Mû par un vent d'inspiration renouvelé, le combo lombard originaire de Varese, cofondé en 2008 par la soprano Marika Vanni et le guitariste/vocaliste Alberto Cassina, revient dans les rangs, affichant désormais une sérieuse envie d'en découdre. Suite à un initial et délectable EP, «
Darkness & Regret », lui-même relayé d'un seyant «
Raw Poetry » (2013), son premier album full length, le voici muni, deux ans plus tard, d'un second opus de même acabit, «
Chasing Chimera », signé tout comme son aîné chez le puissant label italien Underground Symphony. En quoi les dix plages de cette nouvelle offrande permettraient-elles à ce collectif italien de se démarquer de ses homologues générationnels, toujours plus nombreux à affluer ? Ce set de compositions serait-il de nature à le propulser parmi les valeurs montantes du metal symphonique gothique à chant féminin ?
Aux côtés de Marika et Alberto continuent d'officier Alessio Sessa à la basse et Davide Massironi derrière les fûts, le claviériste Matteo Rostirolla ayant, quant à lui, quitté le navire. Avec le concours, pour l'occasion, du puissant vocaliste Daniele Scavoni (ex-
Spellblast) et de Giulio Capone (
Betoken,
Temperance, ex-
Drakkar, ex-
Bejelit...) au piano, ce dernier ayant, par ailleurs, produit, enregistré et mixé les 47 minutes de l'opus. De cette patte experte (sollicitée par
Winter Haze, Marble, Controsigillo, parmi tant d'autres) émane un effort bénéficiant d'un mixage bien équilibré et davantage de profondeur de champ acoustique que naguère. Conformément à ses aspirations stylistiques premières, non sans quelques nouvelles sonorités placées çà et là sur notre route, la troupe nous livre un méfait nous plongeant dans un rock'n'metal symphonique gothique à la fois impulsif, pimpant et délicat, dans la lignée de
Visions Of Atlantis,
Nightwish,
Xandria,
Delain,
Lunatica,
Lacuna Coil et consorts. Embarquons dès lors à bord du vaisseau amiral pour de nouvelles aventures...
Comme ils nous y avaient accoutumés, nos compères trouvent sans mal les clés pour aspirer le tympan, à commencer par leurs passages les plus vivifiants. Ainsi, l'accroche s'effectuera aisément sur « Dreambook », un tubesque up tempo mélodico-symphonique non sans renvoyer à
Lunatica, recelant un refrain catchy mis en exergue par les claires inflexions de la sirène. Le chaland se verra tout aussi prestement happé par les vibes enchanteresses exhalant des entrailles des ''xandriens'' « Unbreakable
Will » et «
Never Forgotten » ; pistes enjouées et pétries d'élégance voguant sur d'ondoyantes nappes synthétiques et recelant toutes deux un bref mais flamboyant solo de guitare. Dans cette énergie, on retiendra également l'entraînant et aérien « Reverb » comme l'endiablé « The
Maze of My
Obsession » tant pour leur infiltrant cheminement d'harmoniques qu'au regard de la fluidité de leur sente mélodique.
Quand il retient un tantinet les chevaux, le groupe nous immerge à nouveau dans de séduisants paysages de notes, aptes à nous retenir un peu malgré nous. Ce qu'atteste, d'une part, le ''delainien'' mid tempo « Shades of
Dusk » eu égard à la qualité de ses arrangements instrumentaux d'inspiration ''nighwtwishienne'' et à ses enchaînements intra piste ultra sécurisés. On n'esquivera pas davantage « Astronomer », un fringant mid tempo dans la veine de
Visions Of Atlantis mis en habits de lumière par un duo mixte en voix claires en parfaite osmose, les cristallines patines de la belle s'unissant aux claires impulsions d'Alberto Cassina.
Nos acolytes nous plongent par ailleurs au cœur d'espaces tamisés, nous adressant par là même leurs mots bleus les plus sensibles. Ce qu'illustre, en premier lieu, « My Cage », une ballade romantique jusqu'au bout des ongles inscrivant dans sa trame un fondant refrain mis en habits de soie par les limpides volutes de la maîtresse de cérémonie. Une touchante offrande où glissent de délicats arpèges au piano signés Giulio Capone, que l'aficionado de moments intimistes ne saurait éluder. Difficile également de ne pas verser une petite larme sur «
Chimera » ; une ballade a-rythmique d'une sensibilité à fleur de peau, un brin mélancolique, portée par l'inspiré duo sus-mentionné et dévoilant un joli picking à la guitare acoustique doublé d'une violoneuse assise.
Mais nos gladiateurs viennent guerroyer avec un arsenal encore plus affûté à l'aune de leur pièce en actes metal symphonico-progressive. Ainsi, les quelque 7:23 minutes de l'épique et romanesque fresque «
Hell on
Earth » glisseront avec célérité dans nos tympans alanguis ; un sculptural et chevaleresque méfait sous-tendu par des lignes de claviers typiquement ''nightwishiennes'', pourvu de séries d'accords des plus enserrantes que n'auraient reniées ni
Visions Of Atlantis ni
Xandria. Dans ce champ de turbulences où les coups de théâtre sont loin de manquer à l'appel, le duo Marika Vanni/Daniele Scavoni fait merveille.
Assurément le masterpiece de la rondelle qui, selon votre humble serviteur, pourrait bien laisser quelques traces dans les mémoires de ceux qui y auront plongé le pavillon.
Pour son retour, le combo transalpin nous a concocté un message musical à la fois solaire, chavirant, un brin romantique, à l'ingénerie du son plus aboutie qu'autrefois. Ayant là encore repris à leur compte en les transfigurant quelques séries de notes de leurs maîtres inspirateurs, nos acolytes ont témoigné d'un bel élan créatif, conférant ainsi à leur propos une identité artistique stable. Ayant veillé à diversifier leurs exercices de style, fluidifié ses lignes mélodiques d'un cran, et requis l'une ou l'autre patte experte sur le plan technique, le collectif affiche clairement la couleur de ses ambitions. A condition de sortir du carcan exclusif d'un metal symphonique gothique classique et de consentir à quelques prises de risques, nos compères semblent désormais en passe de se hisser parmi les valeurs montantes de ce si concurrentiel registre metal. L'aventure se poursuit donc sereinement pour l'inspiré quartet italien...
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