Le
Metal Progressif (ou Prog
Metal) se définit par la complexité des structures de titres longs, par l’utilisation, parfois, de rythmes inhabituels mais aussi par une grande variété de mélodies différentes au sein d’un même morceau. L’ensemble de ces caractéristiques particulières forme les fondements les plus singulièrement symptomatiques de ce mouvement. Pourtant aujourd’hui, dans une sorte de réflexion plus large, il suffit d’user d’une seule de ces différentes caractéristiques pour être systématiquement estampillé de l’influence prog. Ainsi voit-on naître dans toutes les mouvances, de la plus extrême à la moins virulente, nombre de groupes subitement affublés de cette particule supplémentaire. Soit. Mais si cette attitude, pas totalement injustifiée, peut se défendre, elle a, tout de même, comme fâcheuse tendance déconcertante de vulgariser un genre qui, par définition, ne peut pas l’être.
Si
Serenity, quant à lui, ne peut nier ses influences progressives, défendant une musique essentiellement Heavy/
Power Metal, il aura su en extraire les stigmates les plus, à mon sens, essentiels. En atténuant cette sacro-sainte complexité dans laquelle certains groupes s’enferment de manière inepte en composant des titres où s’empilent des strates invraisemblables d’instruments diverses, de mélodies plus impénétrables les unes que les autres, de constructions de plus en plus improbables, dans une maestria, certes, exemplaire, mais où l’émotion première et primordiale est dispersée et diluée, ces Autrichiens nous offrent une expression certainement moins alambiquée, mais assurément plus efficace que celle d’autres dans un genre similaire. Là où, en effet, d'aucuns font de cette habitude insensée de construire ce genre de titres abscons,
Serenity donne à entendre davantage de discernement et une parcimonie intelligemment réfléchie.
Ainsi des titres tels que les excellents All Lights Reserved,
Rust of Coming Age,
Coldness Killers ou encore The Heartblood Symphony sont, bien évidement, agrémentés de pianos, synthés et divers éléments "symphoniques", mais dans la démarche subtile d’une parure, et non pas dans celle, fatigante, d’éléments indispensables de composition. Sur ces morceaux, n’oubliant jamais l’aspect fondamental du riff de guitare et celui essentiel du break inhérent au prog, le groupe ajoute, de surcroît, son talent évident pour la mélodie et pour l'élaboration de refrains délicieusement salvateurs.
La ballade Fairytales, quant à elle, bien que conventionnelle, offre aussi, un très joli moment.
Dans cet océan de nuances, seul un titre tel que le trop typiquement, mais non moins excellent,
Power Metal véloce de To
Stone She Turned, pourrait apparaître comme décevant, et ce, malgré, une fois encore, son très bon refrain.
Influencé par de nombreux groupes tels que
Nightwish,
Sonata Arctica,
Kamelot, Nevermore,
Threshold, dont on retrouve, de manière infime, les parfums disséminés, notamment dans les chants, admirables, et les guitares, magnifiques,
Serenity réussit superbement à en définir un caractère qui lui est propre. Cette habileté, déjà grande, avec laquelle le groupe nous suggère des titres variés très enthousiasmants, est sublimée, encore, par l’usage inaccoutumé de certains éléments propres à d’autres genres plus extrêmes. Ainsi des morceaux tels que
Rust of Coming
Ages et Oceans of Ruby se voient parés de quelques chants aux voix Death, pour un résultat très intéressant.
Fallen Sanctuary est donc un album de
Power Metal varié aux influences Prog très prononcées. Débarrassées des empreintes les plus désagréables de ce genre, parfois, abscons, il nous propose, dans un ensemble brillamment produit, une œuvre très attachante.
Je les ai vus à Paris ce 21 ami en première partie de Delain et j'ai énormément apprécié (étant pourtant difficile)
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