Flesh & Blood

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16/20
Nom du groupe Poison (USA)
Nom de l'album Flesh & Blood
Type Album
Date de parution 21 Juin 1990
Produit par Bruce Fairbairn
Style MusicalHard Rock
Membres possèdant cet album204

Tracklist

Re-Issue in 2006 by Capitol Records
1. Strange Days of Uncle Jack 01:40
2. Valley of Lost Souls 03:59
3. (Flesh and Blood) Sacrifice 04:40
4. Swanpjuice (Soul-O) 01:26
5. Unskinny Bop 03:48
6. Let It Play 04:22
7. Life Goes on 04:47
8. Come Hell or High Water 05:03
9. Ride the Wind 03:51
10. Don't Give Up an Inch 03:44
11. Something to Believe in 05:28
12. Ball and Chain 04:23
13. Life Loves a Tragedy 05:15
14. Poor Boy Blues 05:20
Bonustracks (Re-Issue 2006)
15. Something to Believe in (Acoustic Version)
16. God Save the Queen (Sex Pistols Cover)(Instumental Demo)
Total playing time 57:46

Chronique @ adrien86fr

29 Mars 2011

L'album de la rédemption

Jeudi 2 aout 1990, 2 heures du matin : l’Irak de Saddam Hussein envahit le Koweït de l’émir Jaber Al-Ahmad Al-Sabah en vue de placer définitivement sous son joug ce petit état de presque 18 000 km2 autrefois rattaché de façon nominale à l’Empire Ottoman et on ne peut plus riche en ressources pétrolières, lesquelles étant à l’origine de tensions notables entre les deux pays voisins depuis l’indépendance du Koweit décidée par les Britanniques en 1961. Hussein reproche notamment à l’émir Jaber III de maintenir les cours du pétrole trop bas sous pression économique britannique et donc de priver l’Irak d’une partie de ses revenus, d’autant plus que le Koweït lui bouche géographiquement l’accès à la plus grande partie du Golfe Persique qui lui permettrait d’écouler son pétrole d’une façon on ne peut plus optimale sur les marchés internationaux. Le 6 aout, le président américain Georges Bush signe l’ordre d’engagement de l’opération « Desert Shield » qui verra à terme débarquer dans le Golfe une coalition internationale qui comptera jusqu’à 938 545 hommes chargés de régler le conflit en bombardant entre autres écoles et hôpitaux. C’est dans ce contexte géopolitique particulièrement sensible que patriote reconnu et symbole working class de l’american dream à l’instar de Bruce Springsteen ou de Bon Jovi ; le groupe de hair metal Poison participe à sa manière au conflit du Golfe en envoyant par cartons entiers des copies de son troisième opus on ne peut plus bien nommé « Flesh & Blood » aux marines se battant avec honneur et fierté pour Dieu et la Liberté.

Formé en 1983 sous le nom de Paris sous le grisaille industrielle de Mechanicsburg en Pennsylvanie par le chanteur diabétique Bret Michaels, le bassiste Bobby Dall et le batteur Rikki Rockett ; Poison part tenter sa chance sous le soleil et les palmiers de Sunset Boulevard à bord d'une ambulance d'occasion achetée 700 $ par Michaels en vue de concurrencer les Mötley Crüe et autres Ratt tant dans les Billboards 200 et Hot 100 que dans les orifices intimes de groupies à peine majeures n’ayant d’autres aspirations dans la vie que de prendre « Nothin’ But a Good Time » et d’avoir l’indescriptible plaisir de changer une pince à linge sur le nez les Pampers nauséabondes de fils ou filles de rock stars. Largement parvenu à son but grâce aux très bons et successful « Look What the Cat Dragged in » et « Open Up and Say… Ahh ! », le gang glam de Bret Michaels remet le couvert le 21 juin 1990 en sortant l’album « Flesh & Blood » sur Capitol/Enigma Records.

