" en… 2000 ! L’histoire ne dit pas si c’est pour se faire pardonner ce délai pour le moins délirant, mais le label se fend de 8 bonus pour étoffer l’objet, ce qui donne la raison du titre de cet album qui devient "Crack A Smile…
And More !".
Malgré sa longueur, un tel historique est nécessaire, non seulement pour découvrir une de ces histoires dont seuls les labels ont le secret, mais également pour mieux comprendre cet album. Nous reviendrons sur les indéniables qualités artistiques des titres qui le composent. Cependant, il paraît nécessaire de préciser que cet album est difficile à aborder dans son intégralité. En effet, entre les titres bonus tirés des sessions d’enregistrement de l’album ("One
More For The Bone" et "Set You Free"), la démo sans titre d’un autre morceau de la même période, un titre récupéré des sessions de "
Open Up And Say… Ahh !" (1988) ("Face The
Hangman") et 4 titres enregistrés lors du live
MTV Unplugged en 1990, cet opus finit par ressembler à un sacré foutoir ! D’autant que le mélange des périodes fait que le travail enregistré par Saraceno côtoie des enregistrements de C.C. DeVille. Difficile donc de s’immerger complètement dans ce disque.
Pourtant, les titres de qualité ne manquent pas, en particulier parmi les 12 premiers morceaux représentant la tracklist d’origine. En effet,
Poison se frotte à plusieurs styles musicaux et prouve ainsi son ouverture musicale. Si "Best Thing You
Ever Had" ou "Baby Gets Around A Bit" restent des titres classiques pour le combo glam US, Michaels & Co. n’hésitent pas à inclure une forte dose de fusion sur les irrésistibles "Mr. Smiley" ou "Sexy Thing" où Saraceno nous sert quelques riffs gorgés de funk pour un résultat enthousiasmant. Bien que moins évidente, cette touche se retrouve également dans un "No Ring No Gets" particulièrement entraînant. Les ballades restent classiques mais de qualité, même si l’intro de "Be
The One" n’est pas sans renvoyer au célèbre "
Every Rose Has Its Thorn". Par contre,
Poison est encore capable de nous surprendre, que cela soit avec la reprise du
Standard country de Dr. Hook "Cover Of A Rolling
Stone" auquel il insuffle une énergie rafraîchissante, avec le sleaze punkisant de "Doin’ As I Seen On My T.V.", ou bien avec le heavy-glam de "
That’s The Way (I Like It)".
Cet album est donc d’une qualité évidente, même si l’ensemble manque un brin de cohésion. Par contre, les choses ont un peu tendance à partir en vrille avec la suite. Le pire, c’est qu’aucun des titres de cette deuxième partie d’album n’est d’une mauvaise qualité. Non, c’est juste qu’ils n’apportent rien à l’ensemble, si ce n’est un sentiment supplémentaire d’avoir à faire à un ensemble incohérent. " One
More For The
Road" et "Set You Free" sont sympathiques, mais ils restent anecdotiques et il est évident que ce n’est pas par hasard que le groupe ne les avait pas retenus dans son choix d’une tracklist définitive. Et que dire de ce "Crack A Smile (unfinished demo)" qui malgré des bases intéressantes, n’en est pas moins un titre non achevé. Il n’a même pas de titre ! Enfin, si "Face The
Hangman" est un titre classique de la période "
Open Up…", il reste un ton en dessous des morceaux composant cet album. Quant aux 4 titres live, pourquoi ne pas les avoir édité sur un album reprenant l’intégralité du show, plutôt que des les rajouter à un ensemble déjà copieux et manquant suffisamment d’homogénéité comme cela. Sans nous attarder sur ces titres, nous signalerons cependant l’abus de trémolos de Brett Michaels sur "
Every Rose Has Its Thorn".
"Crack A Smile…
And More !" vient donc clôturer 7 ans de silence pour les fans de
Poison. Le matériel proposé est de qualité, mais nous aurions préféré qu’il soit édité sous la forme d’un véritable album, plutôt que comme un panier où l’on aurait entassé des courses faites à la va vite. Il n’en reste pas moins que certains de ces titres méritent qu’un peu d’attention leur soit apportée. Il vous faudra néanmoins faire preuve de patience pour faire le tri !
Je le trouve vraiment intéressant moi, cet album. Riche et varié !
En fait, à une époque où je réécoutais à fond les deux premiers Blues Saraceno qui sont sublimes, notamment le titre "A Lighter Shade Of Plaid" dont je ne me remets pas depuis toutes ces années, sachant que Blues était passé dans Poison, j'avais demandé à Steph qui avait le disque s'il le trouvait bon, et je l'avais effectivement acheté.
Sache que je ne t'en veux pas lol, mais par contre je pensais retrouver le son si caractéristique de Blues sur du Poison, et en fait... non, pas du tout ! Les morceaux ne sont pas mauvais, mais ne trouvant pas ce que j'y cherchais, je l'ai rapidement mis au placard.
Je vais pouvoir le ressortir et le réécouter attentivement, notamment je cite "Mr. Smiley" et "Sexy Thing" où Saraceno nous sert quelques riffs gorgés de funk ! Je vais peut-être finir par m'y retrouver !
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