Le premier album des italiens était sorti sur l’obscure label Headfucker Records et n’avait bénéficié ni de gros moyens (pour être plus clair, avait un son de merde), ni d’une distribution digne de ce nom. La signature avec le label français Holy Records va totalement changer la donne et le bond en avant sur
Negative Prevails (1999) s’avèrera phénoménal.
Holy n’est pourtant pas vraiment porté sur le Death
Metal, tout du moins son catalogue est entièrement basé sur des combos à ambiances, atmosphériques ou mélodiques :
Natron est donc le tout premier combo de Death
Metal dans les règles de l’art à bénéficier d’une signature sur ce label géré par Philippe Courtois, plus connu sous le nom de
SAS De L’Argilière dans
Misanthrope.
Il aura donc fallu attendre la 47ième production de la maison de disque pour se lancer dans le Death
Metal et pour cette grande première, le design a été très soigné (comme souvent avec Holy Records) avec un beau petit digipack qui va bien, malgré une pochette pas plus attrayante que ça. Alors le pari est-il gagné ? Vérifions ensemble :
L’intro est longue et basique mais nous met bien dans le concept : on imagine ainsi un serial killer tapi dans le noir attendant patiemment sa prochaine victime, car
Natron est toujours passionné par les tueurs, découpeurs en rondelles et autres déchiqueteurs de membres notoires.
By
The Dawn Of The 13th nous conte d’ailleurs la douce histoire d’un gentil monsieur tout dingue qui invite 12 personnes à dîner chez lui dans le but de les bouffer en dessert, mais là trêve de plaisanterie, quand démarre la musique ça ne plaisante pas : lourdeur dantesque dès les premières notes ainsi que riffs complexes mais posés sont au programme, du Death plutôt technique, moins désordonné que sur
Hung,
Drawn And Quartered et basé sur des mid-tempo sans pour autant négliger quelques accélérations.
Deux autres élément tranchent avec leur précédente réalisation : d’abord le trio est passé en quatuor, en effet
Natron a embauché un chanteur nommé Mike Tarantino au timbre particulier et à la voix profonde, puissante et précise, Lorenzo Signorile abandonnant les vocalises pour se consacrer uniquement à la basse. Ensuite au niveau du son si on compare au premier album c’est le jour et la nuit et c’est normal, fini les obscures ingés-son payés au black dans les caves de Cosa Nostra, Max Marzocca et ses sbires ont pris la direction de la Suède et du fameux
Abyss studio de Peter Tägtgren, relayé pour cette fois ci derrière les manettes par son frère Tommy.
Au niveau musique que dire sinon que les 7 compos (et une reprise) de
Natron proposent un Death
Metal de haute volée ? Pyheretic propose un Death brutal et pourtant entièrement maîtrisé, sans négliger quelques ambiances inquiétantes et riffs dissonants qui collent bien à leur concept, ainsi que des parties vocales de Mike qui posent de façon impressionnante et le solo de Domenico terminant le titre en tourbillon. I
Bleed Black est basé sur des plans plus simples (mais toujours inabordables par le guitariste lambda cependant, surtout la basse) et joue énormément sur le rythme et l’efficacité.
Posed To
Slaughter monte encore l’intensité d’un cran avec un départ en trombe dans des riffs alambiqués, on osera ici une comparaison justifiée et mesurée (
Natron possède une identité bien propre) avec
Necrophagist tellement le morceau est à la fois complexe et percutant, seuls manquent les soli mélodiques.
Une instrumentale avec un arpège et hop, une petite pause café avant la deuxième partie du CD : judicieux, et le contraste et bien sûr saisissant lorsque A Religious Sickopathic embraye avec ses passages mi-brutaux, mi-mélodiques à la fois (ben oui c’est comme ça si vous captez rien achetez le disque !) très accrocheurs, des breaks intéressants ainsi que quelques mid-tempos bien lourds qui parsèment ce titre.
Bewitched By The
Engraved comporte lui aussi son lot de passages techniques avec un gros travail de la section basse / batterie sur des schémas alambiqués et saccadés. Cozmic Autopsies clôt ce chapitre sans fausse note sur une chanson aussi rapide que technique, et même si j’en parle peu dans cette rédaction car c’est souvent une constante chez les groupes de
Brutal Death, un gros boulot du batteur Max Marzocca : précis, cogneur, technique, varié, la classe.
Comme je vous l’ai dit plus haut, ce disque contient aussi une reprise, mais pas une énième de
Slayer ou
Metallica comme c’est trop souvent le cas (c’est lassant à
Force), mais bel et bien du groupe de Rock Police :
Message In The Bottle, rebaptisé sur le coup
Message In A Coffin. Forcément le morceau a subit quelques modifications sympathiques ainsi qu’un boostage en règle, mais le refrain est parfaitement reconnaissable : jolie clin d’oeuil et preuve d’un éclectisme musical certain.
Si on récapitule :
Un bon en avant stratosphérique par rapport au premier album.
+Un Death technique fort bien ficelé, varié et des compos percutantes.
+Des musiciens tous excellents dans leur domaine.
+Un son béton.
= Un très bon album de Death
Metal, même si passé à moitié inaperçu, peut-être à cause de sa non présence sur les labels estampillés Death, peu importe ce skeud est une tuerie et je ne peux que conseiller à tout le monde de se le procurer.
Natron est devenu depuis lors la tête de proue du Death
Metal italien et pondra régulièrement quelques productions de Death
Metal de qualité sans égaler toutefois ce
Negative Prevails mais toujours dans un style reconnaissable : avis aux amateurs.
BG
Personnellement je trouve au contraire que la voix de Tarantino (pas quentin hein...) apporte une personnalité propre à Natron, de plus leur musique est bien équilibré entre parties techniques et pur Death Metal : c'est peut-être un peu le problème pour toi en fin de compte : ils ne se lachent ni d'un côté ni de l'autre, restant en équilibre des deux côtés de la barrière. J'apprécie ce côté chez eux.
A signaler que Bedtime For Mercy le suivant est déjà nettement moins inspiré.
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