Alors que Poison nous avait habitué avec ses deux précédents opus à un hard/glam metal direct voir quelques fois un peu trop brut par rapport à celui pratiqué par ses contemporains, ce troisième disque semble traduire une maturité certaine dans son approche musicale et une réelle volonté d’évolution à mesure que raisonne une introduction quelque peu alambiquée intitulée « Strange Days of Uncle Jack ». Loin d’être dispensable, cette mise en bouche relativement inattendue conditionne l’auditeur et lui fait implicitement savoir que ce « Flesh & Blood » élèvera le combo le plus haïs de la scène hair metal hollywoodienne à un niveau supérieur. Effectivement et pour le plus grand plaisir de qui pouvait douter des capacités de progression et de renouvellement de ce véritable Poison avec lequel Nikki Sixx et l’équipe bariolée ont toujours refusé de tourner de façon catégorique jusqu’à cet été 2011, « Valley of Lost Souls » met en lumière un hard rock glam puissant, inspiré et on ne peut plus efficace à travers lequel Michaels, DeVille, Dall et Rocket semblent s’éclater au plus haut point et se rire allègrement de tous ces motherfucking bastards ayant toujours dénigré et rabaissé le groupe au rang d’un vulgaire boys band stupide et stérile tout juste bon à provoquer les premiers orgasmes onaniques de jeunes pucelles à peine remises de leur Bat Mitsva. Sans conteste, l’indéniable progrès technique des musiciens depuis les deux précédents albums, allié qui plus est à la production sans faille aucune du légendaire Bruce Fairbairn (Bon Jovi, Aerosmith, AC/DC, Scorpions, Van Halen entre autres s’il vous plait) parviennent enfin à donner aux hymnes de Poison une puissance sonique leur permettant enfin de révéler leur potentiel d’une façon on ne peut plus optimale. Même si aujourd’hui ce genre de démarche pue le fric et traduit la cupidité d’un music business rongé par les financiers et les cercles occultes régissant ce monde (humour), qui n’a jamais éprouvé le désir de voir Poison réenregistrer les mythiques « Look What the Cat Dragged in » et « Open Up and Say… Ahh ! » avec les moyens d’aujourd’hui ? Alors que la personnalité de l’album semblerait plutôt être relative à une bonne humeur générale et catchy comme l’illustrent les très bons « (Flesh & Blood) Sacrifice », « Unskinny Bop » et autres « Ride the Wind », l’heure s’avère être également à des sentiments moins terre à terre avec notamment une ribambelle de titres qui sous entendent des personnalités peut être fragilisées par ces dernières années de rock star life et de tous les excès et remises en question qui peuvent en découler.

Ainsi, les mélancoliques et non moins réussis « Life Goes on », « Don’t Give Up a Inch Girl », « Something to Believe in » conspuant les télévangélistes amassant honteusement à coups de mensonges et de fausses promesses des millions de dollars sur le dos de personnes crédules, sans parler de la sublime « Life Loves a Tragedy » ; véritable perle de nacre inqualifiablement belle de l’opus prouvent encore une fois que Poison est toujours animé par ces sujets et questions de société que l’on ne peut nier lorsque l’on est originaire de l’environnement industriel et sans futur semble-t-il de la côte est. En d’autres termes, cet album présente une double identité particulièrement intéressante faisant de Poison un groupe unique : d’un côté les hymnes rasant les pâquerettes et glorifiant les hobbies préférés des jeunes âmes exubérantes et perdues du soleil torride de Californie, et de l’autre des thèmes sérieux et constructifs qui aideront sans doute une jeunesse de la côte est désabusée par la désindustrialisation, la hard working life et par tous les soucis quotidiens qui en découlent. Quelque soit le parti pris, ce « Flesh & Blood » plus pertinent qu’il n’y parait au premier abord possède cette trop rare capacité à se muter en miroir de la vie de qui prend la peine d’y associer sa propre existence et de s’y reconnaitre. En cela, « Flesh & Blood » possède une âme et peut être considéré comme un album beaucoup plus introspectif et spirituel que ses très bons prédécesseurs. La pochette du disque représentant le tatouage que porte le batteur Rikki Rocket sur l’épaule droite scelle définitivement le caractère personnel et intimiste de ce troisième effort s’avérant être le dernier du line-up originel de Poison avant le départ du guitariste CC Deville remplacé par le traitre Richie Kotzen qui prendra son rôle de nouveau membre du combo un peu trop à cœur jusqu’à oser piquer impunément la fiancée de Rocket. A ce dernier, à tous ceux que vous n’aimez pas mais qui s’occupent de vous et pensent faire partie de votre vie alors que vous ne pensez quasiment jamais à eux, à tous ceux qui vous ont mis des bâtons dans les roues en ignorant que leur bêtise n’a fait qu’accroître votre détermination et votre rage de vaincre, l’excellentissime et jouissif « Come Hell or High Water » s’avérera être un moment très sympa d’écoute au cours duquel vous remarquerez et penserez à très juste titre que la vie a en règle générale un bien joli sens de l’humour…

