Tu n’as pas la gouaille de Paul Di’Anno, le style catchy d’un
Angel Witch, ni l’originalité de
Diamond Head, la puissance de feu des Tygers of Pan
Tang non plus, l’agressivité d’un
Satan encore moins. Je vois clair dans ton jeu: Tu es forcément un pitoyable second couteau de la New Wave of British Heavy
Metal. A moins que ta persévérance indiscutable ne te présente sous un jour plus régulier que ces noms prestigieux. Besogneux, acharné ? Tu es
Demon et tes prestations restent mémorables. En 1981, ton frontman sanguinolent sort chaque soir d’un cercueil sous les acclamations d’un public anglais pas encore blasé par les shows grand guignolesques dont un certain Eddie va bientôt calmer les ardeurs. Mais d’où sortent donc ces gars?
« Partout où l’on regardait, on voyait ces saloperies de terrils, baignant dans une saleté de fumée de cheminée. » Lemmy Kilmister - White Line Fever, 2002.
C’est en ces termes pas spécialement élogieux que l’homme à la Croix de Fer décrit sa région natale des Potteries, environnant Leek, ville où réside encore le chanteur Dave Hill. C’est donc à Leek, qui, en français, signifie poireau, dans les West Midlands, et donc, dans un des meilleurs terreaux du Heavy
Metal britannique, que Hill et le guitariste Malcolm Spooner fondent ce projet démoniaque au cours de l’hiver 1979.
Le line-up originel inclue Clive Cook à la guitare lead, Paul Riley à la basse et déjà John « Crow » Wright derrière les toms. Rapidement repéré par la légende locale Mike
Stone et son label Clay, cette formation va réaliser le single
Liar le 5 août
1980. Le siège de Clay Records est à Hanley, dans les Potteries et donc dans le voisinage de
Demon. Sous la houlette de ce cador, Mal Spooner apprend vite les ficelles.
Stone reviendra par la suite apporter son soutien au groupe de Leek mais, pour l’heure, il se consacre à d’autres enfants du pays: les Punks Crust de
Discharge dont plusieurs membres feront un passage dans le groupe de Dave Hill. Le label français Carrere, très heureux de son deal avec
Saxon, imagine avoir trouvé un filon et signe
Demon… De retour aux
Cargo Studios de Rochdale, lieu familier des musiciens depuis
Liar, la formation a sensiblement évolué et c’est désormais Les Hunt qui compense brillamment les départs de Cook et Riley. Spooner compose et Dave Hill se charge des textes. L’album sera mixé par Pete Hinton (
Saxon,
Witchfinder General) et produit par les musiciens eux-mêmes pour un résultat stupéfiant: le son est à la fois vivant et monstrueux, tout ça n’a pas pris une ride.
On peut distinguer assez aisément une face A, donnant un
Hard et Heavy anglais, de la suivante. Tout débute sur une ambiance de film d’horreur : ricanements sardoniques, orgue pompeux avec ce rise rise rise répété à l’envie qui semble monter du fond des âges et c’est parti pour vingt minutes de train fantôme. Des duels ébouriffants entre le soliste Les Hunt et Spooner se dégage une beauté réelle. Ces passages évoquent Accept et aussi le
Scorpions période Lovedrive/Magnetism, tant les parties de guitares sont intenses et le phrasé mélodique. Father of Time est un mid-tempo à l’atmosphère travaillée et mystique:
« I count the cost
I was there at cavalry
When he died on the cross
I’m the father of time”
L’effet est garanti mais le meilleur est dans les autres pistes de cette face imparable. Le title track est un hymne évident. Tout est au top, décuplé par la voix chaude et sublime de Dave Hill, et on n’en peut plus d’attendre le retour des refrains! Le timbre de l’Anglais a quelque chose du chanteur de
Survivor Dave Bickler, en plus puissant.
Et l’autre face alors? A l’exception d’un
One Helluva Night qui conclue les débats avec force et sans fioritures, on s’écarte sensiblement du genre NWOBHM.
Liar réenregistré est efficacement embelli par rapport à la version initiale 7’ en vinyle rouge que votre humble serviteur couve avec jalousie… Après examen des chromes rutilants de cette face B, on a le sentiment d’avoir traversé l’Atlantique. La pétarade des Harley, Moto Guzzi,
Triumph et Norton est réglée au quart de tour et l’oreille avertie du mécano de conclure que l’ensemble sera sans tâche et sans fuite d’huile. Un Blues Rock ébranle les fondations du studio sur Big Love. Le registre
Hard Rock pour bikers old-school de
Ram Jam et de l’antédiluvien
Steppenwolf s’invite sur un Fool to Play the
Hard Way aux choeurs entêtants, tout comme sur le single Ride the
Wind.
Night of the Demon sort en juin 1981, autant dire au plus fort de l’épique bataille d’Angleterre que se livrèrent les combos de la NWOBHM, et se démarque de cette mouvance par son côté lisse et propre. Un bassiste est bientôt recruté en la personne de Chris Ellis, ancien membre du
Hunter de Les Hunt. Son premier concert dans
Demon a lieu en octobre et il y jouera jusqu’en 1983. Mike « Golden Ears »
Stone continuera à épauler Dave Hill et ses musiciens envers et contre tout. Rien n’épargnera le groupe: une direction Prog Rock trop audacieuse vers 1983-85, des changements de line-up incessants et surtout la perte inconsolable de Malcolm Spooner décédé le 10 décembre 1984, une semaine après avoir finalisé le très floydien
British Standard Approved. Dave Hill persistera malgré les coups du sort à sortir des albums de bonne facture heureusement attendus par la poignée de fidèles de cet artiste à la voix d’or. Enfin, sachez que celui qui me fera savoir qui est l’auteur du superbe artwork de ce joyau aura droit à ma reconnaissance éternelle…
D'accord avec toi Sam, Night of the Demon est sympa bien entendu mais The Unexepected Guest est un cran au dessus à mon humble avis.
Je dois reconnaître que si ma préférence va au premier LP, The Unexecepted Guest dégage une grande force et forme aussi un assemblage plus homogène.
Achete en vinyle l'an passé dans la boutique de Sue à Lectoure, la chronique m avait bien plu et 1 bon album de NWOBHM est toujours sympa à posséder.
Chose faite, j ai réécouté ce très bon album et doit avouer que la chronique est d'une grande justesse.le groupe a 1 son resolument moderne et propre pour 1981.
Ne possedant que ce dernier je ne peux donc pas juger de la qualité des suivants mais ce courant musicale d outre manche fut d une sacrée creativité.
Les écoutes successives me donnent à penser que Thin Lizzy a influencé le groupe ainsi que whitesnake/deep purple. Des réminiscences stylistiques des groupes précités se font sentir au cour des ecoutes.
Vraiment sympa.
Un bon album de Hard Rock typique des années 80, avec des compositions régulières, mais sans temps forts.
16/20
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