Odyssey into the Grey

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18/20
Nom du groupe Lost In Grey
Nom de l'album Odyssey into the Grey
Type Album
Date de parution 05 Avril 2024
Style MusicalMetal Symphonique
Membres possèdant cet album4

Tracklist

1.
 The Entourage
 07:00
2.
 The Bottomless Pit
 07:52
3.
 Time
 08:51
4.
 Two Wolves
 05:25
5.
 A New Dawn
 05:56
6.
 Vem Kan Segla Fooerutan Vind
 07:09
7.
 Hailuoto
 06:47
8.
 Odyssey into the Grey
 11:00

Durée totale : 01:00:00

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Lost In Grey


Chronique @ ericb4

13 Avril 2024

L'album de la consécration pour le combo finlandais, tout simplement...

De fil en aiguille, l'ingénieuse araignée tisse solidement sa toile... Nous ayant laissés sur un mémorable troisième album studio, « Under the Surface », il y avait fort à parier que le combo finlandais créé en 2013 à Hyvinkää par le compositeur, guitariste, claviériste et vocaliste Harri Koskela (Embassy Of Silence, Emperage, ex-Thaurorod, ex-Dotma, ex-Star Insight) n'en resterait pas là. Pari gagné ! Aussi, le collectif nord-européen reviendra-t-il dans la course, trois ans plus tard, avec, sous le bras, un quatrième opus de longue durée, « Odyssey into the Grey », signé, lui, chez El Puerto Records. Un album de la démesure annonçant quelque 60 minutes au compteur sur lesquelles s'enchaînent sereinement huit opulentes pistes. Ce faisant, ce quatrième élan sera-t-il celui qui permettra à nos acolytes de les compter parmi les si rares valeurs de référence de l'espace metal symphonique à chant mixte à dominante féminine ?

Dans ce dessein, un léger remaniement du line-up s'est opéré. S'il s'est entouré une fois encore des talents de Anne Lill Rajala, au chant, Emily Leone, au chant et au violon, Miika Haavisto (ex-Cluster C), aux guitares, Aapo Lindberg (ex-Dotma), à la basse, Teppo Ristola (Paara, The Crescent, ex-Damngod, ex-Isengrim, ex-Mörbid Vomit...), à la batterie, Harri Koskela a également fait appel au fin doigté du guitariste Jarno Suodenjoki (Embassy Of Silence, Emperage, Kiana). Pour l'occasion, afin de conférer une ''symphonicité'' plus affermie encore au projet, ont été sollicitées l'empreinte vocale de Andi Kravljača (Aeon Zen, Nergard, Nibiru Ordeal, ex-Silent Call, ex-Seventh Wonder...) au même titre que les orchestrations de Francesco Ferrini (Fleshgod Apocalypse, feu Strider, guest chez Amorphis, Angra, Draconicon, Kreator, DragonForce...). Artistes émérites au sein desquels s'inscrivent encore des chœurs d'adultes et d'enfants d'une confondante puissance et des plus enveloppants. Excusez du peu !

Resté fidèle à ses fondamentaux, le combo nous livre là encore un propos metal mélodico-symphonique folk et progressif, à la fois volontiers impulsif, des plus ensorcelants, un tantinet théâtralisant, un brin romanesque, où, planent à nouveau les ombres de Nightwish, Amberian Dawn (première mouture), Xandria, Therion, Leaves' Eyes et Lyriel. Dans la veine oratoire du précédent effort, une triangulation en voix claires nous est adressée, où les rocailleuses impulsions d'Harri viennent tout naturellement en contre-point des limpides patines d'Anne, la parolière du groupe, et d'Emily. Est-ce à dire qu'un bis repetita à l'exclusion de toute autre alternative, qui, précisément, eût conféré à cette rondelle toute son originalité, serait au bout du chemin ?

Produit par Harri, mixé et mastérisé aux Black Lounge Studio en Suède par leur propriétaire qui n'est autre que Jonas Kjellgren (pluri-instrumentiste et vocaliste chevronné (Ironmaster, ex-Scar Symmetry, ex-Carnal Forge, ex-Centinex...), déjà sollicité par Amorphis, Bloodbound, Civil War, Dynazty, Leprous, Sabaton, Sonic Syndicate, entre autres, pour le mix/mastering de certains de leurs albums), l'opus témoigne d'une qualité d'enregistrement de fort bonne facture, faisant alors fi de toute sonorité parasite, tout en dispensant un mix parfaitement ajusté entre lignes de chant et orchestrations. Autant d'indices qui laissent à penser que le temps aura joué en la faveur du combo finlandais et que l'on sera dès lors entré dans une tout autre dimension...


Flirtant volontiers avec la fibre progressive, et ce, de trois manière différentes, le combo parvient alors à nous aspirer dans la tourmente sans avoir à forcer le trait. Ce qu'atteste, en premier lieu, « The Entourage », sculpturale piste polyrythmique d'obédience metal symphonico-progressif, ''nightwishienne'' en l'âme. Mis en exergue à la fois par les fluides inflexions de deux sirènes en parfaite osmose – alors escortées par une muraille de chœurs que rien ni personne ne songerait à enrayer la marche en avant –, et par les abyssales impulsions d'Andi, et densifiant graduellement et opportunément son assise orchestrale, cet opératique mouvement n'aura pas tari d'armes pour asseoir sa défense et se jouer des nôtres. Dans cette veine s'inscrit également « Vem Kan Segla Förutan Vind », une plage classieuse aux effluves power où tant des chœurs d'enfants en parfaite harmonie que deux passages technicistes judicieusement positionnés et des plus vibrants sont mis à l'honneur. Et la magie opère, là encore.