Efficace, inspiré, énergique, empli de sens, personnel et racé ; les adjectifs qui sont le plus à même de qualifier ce troisième effort du mythique Poison ne semblent en apparence pas correspondre à l’image que le commun des mortels est en droit d’attendre d’un groupe ayant embrassé avec on ne peut plus de vigueur tous les stéréotypes du style sleaze rock/hair metal jusqu’à paraître comme un pathétique groupe parodique accusé de nuire à la réputation de la scène auquel il fut rattaché. Inexplicablement et ce pour le plus grand plaisir des amateurs de démarches musicales originales et uniques ; « Flesh & Blood » s’avère être un disque possédant une âme. L’âme de quatre kids du Nouveau Monde étant parvenus ensemble à réaliser leurs rêves et à contribuer à forger ceux de millions d’autres.

9 Commentaires

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ZazPanzer - 18 Mai 2011: Après quelques semaines d'écoute, j'ai bien apprivoisé ce skeud, effectivement un peu plus complexe -si l'on peut utiliser ce terme pour Poison- que les deux précédents. Un très bon disque particulièrement agréable à écouter avec les derniers rayons de soleil de l'après-midi. Seul petit reproche : j'ai du mal avec l'intro qui ne me semble pas pertinente, même au niveau sortie sonore, il y a un décalage bizarre avec Valleys of Lost Souls.
Merci pour la découverte Adrien.
olivierbarbery - 16 Mars 2012: Tu ne connaissais pas cet album ZAZ?
Il a tourné dans mon discman pendant une bonne partie de mes années lycée. Je me l'étais même fait piquer dans une soirée et je l'ai retrouvé quelques semaines plus tard chez Joseph Gibert !?
Bref.
Le meilleur album du groupe selon moi, plus mature que les précedents et plus maitrisé que les suivants.
Superbe chronique. Bravo.
samolice - 10 Octobre 2013: Merci pour la chro Adiren. Je ne perçois pas une grande différence avec le skeud précédent. Avec le premier, en revanche c'est évident. Va falloir que je réécoute tout ça du coup. Le côté in your face à 3 accords du 1er opus en fait mon favori mais celui-ci passe bien également.
nicko11 - 26 Mars 2015: Juin 1990...j'ai 14 ans, les cheveux poussent depuis 2 ans déjà...2 ans que je me trimballe aussi avec un t-shirt Guns'n'Roses blanc, passant pour un gars étrange à l'école. Malgré ma récente découverte du Thrash (Metallica, Anthrax..) j'assimile tout ce qui ressemble de près ou de loin à du Metal/Hard, même le glam et le FM.
Ce mois-là, je découvre la chronique élogieuse de Flesh & Blood dans Hard Rock Mag et je suis irrésistiblement attiré par cette magnifique pochette. Fort de bons résultats scolaires lors des examens de juin, ma merveilleuse maman m'offre ce nouveau CD de Poison en guise de récompense...et c'est la claque! Pendant 2 ans, assurément le CD que j'ai le plus écouté (après Appetite For Destruction, mon 1er CD acheté et Empire de Queensryche). Souvenirs aussi de vacances en Corse où j'écoutais tout le temps cet album qui tournait pendant mon...dépucelage lol!
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Chronique @ angus107

18 Mars 2023

Cet album reste un très bon témoignage de leur période d'or.

Poison, le groupe que tout le monde aimait détester. La cible préférée des thrashers de l'époque. "Ouais, c'est de la musique de gonzesses, ça craint, c'est des tafioles"… voilà ce qu’on entendait. Mais au fond, Poison, c'est quoi ? Une bande de branquignols juste bons à se déguiser en gonzesses pour masquer le fait qu'ils ne savent pas jouer ? Si ça fait plaisir à certains de le croire… mais c’est un peu plus compliqué que ça. Car derrière le fard se cache un groupe qui ne manque pas de talent pour composer des hits imparables et pour faire bouger les stades. Les millions d’albums vendus par les Californiens sont un peu la réponse aux détracteurs.

Oui, Poison avait commencé sa carrière en défrayant la chronique avec la sortie de son premier album en 1986, "Look What the Cat Dragged in", sur la pochette duquel les quatre musiciens posaient déguisés en femmes, ou plutôt, en hommes ressemblant à des femmes qui ressemblent un peu à des hommes qui ressembleraient à des femmes sexy.

