Après avoir marqué les esprits et la scène Black
Metal française des années 1990 Meyhna’ch avait opéré un retour triomphant en 2001 qui démontrait que Mütiilation avait encore bien des cordes à son arc. Peu de temps après, quelques offrandes supplémentaires ont vu le jour chez
Drakkar, label historique du projet et
End All
Life Productions, autre label incontournable de ce début de nouveau millénaire en France avec d’un côté la parution de l’EP “
Destroy Your Life for Satan” et de l’autre un split avec
Deathspell Omega dont certains titres des deux sorties seront réutilisés pour l’enregistrement de ce quatrième méfait. Ce dernier se nomme “
Majestas Leprosus” et a été enregistré dans le courant de l’hiver 2002-2003 et demeure à ce jour un des albums qui divise le plus dans la discographie de Mütiilation.
Les neufs titres (en comptant l’intro et l’outro) sont ici divisés en trois chapitres distincts. Au vu des paroles (très bien écrites et qui contribuent grandement à l’ambiance), rien ne semble vraiment justifier l’existence de ces chapitres, que ce soit un thème ou un sentiment prédominant qui en démarquerait un des autres et l’album peut être écouté d’une traite sans qu’on fasse forcément attention à ce détail.
En effet, les compositions sont bien diversifiées dans la forme mais le fond reste un tout sombre, opaque et cohérent. Dès les débuts de “Tormenting my Nights” et ses riffs torturés qui laissent place à des rythmiques très entraînantes pour renforcer le côté totalement aliéné du refrain, l’album délivre un nouveau lot de compositions qui oscillent entre le régressif bas du front et les mélodies mélancoliques qui sont autant un appel à la mort au nom de
Satan qu’une supplication de génocide pour tout le genre humain. À ce titre, “
Majestas Leprosus” est peut-être effectivement la piste la plus appropriée pour donner son nom à l’album. Une entrée en matière digne d’un film de possession, quelques notes jouées en boucle sans trop de but comme si le gars qui tenait le manche était encore dans sa cellule capitonnée, une boîte à rythmes en pilote auto, la dépression, la suffocation, puis ça craque. Le chant vomit des descriptions post-apocalyptiques, une mélodie hargneuse s’insinue dans la tête et tout est dit en trois minutes.
À l’écoute de morceaux comme cette piste éponyme ou du très jouissif “
Destroy Your Life for Satan” et son final fédérateur, on remarque que contrairement à diverses autres approches que Meyhna’ch a eu par le passé ou qu’il aura dans ses deux productions suivantes, il n’hésite pas à jouer la carte de l'agressivité pure, dans sa forme la plus torturée et ce même lorsqu’il se permet des envolées plus poignantes comme sur “The Ugliness
Inside”. Ce morceau est le parfait exemple de ce dégoût brut et répugnant qui se dégage de tout l’album et qui lui donne ce côté si direct et impactant. Le chant a rarement été aussi vomitif et décharné, le riffing tente des envolées sinistres mais revient toujours à un rythme plus véloce et acéré. Même la production du disque, bien qu’elle enlève un peu au côté grésillant des guitares pour donner un son plus froid et déchirant comme des barbelés, ne rend pas le tout plus accessible mais bien au contraire plus incisif.
Majestas Leprosus ne représente pas un passage à vide dépressif, ou une colère explosive. C’est la haine sournoise, celle qui te reste en travers de la gorge et qui ne disparaît pas même lorsque tu te laisses aller à la folie furieuse et que tu dégueules ta haine sur tout ce qui passe. Celle qui revient sous forme de spleen juste après, te faisant repartir pour un tour dans ce cercle vicieux avec un goût amer en bouche et toujours une colère sourde en toi. Un état parfaitement imagé par le morceau final “If Those Walls Could Speak”, qui à lui seul renvoie à l’état de vague projet d’école la grande majorité des albums autoproclamé “
Suicidal” ou “Depressive” sortis depuis.
Souvent considéré comme moins prenant et travaillé que “Black
Millenium” et moins jusqu’au-boutiste que “
Rattenkönig” qui arrivera quelques années plus tard, “
Majestas Leprosus” se retrouve souvent pris entre deux feux lors de l’analyse de la discographie de Mütiilation bien qu’il ait son lot de défenseur. C’est un album plus brut et qui demande d’être abordé avec une certaine humeur lorsqu’il doit souffrir de comparaison, certes, mais en l’état il ne s’agit ni plus que d’un quatrième album réussi et avec son lot de moments marquants pour Meyhna’ch qui restait fidèle à sa vision et cela se ressent toujours dans le côté unique des compositions de Mütiilation, et ce sera encore plus le cas sur l’opus suivant…
Une fois encore, tu as très bien décrit l'ambiance d'un album, et MUTIILATION est décidément bien cradingue. Difficile de faire plus sincère dans la purulence.
Oui, vraiment de quoi transformer un bisounours mièvre en une mouche déglinguée du sifflet des heures après la pénible écoute de cet horrible album.
Aaarrgl !!
@+ l'ami !!
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