Impulsé par un émouvant «
Chasing Chimera », son premier album full length, voici le combo lombard cofondé en 2008 par la soprano Marika Vanni et le guitariste/vocaliste Alberto Cassina de retour. Resté prudent dans sa démarche, c'est pierre par pierre que l'exigeant collectif italien échafaude son projet, deux années séparant son second et présent effort de longue durée, «
Mastermind Tyranny », de son illustre aîné. Signe que le groupe a élevé d'un cran le niveau de ses prérogatives, l'actuel set de compositions s'est vu signé chez le puissant label letton Sliptrick Records et le line up enrichi d'un talent supplémentaire, à l'image du guitarise Davide Rigamonti (Sakem), venu rejoindre Alessio Sessa à la basse et Davide Massironi à la batterie, déjà sollicités par nos deux maîtres d'oeuvre sur la précédente livraison. Près de dix ans suite à sa sortie de terre, à l'aune de sa fraîche offrande, le quintet transalpin serait-il désormais à même de confirmer sa position de valeur montante de ce si concurrentiel espace metal ?
A l'instar de son devancier, conformément aux aspirations actuelles du combo, ce second album studio a bénéficié du concours, pour l'occasion, d'invités de marque. Aussi, ont été sollicités les talents du vocaliste/guitariste Alessandro Schümperlin (
Blut, ex-Anthologies), du guitariste Jader Phan Van (Hidden Memories) aux choeurs et, à nouveau, de Giulio Capone (
Betoken,
Temperance, ex-
Drakkar, ex-
Bejelit...) aux claviers, ce dernier ayant également co-produit, enregistré, mixé et mastérisé les 51 minutes de la galette ; de ce regard averti (requis par
Winter Haze, Marble, Controsigillo...) se dessine un méfait doté d'une qualité de production d'ensemble difficile à prendre en défaut, poussant peu ou prou à l'écoute d'un seul tenant de la rondelle.
Resté partiellement fidèle tant à ses fondamentaux stylistiques qu'aux vibes insufflées par le précédent effort, c'est dire que le quintet italien ne s'y est pas réduit exclusivement. En effet, moult sonorités modernistes viennent se superposer à un propos metal symphonique désormais plus vif, tout aussi délicat et chargé en émotions, et moins grandiloquent et emprunté qu'autrefois. Ce faisant, on pénètre au cœur d'un espace metal symphonique gothique et progressif, aux relents power symphonique plus marqués que naguère, le propos nous renvoyant encore à
Visions Of Atlantis,
Nightwish,
Xandria,
Delain,
Lunatica,
Lacuna Coil, mais aussi à
Edenbridge,
Serenity,
Kamelot et
Ancient Bards. Un changement de cap serait-il en train de s'amorcer ?...
Comme ses précédentes livraisons nous y avaient sensibilisés, les pistes les plus enflammées concotées par nos inspirés créateurs s'avèrent aptes à nous assigner à résidence. Ainsi, c'est au cœur d'un chaudron bouillonnant que plongera le tympan tant sur le tempétueux «
Lucifer's Lair » qu'au regard du pulsionnel « Mashed » ; chavirants up tempi d'obédience power mélodico-symphonique à la confluence de
Nightwish,
Visions Of Atlantis et
Ancient Bards, tous deux pourvus de fulgurantes montées en puissance et mis en exergue par un duo mixte en voix claires en parfaite osmose. Dans cette mouvance, l'amateur du genre ne saurait davantage esquiver les vibes enchantesses essaimées par « Foreign
Land », un engageant mid/up tempo à mi-chemin entre
Lunatica et
Delain. Recelant un refrain que l'on entonnerait à tue-tête doublé de poignantes accélérations du corps orchestral, le pimpant propos n'aura pas manqué d'armes de séduction pour nous happer, un peu malgré nous.
