Inutile de revenir longuement sur ces guerres fratricides qui opposèrent les adeptes de complaintes extrêmes (Thrash, Death, Black...) à ceux davantage attirés par une musicalité plus accessible (Glam, Hair
Metal...). Disons juste que les premiers agacés par les attitudes désinvoltes avides de distractions, mais aussi, et surtout, par les accoutrements aux couleurs vives et chamarré d'artistes aux coiffures excessivement apprêté et fardé, offrant donc à nos vision leurs allures improbables quelques peu efféminé, ne purent supporter l'horrible contraste entre leurs conceptions artistiques et celles contradictoires de musiciens et d'adeptes moins concernés par leurs valeurs.
Poison, fort de trois albums (
Look What the Cat Dragged in (1986),
Open Up and say...Ahh! (1988)et
Flesh & Blood (1990)) où il cultiva sa réputation Glam Rock, Hair
Metal à grand renforts de musique certes très efficace mais trop mélodique, du moins pour les férus de radicalisme artistique, et surtout où il s'afficha travesti d'artifice propre à entretenir une ambigüité androgyne, fut l'un des groupe emblématique de cette détestation. Nul doute que beaucoup de ceux qui les détestèrent ne prirent même pas la peine de jeter une oreille un tant soit peu objective sur leurs travaux, ne serait-ce que par honnêteté intellectuelle. Et nul doute, donc, qu'ils ne virent aucun intérêt, même infime, dans la sortie, en cette année 1993, de
Native Tongue, quatrième effort de Brett Michaels et de ses complices.
Un désintérêt déplorable car si
Native Tongue n'est certes pas un manifeste digne de réconcilier les deux mondes, il n'en pas moins pétrie de nombreuses qualités.
Pour démarrer la démonstration de ces vertus commençons par dire qu'indéniablement il est le fruit d'une certaine modération et d'une réflexion, à l'évidence, plus adulte. Délaissant les facéties, tant sur le plan musical que sur celui de l'imagerie proposée, il dénote totalement de ces deux prédécesseurs.
Plus sobre et plus concerné, il évolue, en effet, au cœur d'une musique
Hard Rock captivante. Un propos dans lequel l'influence du guitariste
Richie Kotzen, nouvelle recrue remplaçant C.C.
Deville, est d'ailleurs cruciale. La liberté créative qui lui fut offerte n'est sans doute pas étrangère à la métamorphose profonde du groupe.
De plus, non content d'abandonner son Glam Rock, Hair
Metal au profit d'un
Hard Rock plus conventionnel,
Poison va orner sa musique d'éléments Bluesy, Funky, et même tribaux. Pour ce faire, il va user d'instruments divers et variés (piano, harmonica, congas, mandoline...). Le procédé, bien évidemment, donne une couleur, et une saveur, très particulière à ce disque. Soulignant l'atmosphère très empreinte de mysticisme de ce
Native Tongue, il lui offre, de surcroit, un supplément d'âme très touchant. Et s'agissant des titres remarquables composant l'opus, citons, pèle mêle,
The Scream, Stay Alive,
Body Talk ou encore
Blind Faith.
Evoquons également le superbe
7 Days Over you qui nous propose un équilibre remarquable entre un aspect très varié agrémenté de cuivres et pianos et un autre où les riffs de guitares demeurent d'une splendide efficacité.
Assurément un morceau admirable. Parlons aussi de
Bastard Son Of A Thousand Blues qui, comme son nom l'indique, est une chanson aux accents délicieusement Boogie-Blues.
Assurément un autre morceau admirable.
Etant souvent l'écueil dans lequel sombrent les formations défendant ce genre, l'exercice obligatoire de la ballade est ici brillamment relevé. Au nombre de trois, elles demeurent, pour la moins bonnes en tout les cas (Theatre of Souls), suffisamment plaisante pour ne pas ennuyer l'auditeur. Si
Stand, quant à elle, est un très joli moment, elle ne suffit pas à atteindre l'excellence sublime d'Until You
Suffer Some (
Fire And Ice). Concernant plus particulièrement ces pistes là on pourrait d'ailleurs estimer qu'en proposer trois est excessifs. A dire vrai, pas nécessairement puisque l'album est quand même composé de quinze morceau. La proportion de morceau moins langoureux reste donc très importante.
Native Tongue, troisième opus des américains de
Poison, est donc une œuvre magnifique dévolue à un
Hard Rock inspiré et mature.
Avec Native Tongue, Poison étoffe sa musique et passe le niveau supérieur musicalement.
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