De l'eau aura coulé sous les ponts pour le prolifique combo lombard cofondé voilà déjà dix ans par la soprano Marika Vanni et le guitariste/vocaliste Alberto Cassina ! Déjà à la tête d'un modeste EP, «
Darkness and Regret » (2010), et de pas moins de trois albums full length (le discret «
Raw Poetry » (2013), auquel succéderont l'émouvant «
Chasing Chimera » (2015) et le solaire «
Mastermind Tyranny » (2017)), le collectif italien n'allait pas s'arrêter en si bon chemin. Le temps semble désormais venu pour lui de revenir dans les rangs, à pas de loup cette fois. Et ce, à l'aune de son second et présent EP 5 titres, «
Metamorphosis 2008-2018 », l'idée étant de revisiter certains titres un peu oubliés du répertoire de son premier album studio tout en y adjoignant une piste inédite ainsi qu'une reprise. Un modeste trait d'union entre passé et présent comme pour mieux préparer l'avenir, en somme?...
Dans ce dessein, aux côtés de nos deux maîtres d'oeuvre continuent de s'illustrer Davide Rigamonti (Sakem) aux guitares et Alessio Sessa à la basse, Andrea Zannin ayant dès lors remplacé Davide Massironi à la batterie. De cette étroite collaboration émane un propos à l'ingénierie du son rutilante, à commencer par une qualité d'enregistrement difficile à prendre en défaut, et témoignant d'arrangements de fort bonne facture. Ce faisant, les 22 minutes de la rondelle nous mènent au cœur d'un espace metal symphonique gothique et progressif, aux relents power symphonique toutefois moins marqués que ne l'atteste son illustre aîné, nous faisant alors penser à
Visions Of Atlantis,
Nightwish,
Xandria,
Delain,
Lunatica,
Lacuna Coil, mais aussi à
Edenbridge et
Kamelot. Un retour aux sources mêlé d'une touche de modernité se dessinerait dès lors, laissant à penser qu'en dépit de l'évolution stylistique du projet, nos acolytes sont loin d'avoir tourné le dos à leur passé...
Evoluant partiellement dans la lignée atmosphérique de son devancier, cet opus disposerait lui aussi d'armes esthétiques et techniques des plus redoutables pour nous faire plier l'échine. Ce qu'illustre d'entrée de jeu «
Tempesta », inédit et entraînant mid tempo aux riffs épais à mi-chemin entre
Visions Of Atlantis,
Kamelot et un
Within Temptation des premiers émois. Nous embarquant sur d'ondoyantes nappes synthétiques tout en glissant le long d'un infiltrant cheminement d'harmoniques, le corps oratoire reposant à nouveau sur un duo mixte en voix claires bien habité, le pimpant effort prend des allures de hit en puissance que l'on ne quittera qu'avec l'indicible espoir d'y revenir, histoire de plonger à nouveau dans cet océan de félicité.
On revisitera avec non moins de plaisir chacune des trois plages empruntées à «
Raw Poetry », ces dernières offrant un joli patchwork et des plus réjouissants de leur première histoire. A commencer par «
December Demise », une ballade folk fortement chargée en émotions et pétrie d'élégance, dont les magnétiques séries d'accords ne sont pas sans rappeler tour à tour
Lyriel et
Ancient Bards. Second et tout aussi prégnant manifeste : « Braving My
Destiny », un mid tempo metal symphonique au léger tapping au carrefour entre
Delain et
Edenbridge. Enjolivé de délicates gammes au piano, calé sur une ligne mélodique des plus enveloppantes sur laquelle se greffent les limpides volutes de la sirène, recelant en prime de galvanisantes montées en régime du convoi instrumental, le rayonnant méfait saura aspirer un tympan déjà familiarisé aux vibes de leurs maîtres inspirateurs. Un poil plus incisif et décochant un refrain immersif à souhait mis en habits de lumière par les troublantes patines de la belle, le ''xandrien'' «
Incubus » ne saurait davantage être éludé.
Dans un tout autre univers, la troupe s'est frottée au séduisant mais redoutable exercice des covers. Reprenant la ballade blues rock progressive « They Call Me Django » de Gipsy Lee Pistolero, nos compères l'ont muée en un mid tempo metal symphonique bien cadencé mis en exergue par un duo mixte en parfaite osmose, les impulsions angéliques, un brin acidulées, de Marika s'unissant alors aux fluides inflexions d'Alberto. Une surprenante mais saisissante réinterprétation, poussant peu ou prou à une remise du couvert sitôt l'ultime mesure de la plage envolée.
En dépit du modeste format de la rondelle, eu égard à la qualité de ses arrangements et au choix judicieux des titres puisés dans un répertoire riche déjà de plus d'une trentaine de compositions, titres auxquels s'adjoignent un poignant inédit ainsi qu'une reprise bien inspirée, le combo aurait trouvé d'efficaces arguments pour nous rallier à sa cause. D'aucuns auraient sans doute espéré une proposition plus substantielle en termes de durée, plus diversifiée quant aux exercices de style essaimés, sinon plus novatrice dans son concept, de même que l'une ou l'autre prise de risque inscrite dans son adn. Cette laconique parenthèse enchantée témoigne toutefois de la capacité du combo transalpin à harmoniser authenticité et modernité, à dépasser ses prérequis pour faire évoluer son art, louable effort, s'il en est. Dans l'attente à peine voilée d'un quatrième album de longue durée...
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