Dans une même logique, le collectif a, par ailleurs, accolé une teneur un poil plus romanesque à son message musical. Ainsi, le ''xandrien'' « The Bottomless Pit » déverse, lui, ses quelque 7:52 minutes d'un spectacle aux moult rebondissements rythmiques, au sein duquel s'enchaînent de ragoûtants arpèges d'accords, et bénéficiant d'arrangements instrumentaux et de finitions aux petits oignons. Encensée par les angéliques impulsions de deux déesses au faîte de leur art, alors greffées sur un sillon mélodique délicatement ciselé et des plus prégnants, et ne relâchant son étreinte qu'en de bien rares instants, c'est sans ambages que l'hypnotique fresque s'assimile à l'une des pépites de la rondelle. Mais là n'est pas l'argument ultime de nos compères pour tenter de nous rallier à leur cause...

C'est, enfin, au cœur de plus amples pièces en actes symphonico-progressive encore que nous conduisent nos acolytes, non sans laisser quelques traces indélébiles dans les mémoires de ceux qui y auront goûté. Ce que prouve, tout d'abord, « Time », ''therionien'' mid tempo progressif aux riffs crochetés ; un voyage de près de neuf minutes au sein d'un cinématique et enchanteur îlot attend celui qui y aura plongé le pavillon. Laissant entrevoir une belle gradation rythmique du corps orchestral et de saisissants contrastes atmosphériques et oratoires – d'anxiogènes et abyssales modulations masculines venant alors en contre-point de limpides oscillations féminines, et ce, dans un étrange ballet des vampires –, l'émotion requise sera assurément au rendez-vous de nos attentes. Mais ce serait le titre éponyme de l'opus, « Odyssey into the Grey », qui détiendrait la palme : pas moins de 11 minutes d'un parcours épique et abondant en coups de théâtre nous sont octroyées. Un break étiré mais opportun et sous-tendu par le troublant récitatif d' Andi se verra, lui, balayé par une bondissante reprise mise en relief à la fois par les cristallines volutes féminines et par des chœurs d'enfants en parfaite osmose. Bref, une soufflante et luxuriante offrande en guise de fermeture de ce chapitre, laissant à penser que l'on serait aux prises avec le masterpiece de l'œuvre.

Si la part belle a été faite aux amples pièce en actes metal symphonique progressif, le propos ne s'y est pas réduit exclusivement, des plages tantôt tempérées, tantôt romantiques, et des plus impactantes, s'inscrivant conjointement dans la trame de la pléthorique galette. Ce que prouve notamment « Two Wolves », intrigant mid tempo ponctué de puissants et métronomiques roulements de tambour et d'incantations féminines semblant émaner du fin fond des âges. Si une ample entame instrumentale à la coloration folk ainsi que de seyantes gammes pianistiques s'offrent à nous, elles finiront par céder le pas au chatoyant récitatif d'Andi et, par effet de contraste, à de claires et troublantes ondulations féminines.

Lorsqu'ils nous mènent en des espaces ouatés, c'est d'un battement de cils que nos compères trouvent les clés pour déclencher la petite larme au coin de l'œil. Ce qu'illustre, d'une part, « Hailuoto », ballade atmosphérique folk d'une infinie délicatesse, que n'auraient sans doute reniée ni Leaves' Eyes ni Lyriel ; sous-tendu d'un violon mélancolique et d'un sensible slide à la guitare acoustique, alors en parfaite harmonie, parallèlement tout de fines nuances mélodiques cousu et mis en habits de soie par les troublantes volutes d'une interprète bien habitée, ce frissonnant élan fera assurément fondre plus d'un cœur en bataille. Dans cette mouvance, on ne saurait davantage esquiver « A New Dawn », ballade romantique jusqu'au bout des ongles, au regard de l'infiltrant cheminement d'harmoniques qu'elle nous invite à suivre. Magnifié là encore par une ''sirénienne'' et caressante empreinte féminine que corrobore une frissonnante et massive chorale, et se chargeant en émotion au fil de sa progression, le soyeux effort fera assurément plier l'échine à plus d'une âme rétive.


Au terme d'un voyage au long cours dans une mer houleuse que son apparente limpidité ne saurait dévoiler, dont les insoupçonnés et grisants assauts auraient pour corolaire quelques îlots d'enchantement parsemés çà et là sur notre route, un agréable sentiment de sérénité, sinon de plénitude, nous gagne. Tenter de surpasser un rayonnant « Under the Surface » relèverait de la gageure pour bien de leurs homologues, ce que démontre pourtant son digne héritier : exploitant plus encore la fibre progressive, à laquelle s'adjoint volontiers une envoûtante touche folk, sans pour autant nous égarer dans de frustrantes longueurs technicistes qui ne s'imposeraient pas, tout en sauvegardant des mélodies aussi gracieuses et enivrantes que finement ciselées, le combo finlandais disposerait alors d'un arsenal esthétique plus impactant aujourd'hui qu'hier, apte à maintenir l'attention du chaland constante, de la première mesure au souffle ultime de l'offrande.

On ne saurait, par ailleurs, se soustraire ni aux poignantes joutes oratoires dispensées, au sein desquelles s'inscrivent parfois des chœurs en liesse, ni aux émoustillants harmoniques égrainés. Et si les exercices de style octroyés peuvent semblent quelque peu stéréotypés, et les prises de risques plus discrètes qu'attendues, tant la charge émotionnelle générée que la qualité de sa production conféreront à ce quatrième élément magnificence, délicatesse et élégance. Autant d'atouts susceptibles de propulser dès lors la troupe nord-européenne au-delà des valeurs confirmées, soit à deux petits doigts des valeurs de référence du registre metal symphonique à chant mixte à dominante féminine. L'album de la consécration pour le combo finlandais, tout simplement...


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