Le groupe proposait alors un Hard Glam influencé par Aerosmith, Mötley Crüe ou Kiss, taillé pour la fête avec de bons gros refrains à l'appui. Le premier album avait fait un joli carton, enfoncé par le second album, "Open Up and Say... Ahh!", qui propulsa le groupe à strass et paillettes aussi haut que Bon Jovi, Def Leppard et Mötley Crüe.

Mais là, nous sommes en 1990. Le phénomène Guns n' Roses est passé par là. Suivant leur exemple, pas mal de groupes tels que Mötley Crüe ou Warrant vont abandonner le look glam efféminé et opter pour un look plus sobre, plus Metal. Poison, le groupe qui avait poussé le délire au maximum, n'échappe pas à cette nouvelle règle. Sur "Flesh and Blood", leur nouvel album, exit les cheveux crêpés, les maquillages de gonzesses, les fringues colorées et bonjour le cuir, les jeans déchirés, les santiags et les chapeaux de cow-boy. Ça fait déjà plus sérieux.

Plus sérieuse aussi est la musique sur ce nouvel album. Bon, pas complètement, on ne se refait pas totalement et des morceaux comme le single "Unskinny Bop" et "(Flesh And Blood) Sacrifice" gardent le côté fun du groupe des deux premiers albums et évoquent toujours leurs sujets de prédilection jusqu’alors, le sexe et la teuf. De même, "Ride the Wind" et "Let It Play" sont des odes aux chevauchées sur des bécanes, cheveux au vent… encore des évocations de l’esprit de liberté qui régnait alors. Mais, c'est dans l'air du temps, des thèmes sérieux apparaissent avec" Valley of Lost Souls", "Life Loves a Tragedy, Something to Believe in" et "Come Hell or High Water". Poison ne veut plus être perçu comme un groupe pour adolescentes en quête de sensations fortes. Les années 90 sont arrivées, finie l’insouciance.

Ça, c'est au niveau des paroles. mais musicalement aussi, on sent une certaine maturité. Car si la vitrine de l'album, le sautillant et particulièrement groovy single "Unskinny Bop", a forcément contribué au succès de cet opus à sa sortie, il n'en reste pas moins que l'album dans son intégralité va plus loin. Bien sûr, Poison n'abandonne pas son fond de commerce puisque ça marche du feu de Dieu ("Don't Give Up an Inch", "Ride the Wind")… Mais l'introduction est déjà inhabituelle pour ce groupe et quand retentissent les premières notes de "Valley of Lost Souls", on sent la nouvelle direction du groupe, plus rock and roll, avec refrain moins tapageur.

Par ailleurs, dans son hard glam festif, le groupe ajoute une pointe de blues que l'on n'avait pas vu venir. Le court instrumental "Swampjuice, Ball and Chain et le très justement nommé "Poor Boy Blues" et son harmonica sauvage ajoutent de nouveaux horizons au groupe californien. Une direction que le groupe empruntera avec son album suivant, "Native Tongue", mais le public, lui, ne suivra pas.

Les ballades de rigueur, "Life Goes on" et "Something to Believe in", sont réussies. On savait le groupe assez doué dans cet exercice depuis la très belle "Every Rose Has Its Thorn" de l'album précédent. La voix de Bret Michaels sait se faire touchante dans ce registre. Et si on prend le temps d'approfondir un peu, on se dit que C.C. DeVille, le guitariste du groupe, n'est pas le rigolo que l'on pensait. Oui, il sait se servir d'une guitare et il le prouve. Ses solos sont efficaces et bien torchés.

Alors, Poison, des rigolos qui ne savaient pas jouer ? Il n'y a bien que ceux qui ne les avaient jamais écoutés sérieusement qui pouvaient avancer de telles inepties !

"Flesh and Blood" est le dernier gros succès de Poison. Car, malheureusement pour eux, Poison va faire partie de la longue liste des groupes de Hard américains victimes du nettoyage initié par la vague grunge et aura bien du mal à s’en remettre. Comme si ça ne suffisait pas, des tiraillements entre Bret Michaels et C.C. DeVille vont aboutir à l’exclusion du guitariste un an après la parution de cet album.

En recrutant à sa place Ritchie Kotzen, le groupe va orienter son hard festif vers un hard teinté de blues, mais si le résultat artistique est au rendez-vous, ce ne sera pas le cas du succès commercial.


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