War of Being

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17/20
Nom du groupe Tesseract
Nom de l'album War of Being
Type Album
Date de parution 15 Septembre 2023
Labels KScope
Style MusicalMetal Progressif
Membres possèdant cet album11

Tracklist

1.
 Natural Disaster
 06:06
2.
 Echoes
 05:46
3.
 The Grey
 06:07
4.
 Legion
 06:00
5.
 Tender
 04:37
6.
 War of Being
 11:02
7.
 Sirens
 04:57
8.
 Burden
 06:34
9.
 Sacrifice
 09:34

Durée totale : 01:00:43

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Tesseract


Chronique @ Groaw

24 Octobre 2023

War Of Being est une grande épopée de l’âme à la quête de soi, un paysage sonore stupéfiant et envoûtant

Au milieu de la glace, un cœur pur, embrasé par des émotions vives. Au sein d’une musique froide, un sens de la mélodie et une grâce incomparables. A travers des chemins parfois hostiles, des lueurs d’espoir et une imagination sans frontières. Parmi un certain minimalisme, de l’audace, de l’épique, de l’extravagance dans un milieu résolument contemporain mais aussi hors du temps. C’est par cette description dithyrambique que le majestueux voyage au sein de Tesseract commence. Après déjà deux décennies de carrière, chaque œuvre du quintet est une ode à la liberté et à la fantaisie, le tout avec plus ou moins de réussite. Si les Britanniques avaient frappé fort d’entrée avec One et Altered State avec son univers plus harmonieux et sensible que les groupes de djent qui ont composé initialement cette scène (Meshuggah, Animals As Leaders, The Dillinger Espace Plan), la formation s’était quelque peu perdue sur son dernier album en date Sonder. Pourtant fidèle aux principes de nos musiciens, sa courte durée et son aspect quelque peu décousu n’ont pas eu la même résonance que les autres opus.

Qu’en sera-t-il du petit dernier War of Being ? Modeste, ce cinquième disque ne l’est en tout cas pas par son étendue, un grand sage ayant d’ailleurs dit un jour : plus c’est long, plus c’est bon. Dans notre cas actuel, ce proverbe n’aura jamais été aussi véridique tant cette galette répond à nos exigences, et même au-delà. D’abord, le concept et l’imagerie de cette toile ont été entièrement façonnés puisque, en parallèle de la composition musicale, nos Britanniques ont annoncé la publication d’un jeu vidéo en réalité virtuelle dont ce cinquième ouvrage en est l’entière bande-son. Ensuite, le caractère progressif du collectif s’affirme davantage dans ces neuf nouvelles compositions, aussi bien en termes de contenu que dans une approche que l’on pourrait juger de théâtral. Car War of Being n’est pas simplement un vulgaire coup de pinceau ou un album de prog’ à mettre dans les oreilles de Monsieur et Madame tout le monde, c’est un tableau qu’il faut savoir dompter et comprendre afin d’y percevoir toutes ses subtilités.

Car à la première écoute, on pourrait aisément penser à une suite logique de Sonder avec ces alternances entre passages houleux et sections éthérées. Il serait faux et stupide d’avoir ce ressenti au vu des beaux et nombreux ornements proposés par notre quintet. Certes, le morceau d’ouverture Natural Disaster avec son introduction inhospitalière agrémentée du screaming de Dan Tompkins nous rappelle étrangement la série des Concealing Fate, issue du premier EP du même nom. Pour autant, passé ces quelques instants autoritaires, le collectif nous fait basculer dans une atmosphère bien plus lumineuse et chatoyante, aussi bien sur la mélodie que sur la prestation vocale. La formation nous livre par la suite un groove contagieux caractérisé par ce riffing djent qui nous prend sur une majeure partie de la composition. La polyvalence est sans nul doute ce qui décrit le mieux la chanson et War of Being dans sa globalité. Cependant, le risque est aussi un leitmotiv de ce mets copieux avec quelques expérimentations bien tentées.

