Plusieurs années après la sortie de “
Vampires of Black Imperial Blood”, album phare de la discographie du groupuscule Les Légions Noires aux côtés de la tape “
War Funeral March” de leurs camarades de
Vlad Tepes, plus aucune activité n’était à signaler du côté de Mütiilation en dépit de la sortie de “
Remains of a Ruined, Dead, Cursed Soul” chez
Drakkar mais qui, malgré sa qualité intrinsèque, fait plus office de réédition d’anciens projets du groupe conceptuellement parlant. Et pourtant, en 2001, Meyhna’ch revient avec un nouvel opus sous le bras intitulé “Black
Millenium -
Grimly Reborn” avec toujours le même Leitmotiv : “The old cults bands should prevail and show to this world they will survive any trends. We have to crush those well thinking pigs who made Black
Metal something common and accepted”.
Bien que les modes et l’intérêt du grand publique pour un sous-genre musical puissent varier d’une année à l’autre et amener un flot de nouveaux groupes opportunistes sans lendemain voir pire, des retournements de vestes de la part de groupes importants, dès les premières minutes de “The Eggs of
Melancholy” Meyhna’ch nous prouve (en plus des mots) par sa musique qu’il ne fait partie d’aucune de ces catégories. Après une intro mélancolique très à propos, les riffs démarrent lentement, comme un échauffement après tant d’années d’inactivité, minimalistes, grésillants, tandis que Meyhna’ch commence à déverser son dégoût avec un chant qui transpire toujours autant la haine et la souffrance, qui n’obéit à aucune une règle de ton ou de rythme, juste à son bon vouloir et à ses émotions et qui ajoute beaucoup de sincérité à sa démarche.
Nul doute, même si la recette s’est “modernisée” et que la tête pensante du projet n’a pas souhaité faire un “Vampires…” bis, Mütiilation est bel et bien de retour.
Dans son ensemble, si on devait comparer “Black
Millenium” aux précédentes sorties cultes, on pourrait dire que le son a plus de profondeur qu’autrefois, il arrive même que les riffs aient des moments où les guitares sont fortement mises en avant (“
New False Prophet”). La boîte à rythmes a un son plus étouffé mais des parties plus variées et l’ambiance générale délaisse un petit peu ce côté mélancolique et dépressif assumé pour une approche plus viscérale, moins mystérieuse et occulte mais indéniablement putain de sombre, fidèle à ses principes et personnelle. Les compositions sont toujours formées d’alternances entre ces lignes de guitare simples, lancinantes, très entêtantes qui laissent place sans prévenir à des riffs tantôt enragés, tantôt poignants, qui donnent l’impression que chaque morceau est un monologue schizophrène. Si cette description en 2021 pourrait laisser penser que Mütiilation s’était mis à faire du raw Black
Metal improvisé et faussement artistique, il n’en est absolument rien. Meyhna’ch ne fait pas dans les morceaux fillers. Chaque compos est prenante, construite, dispose de ses propres forces et subtilités, on est en présence d’une musique qui n’est pas destinée à tous le monde mais qui n’en est pas moins inspirée et qui derrière son aspect déshumanisé a quelque chose à dire.
Tout au long de l’album, du son des guitares jusqu’à l’aspect presque industriel de la boîte à rythme, l’impression de repli sur soi et de régression se développe de plus en plus et nous ramène à l’essence pure du Black
Metal. J’en veux pour preuve l’enchaînement entre le titre éponyme et “No
Mercy for Humans”. Le premier, s’il n’a pas la force fédératrice d’un “
Transylvania”, est un putain de crachat noir comme la suie, excellent dans la simplicité des riffs qui prennent aux trippes et l’ambiance développée par les quelques leads qui tirent la couverture à eux pour rendre le tout encore plus poignant, tandis que le second et son rythme imparable qui s’inscrira dans votre tête dès la première écoute captera toute votre hargne avant de lâcher un break déprimant et contemplatif superbement exécuté et inspiré.
Alors que la très bonne doublette “
Inferi Ira Ductus” et “
Curse My Funeral” rappellent les premières heures de Mütiilation et auraient pu figurer sur “Vampires…” on se rend compte avec le recul qu’on a aujourd’hui que le titre éponyme et “Black as Lead and Death” représentaient quant à eux en grande partie le type de compos qui allaient suivre sur les deux productions suivante, faisant de “Black
Millenium -
Grimly Reborn”, en plus d’un excellent album retour, un pont entre deux époques de la discographie de Mütiilation. Indispensable donc.
Beaucoup de personnes ont lâché le groupe à partir de cet album, préférant l’aura culte des premières heures sans jamais vraiment s’intéresser à la suite certainement baignée d’une aura moins immédiatement intéressante. Ou alors ils peinent à rentrer dans l’univers de plus en plus opaque et personnel de Meyhna’ch ce qui n’a rien d’incompréhensible tant la suite peut avoir de quoi dérouter aux premiers abords. Mais si vous ne les avez jamais écoutés ou que vous n’étiez pas dans le bon état d’esprit je vous encourage à retenter de ce pas en essayant d’y prêter un maximum d’attention. Mais on aura l’occasion d’en reparler...
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