Des groupes comme
Hail of Bullets, il y en a tant et plus depuis quelques années. La vague de "super-groupes" est loin d'être tarie, et les vétérans s'en donnent à coeur joie. C'est ainsi qu'après les Anglais (Lock-Up), les Finlandais (
Chaosbreed) et les Suédois (
God Among Insects) c'est au tour des Hollandais de montrer leur savoir-faire. Disons-le tout net :
Hail of Bullets, c'est l'oeuvre de Martin Van Drunen et Ed Warby, le premier s'étant chargé du concept et des paroles, le second de la musique. Et ça se sent fortement à l'écoute, puisque cette formation navigue entre
Gorefest,
Bolt Thrower et un peu d'
Asphyx.
C'est donc un Death
Old School que ces vieux routiers nous proposent, et non des moindres. Tout l'album baigne dans une ambiance du début des années 90. Entre les variations de rythmes, cavalcades effrénées alternées avec des mid tempo écrasants, et le chant râpeux d'un Van Drunen dans une forme olympique, on est agréablement surpris par la maîtrise de la chose. Et merde !
Hail of Bullets a sorti un des tout meilleurs albums de Death de ces dernières années, et probablement le meilleur de la vague actuelle. C'est dit.
Parlons d'abord musique. L'album démarre, après une intro de bon aloi toutes sirènes hurlantes, sur une tuerie thrashisante, Ordered Westward, suivie de deux titres plus lents mais comptant des accélérations frénétiques. Tout au long de la galette alternent ainsi les ambiances, suivant en cela le déroulement du conflit à l'Est qui constitue la substantifique moelle de l'oeuvre. Car tout l'album est fondé sur la trame écrite par Van Drunen, et les enchaînements de titres se font l'écho des phases de cet affrontement dantesque. Advancing
Once More reprend sur un rythme plus soutenu, celui de l'offensive allemande du printemps 1942, appuyé par un riff principal propice au headbang et un solo mélodique du plus bel effet.
Red Wolves of Stalin accélère encore, et voici venir le premier tribut à
Bolt Thrower sous la forme de Nachthexen, où le riff principal est un décalque exact des meilleures intentions des fantassins anglais, et à nouveau un solo mélodique déchirant de mélancolie en conclusion. Après l'accélération de The Crucial Offensive arrive enfin le summum de l'album à mon goût, l'encore très
Bolt Thrower Stalingrad, dont la construction fait fortement penser au titre Those
Once Loyal. La suite pourrait s'avérer lassante, encore qu'
Inferno at the
Carpathian Mountains envoie sec (et ce solo !), mais c'est surtout Berlin qui conclue à la fois la guerre et l'album, s'avère être une excellente surprise, un titre quasiment atmosphérique, noir, désespéré, à l'instar des derniers défenseurs de la capitale du Reich.
Ed Warby a donc méchamment assuré sur sa part du boulot. On a tout ce qui fait un grand album, avec comme ingrédients des passages rapides furieux d'où le blast est proscrit, des passages mid tempo écrasants, des soli mélodiques de toute beauté, des breaks assassins et surtout, surtout, ce qui fait définitivement tout le charme de cette oeuvre... le chant de Van Drunen ! Car le Hollandais lunatique est de retour en très grande forme et nous fait profiter d'une prestation incroyable. Son chant rauque, râpeux, poussif convient parfaitement au genre et donne par moments des frissons, comme sur ces longs cris qui accompagnent parfois les reprises de break. Il prouve ici qu'il fait partie de la légende du Death
Metal, dont il est sans le moindre doute possible un des meilleurs vocalistes. Et à ceci ne s'arrête pas son mérite, puisque c'est sur son concept et ses paroles, redoutablement documentés, qu'est bâtie toute la structure de la musique. Il est difficilement concevable de composer un album qui colle à ce point à l'histoire racontée. Tout au long des titres, on ressent la dimension épique et sombre du choc entre deux titans et l'horreur d'un conflit où l'homme, le soldat, n'a plus sa place.
Pour finir, la production est remarquable, extrêmement puissante mais absolument pas synthétique ou stérile. Les guitares grésillantes et le chant sont particulièrement mis en avant, mais la batterie et la basse ne sont pas en reste, même si les fréquences basses ne sont pas celles qui ont été le plus avantagées au mix. Du reste le son est quasiment parfait, agressif, sale, mais audible et idéal pour une écoute avec le volume à fond.
On ne peut qu'espérer, face à une telle maîtrise, que le groupe ne va pas s'arrêter là, et que
Hail of Bullets continuera à nous gratifier d'albums d'un tel niveau, tant il est devenu rare d'avoir à se mettre sous la dent et dans les oreilles quelque chose d'aussi puissant, d'aussi cohérent et d'aussi fanatiquement jouissif.
Ni plus, ni moins ...
Fabien.
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