Depuis quelques temps déjà, on ressent comme une effervescence, une montée en puissance et une adrénaline de jeunes auteurs, de jeunes musiciens avides de reconnaissances et non avares de talents techniques revendiquant une nouvelle approche musicale.
Comme majoritairement lorsque l’on sent poindre une nouvelle vague, les détracteurs et les fans se veulent aussi acharnés l’un que l’autre pour défendre ou porter au pinacle un nouveau style dont on ne sait s’il sera pérennité ou simple fétu de paille éphémère.
C’est ainsi que depuis quelques temps, les oreilles les plus attentives et notamment les plus jeunes, entendent parler d’un terme revenant bien souvent : le djent.
Particulièrement inappropriée et caricaturale, cette nouvelle appellation se veut avant tout la création de nombrilistes revendiquant une identité musicale fortement inspirée par de grands artistes actuels, et non pas aussi expérimentale et novatrice qu’ils veulent bien le croire. Car lorsque l’on parle de
Periphery,
Protest the Hero,
Bulb ou encore Animals as
Leaders, on pense particulièrement à de très grands artistes réellement expérimentaux tels que
Meshuggah et
The Dillinger Escape Plan en tête.
Se caractérisant par des fréquences de guitares très graves et saturées, étonnamment lourdes, syncopées et dépendantes de la fameuse huit-cordes (créée par les guitaristes de
Meshuggah), le djent n’est en réalité qu’une nouvelle branche d’un métal fortement progressif et technique, saccadé et jouant sur la pluralité vocale.
Il n’est donc pas étonnant d’apercevoir, au détour d’une page web, un nouveau groupe labellisé de la sorte pour apparaître du bon côté de la vague.
Fortement médiatisé avant même leur premier opus (une généralité dans le genre),
Tesseract voit enfin arriver son premier opus après un premier mini-ep "
Concealing Fate" qui avait énormément fait parler de lui, notamment car il leur avait permis de faire la première partie de
Devin Townsend. Rien que cela.
Beaucoup plus mélancolique et émotionnel que les nombreux groupes s’évertuant à surfer sur cette nouvelle source de succès, les britanniques distillent un métal progressif d’une pureté incroyable à laquelle se marie invariablement les éléments propres aux groupes suscités : à savoir des vocaux très variés, des riffs syncopées, une production chirurgicale très grave.
Tesseract pourtant, au concept tout aussi intellectuel que son patronyme (le
Tesseracte étant, en mathématique, un cube quadridimensionnel), tire sa différence de son émotion à fleur de peau et de capacité à développer une atmosphère emplie d’humanité, très charnelle et à l’antinomie d’une production mathématique et glaciale. Mos, le bassiste, contribue fortement à offrir une dimension très jazzy à l’ensemble, très mouvante qui donne à la musique un aspect aventureux, complexe et se créant au fur et à mesure de l’écoute. On ressent une évolution naturelle dans la musique, que ce soit dans "
Lament" ou "
Nascent", les deux premières compositions de "One".
Afin de mettre en avant de manière encore plus grande son premier ep,
Tesseract a inclus, au milieu du disque, la suite "
Concealing Fate", long morceau divisé en six parties. L’hallucinant "
Acceptance" dévoile les multiples possibilités du groupe, passant de riffs à la
Periphery (les bons) à des envolées acoustiques de toute beauté, en passant par des lignes vocales à pleurer de Julien Perier, passant d’un clair limpide et sublime à un chant arraché et viscéral frissonnant. Largement plus beau et émotionnel que les autres groupes
Tesseract n’oublie pour autant jamais une certaine brutalité dans la tristesse. Parfois affreusement technique ("Epiphany– Part Five"), les anglais montrent une maitrise technique impressionnante pour de si jeunes musiciens.
Malheureusement, si tout semble aussi parfait sur le papier et dans la forme, il manque encore à
Tesseract une réelle identité, un mordant propre, un sens mélodique qui ferait que le groupe soit reconnaissable entre mille et non pas un assemblage, certes habile, mais encore relativement impersonnel. Le groupe a un potentiel incroyable indéniable mais se fourvoie parfois dans des morceaux formatés et prévisibles ("
Sunrise"), ressemblant dès lors à un groupe de métal moderne comme un autre.
De même, à force de technicité et de ressemblance avec les icônes bien connues, les anglais peinent à passionner sur l’ensemble de l’heure proposée sur ce premier jet.
Il est probable que les plus jeunes , probablement moins armés pour apercevoir l'ensemble des références de l'album, y verront l'un des albums de l'année (qui changera dans deux semaines) mais il reste néanmoins simple, trop simple, de déceler des influences encore partiellement digérées (particulièrement les parties syncopées ou brutales).
Tesseract, même s’ils ont une longueur d’avance, reste encore ancré dans une certaine masse, où chaque groupe semble tellement vouloir être unique qu’ils en deviennent paradoxalement une masse uniforme, car au final très ressemblant les uns des autres.
"One" restera une demi-réussite, totalement à l’image d’une nouvelle vague se cherchant encore, créant des automatismes et luttant pour ne pas déjà sombrer sous son propre poids. La décadence semble toute proche…gare à l’overdose…
J'avais jamais fait gaffe mais c'est on ne peut plus que valable pour moi aussi...
Et donc là bin ya pas à dire elle est concise la chronique...au départ je me disait que la note était un peu faible, mais finalement, après relecture et réécoute (rapide par manque de temps) et bien franchement elle est parfaitement justifié.
De toutes manière,je pense que j'aurais mis 14 étant donné que je suis loin d'être fan du style. Je le trouve (parfois très) intéressant, certes, mais il ne me fait pas beaucoup d'effet.
Bah moi j'ai 27 ans, et j'ai bien aimé cet album tiens :P
(humour)
Sinon ben, autant j'ai quand même du mal avec toute cette scène (j'ai jamais pu saquer Periphery, mais vraiment pas...) autant cet album (et donc par extension l'EP précédent) m'a beaucoup plus. J'y ai trouvé beaucoup d'émotion, bien plus que dans les autres. Je trouve au contraire qu'il a su forger un univers, certes pas complètement différent, mais reconnaissable.
J'aurais quand même mis un peu plus que 13, ne serait-ce que pour le mélange d'une volonté de se démarquer, d'une technique impressionnante, et d'une émotivité à fleur de peau touchante (perso je demande rien de plus à un album de ce style).
Pour Animals As Leaders, c'est sympa, mais j'accroche pas plus que ça.
Vous devez être membre pour pouvoir ajouter un commentaire