Connu pour ses albums thématiques inspirés de personnages historiques et d'histoires du passé,
Serenity continue son petit bonhomme de chemin après avoir exploré les aventures de Christophe Colomb, Beethoven, Francis Drake,
Casanova, en passant également par Léonard de Vinci, Richard Cœur de
Lion et de l'empereur romain Maximilien Ier. De ce fait, il ne faut pas s'étonner que leur attention se soit portée une fois de plus sur une autre grande figure, le nommé Albrecht Dürer (1471-1528), un peintre allemand né au XVe siècle, lié à Léonci et patronné par ledit Maximilien Ier en 1512. Cela faisait déjà quelques années que ce personnage historique voulait être mis sur le devant de la scène par le chanteur du groupe, Georg Needhauser, puisque l’intéressé, également professeur d’histoire à l’Université d’Innsbrück, se régale toujours lorsqu’il s’agit d’évoquer de grands personnages de l’époque.
Ainsi, «
Nemesis AD » est un disque qui reste dans le style traditionnel de nos Autrichiens puisqu’il semblera plutôt familier aux aficionados du groupe, tout en contenant néanmoins quelques surprises. A l’évidence, le disque contient toujours ce mélange
Power-Prog
Metal, couplé à de la musique Folk et Symphonique, rendant de facto ce nouveau-né particulièrement solide. Aussi, comme à leur habitude, ils nous gratifient une fois de plus de refrains très prenants et envoûtants, alors que du côté historique des choses, cet opus agit comme une sorte de suite à leur effort précédent «
The Last Knight » du fait du lien entre Maximilien Ier et Albrech Dürer, et il est donc normal que ces deux disques soient une odyssée narrative riche qui peut être suivie proprement d'un bout à l'autre.
Dès lors, après une ouverture instrumentale plutôt théâtrale et dramatique ayant pour nom "
Memoriae Alberti Dureri" (où les bruits de combat à l'épée se chevauchent avec ce qui ressemble à une chorale d'église), nos talentueux musiciens nous font ensuite entrer directement dans l'action avec "The
Fall of Man" ; titre ressemblant fortement à
Kamelot, ce groupe de
Power Mélodico-Symphonique duquel participe son ex-chanteur, Roy Khan (dont vous savez l’admiration sans faille que je lui voue), où les mélodies élégantes, les riffs de guitare mélodiques et les merveilleuses harmonies vocales élèvent le drame et la portée épique de la chanson. A l’évidence, la combinaison des voix de Roy et Georg renforce encore le lien qui unit
Kamelot et
Serenity, puisque, par cette union, la ressemblance entre les deux groupes est encore plus frappante. D’ailleurs, cette comparaison ne s’arrête pas là, se ressentant d'ailleurs davantage sur le grandiloquent "Sun of
Justice" qui possède une section médiane lourde, des solos encore plus haut de gamme et une forte ambiance Moyen-Orient se poursuivant sur "
Nemesis", un véritable joyau tout aussi dramatique, sombre, nerveux et progressif, qui contient une grande quantité de riffs captivants couplés à de l’instrumentation Folk.
A contrario, "Soldiers Under the
Cross" ralentit un tantinet les choses pendant un moment, puisque commençant comme une douce ballade de style médiéval, elle devient de plus en plus puissante à mesure qu'elle progresse, pile au moment où Georg Neuhauser décide de nous gratifier d’une performance mémorable et magnifiquement mesurée qui, d'ailleurs, se poursuit sur "
Reflections (of AD)" ; une épopée fantastique de huit minutes à la fois puissante et déchirante, qui ensorcelle littéralement l'auditeur grâce à son instrumentation impressionnante et ses changements brillants, faisant de ce must le morceau le plus diversifié de tout l'album.
