L'autre jour, quelle ne fût pas ma surprise lorsque frappa à ma porte un représentant du D.A.R.D., le comité de Défense des Albums à Réhabiliter
Dare-dare. Moyennant la somme symbolique de 1 euro, Il me proposa de participer par tirage au sort à une opération d’envergure internationale lancée pour tenter de sauver de l'oubli, ou pire du mépris, certaines œuvres musicales. Le cœur sur la main et la larme à l’œil, j'ai crié banco!
Plouf plouf, ça sera toi que je choisira, un deux trois...
Et sur quoi je tombe? - je fais vite, il n'y a pas un gros suspense - Sur l'album "
Misdemeanor" d'
UFO.
1983. A l'échec commercial, leur premier, du pourtant intéressant "
Making Contact" succède une tournée désastreuse. Pete Way ayant quitté le navire, enfin le vaisseau, juste après l’album précédent ("
Mechanix"), c'est pourtant le bassiste
Billy Sheehan qui officie sur scène. Mais rien n'y fait. Après un concert à Athènes où Mogg pète une durite et où le groupe reçoit sur la tête tout ce que la capitale Grecque compte comme cannettes de bière, la tournée est interrompue. La raison? Mogg fait une sévère dépression nerveuse - qu'il évoque d'ailleurs dans le morceau "Name of love" -. Selon les mauvaises langues, le régime diététique auquel s'astreint le chanteur depuis trop longtemps (boissons, drogues, boissons, drogues) n'y est pas étranger. L'ovni anglais ne semble plus avoir beaucoup d'essence dans le moteur... Ca marche à l'essence un ovni? En avril,
UFO splitte. Mogg s'installe à
Los Angeles.
Début 1985. Disparu des radars depuis seulement deux ans, Captain Mogg revient à bord de sa soucoupe volante. Au moment où trois de ses ex-compères, Chapman, Way et Parker, sévissent dans
Waysted, il reforme donc
UFO ... avec lui même comme seul membre originel. Soyons juste, Paul Raymond, claviériste et ancien complice de Phil est présent. Et le moins que l'on puisse dire, c'est que nous allons l'entendre l'ami Raymond tout au long de ce "
Misdemeanor"! Après avoir contacté, sans succès, Malmsteen, Vai ou encore
Steve Stevens, Mike Varney propose à Mogg le guitariste Tommy McClendon (alias Atomik Tommy M). Un bon choix. Pleinement impliqué, ce dernier, qui co-signe 6 des 10 titres proposés ici, délivre des solos convaincants ("
Night Run", "
Reckless", "
Heaven's gate", "
Dream the dream"). Paul Gray (basse), en poste sur la dernière tournée US, et
Jim Simpson (batterie, ex-
Magnum) complètent le line-up.
Début 1985 donc. A cette époque, la vague US truste tout autant les charts que MTV et vend des palettes entières d'albums chaque semaine (les Crüe,
Ratt,
Bon Jovi,
Night Ranger,...). Et pourquoi pas moi s'exclame Phil Mogg dans un moment de lucidité (?). L'album est enregistré et mixé en 2 mois, à Oxford et
Amsterdam par Nick Tauber. Bizarre, pourquoi donc
Amsterdam ?
Barre à tribord toute, et en avant pour des compositions mélodiques FMinées fortement orientées vers ce fameux marché ricain. Quand même, avoir survécu à la vague disco des 70 pour finalement se faire happer par la « hair band era ». Cruel. Bref, c’est la stupéfaction.
UFO prend à revers un grand nombre de ses fans. Passé l’effet de surprise, que penser de cet album? En ce qui me concerne, c'est une chouette pioche, j'apprécie bien ce disque souvent décrié. Déjà la pochette m'a toujours beaucoup "inspiré", me rappelant notre chère Lio époque "Les brunes comptent pas pour des prunes" (les quadragénaires comprendront probablement mes émois d'adolescent).