Au sein de son riffing et de ses basses accrocheurs, Legion est tout simplement une pure merveille. Dans sa construction, dans cette certaine tension qui nous tient en haleine et dans sa montée en puissance, le morceau nous livre six minutes d’une beauté et d’une émotivité que l’on avait que trop rarement entendu dans la discographie des anglais. L’essai vient ici de cette explosion et agression comme si l’espace d’un court instant, Devin Townsend rencontrait Periphery. Mais ce qui nous laisse littéralement sans voix et sans mauvais jeu de mots sur ce titre, c’est la palette vocale de Dan Tompkins. Comme le bon vin, l’âge semble avoir des bienfaits pour notre chanteur qui atteint des notes presque angéliques dont certaines teintes offrent quelques similitudes à Einar Solberg (Leprous). Même dans un registre screamé pour ne pas dire rageur, cette élégance ne s’éteint aucunement et l’on peut facilement endurer toute cette fureur renfermée trop longtemps. Ces prouesses vocales ne s’arrêtent pas là et notre frontman s’initie même à de nouvelles techniques.

Il faudra attendre le refrain du titre éponyme pour entendre cette évolution vocale, quelques grognements qui allonge un lot de surprises déjà bien fourni. Outre cette curiosité, le quintet britannique s’amuse de riffs lourds et de rythmes aguicheurs, le tout sous un lyrisme poignant. Malgré une longueur conséquente, le morceau se montre pourtant parfaitement cohérent et ne donne pas du tout l’impression de durer onze minutes. Tout particulièrement sur ce morceau, on retrouve des éléments des différentes époques de Tesseract avec l’agressivité des premiers temps, notamment dans le chant screamé de Dan Tompkins. C’est d’ailleurs l’un des rares singles à mettre autant en avant la performance hurlée du chanteur puisque les autres titres préservent la chaleur et la mélodicité de son chant clair.

Seule ombre au tableau, Sirens est une ballade qui ne convainc pas réellement dans le cadre de War of Being. Bien que la composition ne soit pas foncièrement mauvaise et que la performance de Dan Tompkins soit irréprochable, la chanson fait toutefois pâle figure par sa ressemblance avec d’anciennes excursions du groupe et même par sa redondance instrumentale. De même, l’omniprésence électronique principalement en début de mélodie dénature l’aspect émotionnel du morceau, une chanson que l’on oubliera bien rapidement. Reste le final Sacrifice, un autre gros bébé de neuf minutes avec les mêmes acoustiques électroniques que son prédécesseur. La proposition est toutefois bien plus convaincante sur ce titre grâce à une meilleure hétérogénéité, une intensité plus palpable et une mélancolie mieux mise en valeur. En toute honnêteté, la seconde moitié du disque à l’exception du morceau éponyme a tout de même tendance à s’essouffler, bien que les mélodies demeurent d’excellente qualité.

A travers ses deux décennies de carrière, l’univers musical de Tesseract n’a cessé d’évoluer et ce War of Being en est sans doute l’un de ses meilleurs témoignages. Marquant, captivant sans se montrer redondant, ce cinquième album dépeint un décor sonore riche en émotions et en créativité et confirme le gain de maturité et de technicité du quintet britannique. Malgré quelques moments où la formation semble moins inspirée, le groupe peut s’en remettre à un Dan Tompkins étincelant dans sa palette vocale ainsi qu’à des sonorités novatrices bien senties. Disque majeur dans la discographie des anglais, ce nouveau-né est une expérience incontournable pour les amoureux de la musique djent et progressive en quête perpétuelle de découvertes et de singularités.

1 Commentaire

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Ensiferum93 - 26 Octobre 2023:

Merci pour cette très belle chronique Groaw :) j'ai découvert le groupe avec cet album et ne peut donc partager ton ressenti lié notamment à Sirens que j'ai beaucoup aimée, mais je me suis surtout pris une belle claque du début à la fin de l'opus. Tu as su décrire exactement ce que j'ai vécu, avec cette alliance entre Devin Townsend et Periphery et la légère similarité vocale avec le maître à penser de Leprous.
J'ai souvent du mal avec le son très moderne du Djent qui à mon sens manque de chaleur, mais ce Tesseract m'a clairement donné envie de découvrir le reste de la discographie. A réécouter sans modération. 

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