Dans cette catégorie de titres surprenants, "Ritter,
Tod Und
Teufel (Knightfall)" ravira les fans car sa particularité unique de présenter d'excellentes orchestrations où l'on entend pour la première fois dans l'histoire de la formation des paroles chantées dans la langue de Goethe, a de quoi nous interpeller. On sera non moins surpris par la présence d'un orgue d’église dans ce numéro plus rythmé et énergique, le tout apparenté d’un refrain envolé et associé d’arrangements orchestraux et de couches de mélodies des plus délectables.
Du reste, après le très solide "
The End of
Babylon" offrant une nouvelle fois un autre refrain monstrueux, un décor grandiloquent et majestueux avec un somptueux éclat
AOR, la ballade "Crowned by an
Angel" fait son entrée et, une fois de plus, nous avons-là des orchestrations majestueuses, des cordes gonflées, des voix délicates et puissantes, le tout accompagné d’un autre refrain massif, tandis que "The Sky Is Our Limit" offre, lui, une dernière dose de drame et d’arrangements riches avant que la version orchestrale de l'ouverture "The
Fall of Man" (sans Roy Khan cette fois) ne clôture l'album sur une note mélancolique.
Pour faire simple, cette œuvre de
Serenity est un opus magnum de taille dans la discographie de nos Autrichiens, car, à son écoute, nul doute que ce «
Nemesis AD » est une autre prestation forte de l'un des groupes de
Power Metal les plus constants, puisqu’il s’agit-là d’un excellent exemple de grandeur, de simplicité, d’audace et de satisfaction de ce genre lorsqu'il est exécuté par des experts.
Définitivement, si l’on prend en compte la haute qualité de la musique, le bon équilibre entre les éléments orchestraux et les instruments "
Metal", sans oublier une production qui donne à l'ensemble une touche cinématographique, il serait inconcevable que «
Nemesis AD » ne place pas
Serenity sur un magnifique piédestal car même si la vie et l'époque d'un peintre et d'un philosophe du XVe siècle ne vous intéressent pas, le contenu musical proposé pourrait, dans une certaine mesure, contribuer à vous faire changer d’avis. Bref, étant exultant, mélancolique, triste mais triomphant, ce huitième bébé figurera dorénavant fièrement parmi les plus belles œuvres de
Serenity.
Merci pour ce regard affûté porté sur une oeuvre magistrale, sinon majeure, de l'une des grandes pointures actuelles du PMS. Ayant également parcouru cet opus dans son entièreté, je partage totalement ton analyse comme ton ressenti. Pour ma part, tous les ingrédients sont ici réunis et savamment combinés pour nous offrir 45 minutes de pure jouissance auditive. Bref, une bien belle surprise de cette fin d'année que ce rayonnant album, du moins, en ce qui me concerne, que ta plume tend d'ailleurs à sublimer!
Holala, je ne sais quoi dire Eric! Ça me touche beaucoup!
Je dois t'avouer que lors de la première écoute je suis resté scotché! Je ne me souviens pas d'un tel niveau de la part de Serenity! Réussir a encore captiver l'attention après huit albums c'est vraiment splendide! Je suis encore plus impatient de les voir sur scène après ça!
En tout cas, je ne te remercierai jamais assez pour tout ce que tu as fais pour moi! Que ce soit tes remarques, tes conseils et même tes découvertes...
Bref, merci merci et encore merci!
desole je n'accroche pas .C'est tres bien construit avec des musicos haut de gamme mais cela ressemble trop a temperance.Faut dir aussi que cela fait deux mois que je ne deccroche plus d'opera magnia beaucoup plus symphonique et qui passe inapercu dommage
@founzi : ah! Les goûts et les couleurs hein! On peut pas tout aimer, et aimer la même chose que tout le monde! Petite correction neanmoins, ce serait plutôt Temperance qui ressemble à Serenity! Ils existaient bien avant eux. Qui plus est, Marco Pastorino est membre des deux groupes, il est donc normal que la touche puisse être identique sous certains aspects!
Pour ma part, je préfère Serenity mais le dernier Temperance est une bombe! Merci en tout cas pour ton ressenti!
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