Pourtant, dés l'introduction du premier morceau, on se demande s'il ne s'agit pas de la galette du nouveau
Night ranger!!! Ouvrir l'album par "
This Time" relève quasiment de la faute professionnelle tant ce morceau sonne « faux ». On sent que le synthé de "Jump" a fait son petit effet un an et demi plus tôt. Au rayon dur-à-avaler, vous l'avez compris, c'est bien l'omniprésence des claviers qui monte sur la plus haute marche du podium. Too much. Quasiment placés devant la guitare, mais hélas pas toujours d'une manière inspirée, ces derniers tendent à gâcher des titres pourtant convaincants ("Name of love", "Blue" même pendant le premier solo de guitare, un comble, "
Heaven's gate"), ou pire, à enfoncer encore davantage des titres déjà franchement moyens ("
This Time", "
Dream the dream", "The only ones"). Finalement, les compositions les plus agréables sont celles ou les claviers sont plus en retrait - attention on les entend bien quand même croyez moi! - ("
Night Run", "One
Heart"). Mieux encore, lorsque le tempo s'oriente davantage vers ce bon vieux heavy rock qui les a rendu célèbre,
UFO fait mouche ("Mean streets", "
Reckless").
L'atout principal de ce disque, et plus généralement du groupe depuis plus de 40 ans, reste le chant de Mogg, très émotionnel (quelle classe sur "The only ones" et "
Reckless"). Et tout cela sans le côté un peu « en force » que je lui trouve ces dernières années. Au final, considérons que nous tenons là un Phil Mogg Project album plutôt qu'un disque d'
UFO.
"
Misdemeanor" sort chez
Chrysalis Records en novembre 1985 en Europe et en mars 86 aux Etats Unis. Malgré des critiques souvent favorables - Dave Dickson dans Kerrang, novembre 1985, s'enflamme carrément -, c'est un nouvel échec commercial pour
UFO (une 106ème place au Billboard 200). Juillet 86, Raymond quitte le groupe. Mogg est de nouveau bien seul pour supporter le poids du glorieux passé du groupe.
Camarades du D.A.R.D., merci, car voilà une piqure (de rappel) bien agréable.
Un regret? Ne pas avoir pioché "
High Stakes and Dangerous Men" (1992), à mon goût le meilleur album d'
UFO depuis plus de 30 ans. Mais qui sait, peut-être qu’un de ces jours…
Ah bon tu n'apprécies pas "High Stakes". C'est mon préféré du groupe depuis la fin des 80.
Content en revanche que tu apprécies ce "Misdemenor". Phill Mogg chante comme un dieu là dessus.
Tiens donc... Le D.A.R.D. déjà en 2012 mon salaud. Comme par hasard !!! Je suis plié...
Sinon j'avais déjà oublié ce détail intéressant, la pige de Sheehan sur la tournée Mechanix. Va falloir en faire une question du Goulopoly pour mémoriser...
UFO version FM ça me tente moyen quand même, j'attends ton verdict sur No Place To Run et Making Contact...
Tu devrais te laisser tenter Zaz, surtout qu'il est facile à trouver pas cher. Je ne sais pas s'il y a eu une réédition remasterisée mais si c'est le cas ça vaudrait le coup de tenter car la prod' de l'époque "tue" ce disque avec ses claviers trop en avant. Rien que pour la perf vocale de Mogg, juste énorme sur ce disque, il vaut le coup. Mais je regrette toujorus que le D.A.R.D. ne m'ait pas offert l'opportunité de chroniquer ""High Stakes and Dangerous Men", que je persiste à présenter comme un très bàn album du groupe, le meilleur depuis l'ère Chapman. Un jour qui sait...
Relecture de la kro et des coms! "Mais je regrette toujours que le D.A.R.D. ne m'ait pas offert l'opportunité de chroniquer ""High Stakes and Dangerous Men", que je persiste à présenter comme un très bon album du groupe, le meilleur depuis l'ère Chapman. Un jour qui sait..." Allez, camarade, il est l'heure, maintenant que tu m'as convaincu sur tout le reste!! Je comprends pourquoi j'ai aimé ce "High Stakes", il est produit par Kit Woolven avec Laurence Archer à la gratte!!! Ils ont fait venir la vieille garde de Thin Lizzy! Par contre pas du tout évident à trouver, il est devenu un peu rare. Chasse!
Vous devez être membre pour pouvoir ajouter un commentaire