Se plaisant parfois à varier ses phases rythmiques, à densifier et complexifier, de fait, son propos, le combo ne s'est guère avéré plus maladroit, loin s'en faut. Ce qu'illustre, d'une part, « Game of the Beasts », une romanesque fresque metal symphonico-progressive au carrefour entre
Kamelot,
Serenity et
Visions Of Atlantis déversant ses 6:13 minutes d'un parcours abondant en péripéties, non sans quelques effets de contraste atmosphérique au programme. Développant une sidérante force de frappe tout en préservant une mélodicité toute de fines nuances cousue, parallèlement sous-tendu par des riffs épais et un duo bien inspiré, le rayonnant et tumultueux manifeste ne se quittera qu'à regret. Les 6:07 minutes du polyrythmique «
Ashes of Knowledge », pour leur part, se font plus théâtrales, un poil moins prévisibles, tout en révélant de sémillants arpèges d'accords. A cheval entre
Kamelot et
Lunatica, eu égard une énergie aisément communicative, cet opulent et épique méfait pourrait bien à son tour avoir raison des plus tenaces des résistances à son assimilation.
Lorsque le rythme de ses frappes se fait moins incisif, la troupe trouve à nouveau les clés pour happer le pavillon du chaland sans avoir à forcer le trait. Ce qu'attestent, en premier lieu, « Fighter » et « Mystic Vision », de tubesques mid tempi metal symphonique dans la lignée coalisée de
Delain,
Xandria et
Lunatica ; dotés d'un refrain immersif à souhait qu'encensent les cristallines inflexions de la sirène, de choeurs en faction et à l'opportun positionnement, et d'arrangements instrumentaux de fort bonne facture, ces truculents efforts pousseront tous deux à une remise en selle sitôt l'ultime mesure envolée. Dans cette énergie, et non sans évoquer
Edenbridge, le mid tempo « The First
Winter Night » se pare, lui, d'enchaînements intra piste ultra sécurisés tout en offrant un saisissant effet de clair-obscur atmosphérique, de souriantes sonorités symphoniques alternant avec celles, plus sombres, empruntées à l'univers dark gothique. Et la sauce prend, une fois encore.
Quand ils nous immergent dans un environnement ouaté, nos gladiateurs se muent alors en de véritables bourreaux des cœurs en bataille, nous adressant par là même leurs mots bleus les plus sensibles. Ce qu'atteste, tout d'abord, «
Adagio », une power ballade pétrie d'élégance, romantique jusqu'au bout des ongles et aux airs d'un slow qui emballe, que n'auraient nullement reniée ni
Delain ni
Visions Of Atlantis. Glissant le long d'une radieuse rivière mélodique et mise en habits de soie par les soyeuses empreintes vocales de nos deux tourtereaux, l'instant privilégié fera assurément plier l'échine à plus d'une âme rétive.
Plus en retenue, « Icy
Spell », quant à elle, s'offre telle une gracieuse et altière ballade atmosphérique et opératique dans le sillage d'
Edenbridge et
Serenity. Voguant sur un aérien et soyeux tapis synthétique, rythmée par de martelants mais mesurés roulements de tambour et surmontée, elle aussi, d'un duo en parfaite symbiose, la tendre aubade pourra non moins éveiller d'authentiques plaisirs auprès de l'aficionado du genre intimiste.
On ressort de l'écoute du skeud gagné par un agréable sentiment de plénitude, le collectif italien nous octroyant un propos à la fois éminemment rayonnant, enivrant, romanesque et des plus émouvants. Ayant à nouveau emprunté en se les réappropriant quelques harmoniques à leurs maîtres inspirateurs, nos compères densifient ainsi l'épaisseur artistique de leur projet. Tout aussi finement produit et diversifié que son aîné quant aux exercices de style développés, cet opus ouvre plus largement le champ des possibles stylistiques, une prise de risque au demeurant parfaitement assumée par le combo ; stratégie payante in fine, contribuant précisément à le démarquer d'une concurrence aujourd'hui galopante. A l'aune d'un second album de longue durée révélant un louable effort de création et des plus poignants, la troupe transalpine s'avère suffisamment armée pour confirmer son statut de valeur montante du metal symphonique gothique à chant féminin. Il en a l'étoffe. Bref, un sculptural et solaire effort, synonyme de retour en grâce du quintet lombard...
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