Natron écume la scène Death depuis deux décennies mais n’est jamais parvenu à intégrer le peloton des groupes de première division. Les italiens ont pourtant enchaîné les albums de qualité comme le fabuleux
Negative Prevails ou l’énergique
Livid Corruption, mais sans parvenir à hisser sa notoriété au niveau des cadors du genre.
Longtemps seule figure de proue purement Death
Metal de l’écurie française Holy Records,
Natron a ensuite migré chez les slovaques de
Metal Age Productions (
Desecration,
Supreme Pain,…) pour
Rot Among Us, avant de finalement appliquer l’adage « On n’est jamais mieux servi que par soit même », et de proposer ce sixième album
Grindermeister (
2012) par l’intermédiaire de Southern Brigade Records, label fraîchement mis sur pied par leur batteur Max Marzocca.
Mis à part un jeu de mot amusant sur la Jägermeister et un bouc qui remplace le cerf de l’étiquette de cette fameuse boisson alcoolisée, le quatuor n’est pas franchement là pour rigoler, mais bien pour redonner enfin un impact mérité à ces veilles compositions. Et oui, j’en vois qui discutent au fond de la salle, mais
Grindermeister n’est pas un nouvel album de
Natron, c’est un ré enregistrement d’anciens morceaux, en fait le quatuor de Bari (les barilas ça se dit ???) a même remis en boite intégralement son premier album
Hung Drawn and
Quartered, enfin presque intégralement puisque une nouvelle version de
Enthroned in
Repulsion figurait déjà sur
Rot Among Us.
Leur premier full lenght de 1997 souffrait d’une production catastrophique où on ne distinguait guère les nuances et la précision des structures, avec ce “
Hung Drawn and
Quartered 2012” on prend enfin conscience de la qualité d’écriture et de l’influence principale du combo à l’époque, en effet l’ombre de
Suffocation plane sur ce disque dès le départ de
Morgue Feast.
Plus puissant, plus compact que
Rot Among Us,
Grindermeister bénéficie d’une prod aux petits oignons de Giuseppe Dentamaro ayant fait du très bon travail au
Golem Dungeon Studio.
Malgré cette influence
Suffocation indéniable,
Natron apporte l’expérience et sa personnalité au produit, ainsi cette version de Leechlord atomise tout sur son passage, avec une mise en place redoutable, des accélérations imparables, des soli débridés et une intensité constante grâce aux structures guitares parfaites de Domenico Mele. L’intro de
Flesh of a Sick
Virgin est là pour nous rappeler le goût de l’horrifique du combo transalpin au cas où nous l’aurions oublié, mais le sommet du disque est The Stake Crawlers, morceau aussi violent que varié, avec un panel de riffs et soli destructeurs ainsi que quelques breaks abruptes du meilleur effet.
On n’échappera bien sûr pas au hit Elmer the
Exhumer déjà repris sur la compilation Necrospective. Bien qu’il soit ici plus incisif et précis, je garde une préférence pour la version 2004 très brutale avec le chant terrible de Mike Tarantino. A noter qu’on trouvera aussi sur cet album le titre Quarantine of
Leprosy recyclé du MCD
Unpure (1996) ainsi que
Dead Shall Rise, reprise de
Terrorizer plutôt bien assimilé à la sauce
Natron.
Côté musiciens, même si le chanteur ne possède pas un timbre aussi caractéristique que son prédécesseur, Nicola Bavaro s’en sort très bien ici, paraissant se lâcher davantage que sur
Rot Among Us où il prenait ses marques. Le jeu de batterie de Marzocca quand à lui n’est peut-être pas le plus rapide et technique du monde, mais il n’en reste pas moins très efficace et personnel, il fait notamment merveille sur Leechlord et Undead Awaken.
Certains réenregistrements s’avèrent inutiles, voire dénaturent l’original (on se demandera notamment l’utilité de
The Final Sign of
Evil de Sodom), mais
Grindermeister permet au contraire de dépoussiérer des vieux morceaux excellents qui étaient gâchés pas un son indigne.
Aussi fort que
Livid Corruption et pas très loin derrière
Negative Prevails,
Grindermeister fait du neuf de qualité avec de la vieille matière, bien joué.
BG
Ceci dit je sais bien le brutal Death bien carré et avec un gros son c'est pas vraiment ta came donc je suis pas étonné, et c'est vrai que cette nouvelle version ne joue pas du tout sur le registre des ambiances, moi je suis content de pouvoir enfin comprendre ce qu'ils jouent à la guitare.
Sinon, les habitantes de Bari, c'est les barillas...
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