"
Life".
Arlésienne du metal progressif français depuis désormais près de huit ans, il semblait désormais inéluctable qu’
Adagio n’était plus. Des nouvelles, puis plus rien. Et ainsi de suite...des membres qui s’exportent en solo et surtout, son créateur et maitre à penser Stéphan Forté, qui dit clairement que le combo n’est, en plus de ne plus être une priorité, une déception dans ce qu’il est devenu. Aussi incompréhensible que cela puisse paraitre tant
Adagio a toujours été auréolé d’un support des médias et du public, Forté ne semblait plus en vouloir...son deuxième opus solo sortant même alors que certains titres avaient initialement été prévu pour le successeur d’"Archangels in Black".
Huit ans.
Le prodige s’explique. Les maisons de disques, le management et tout ce que cela comprend lui aurait forcé la main pour emmener le groupe vers une direction qu’il ne souhaitait pas et, dégouté de la situation, il préféra s’en éloigné avant de retrouver le gout et l’envie de composer pour cette entité. Et voici enfin "
Life", non sans encore de multiples retards (l’auto-financement et auto-production ont forcément quelques désagréments).
La première question se posait inévitablement autour du poste de chanteur vacant, les français accueillant une fois de plus un nouveau vocaliste suite au départ d’un Christian Palin qui ne laissera pas de souvenirs intarissables sur "Archangels in Black" (Gus Monsanto était plus convainquant sur "
Dominate"). C’est le phénoménal Kelly « Carpenter »
Sundown qui se charge de la tâche, connu pour ses multiples apparitions dans de très nombreux projets, parmi lesquels
Beyond Twilight,
Epysode,
Darkology ou encore
Zierler. Autant dire des projets souvent singuliers et (très) sombres où sa voix était un véritable vecteur plus qu’un simple chant.
Il faut le dire d’entrée de jeu, "
Life" est clairement l’album d’
Adagio le plus difficile d’accès et le plus complexe à appréhender, tandis qu’il est paradoxalement bien moins flamboyant et démonstratif que les disques précédents.
Stéphan le dit, la technique en soi ne l’intéresse plus et c’est l’émotion qui se dégage de la musique qu’il recherche. Le souci majeur de "
Life", c’est peut-être justement de sortir quelques années trop tard. En s’inspirant ouvertement du djent et de la multitude de groupes jouant sur de la huit-cordes, avec un accordage très graves, usant des cordes à vide pour un côté monolithique et étouffant, "
Life" semble être un opus opportuniste là où il aurait pu être une clé de voute il y a quelques années, voir même un élément précurseur. Car malheureusement, depuis huit ans, les
Textures,
Periphery,
Animals as Leaders ou autres TesseracT sont passés par là et ont laissé des traces indélébiles dans le paysage musical metallique.
D’un point de vue purement musical, il est difficile de trouver à redire sur "
Life", mis à part la sensation tenace de ne (presque) jamais écouté du
Adagio. Certes, l’évolution entre "Sanctus Ignis" et la période "
Dominate" / "Archangels in Black" était grande mais ici, c’est un véritable précipice.
Outre cette vision musicale que Stéphan avait déjà exploité (avec brio d’ailleurs) sur son album solo "
Enigma Opera Black", la voix unique de Kelly Carpenter ne facilite pas l’album à s’octroyer une personnalité tant il porte de son sceau la musique. On ne peut s’empêcher d’avoir la désagréable sensation d’écouter le nouveau
Darkology ou la suite de
Beyond Twilight sur de nombreuses parties des compositions, plus qu’enfin tenir entre nos mains le cinquième
Adagio. C’est évident à l’écoute par exemple de "The Ladder", très proche d’un "Section X" auxquelles on ajouterait un clavier plus virtuose à la touche néo-classique plutôt que les inspirations lugubres et malsaines d’un Finn
Zierler. Il en va de même sur "
Darkness Machine", au riff purement « Meshuggahesque » et à l’ambiance pesante et très sombre. Les lignes vocales, parfaites en soi, collent difficilement avec le
Adagio que nous connaissions et l’impression que certains titres aient été écrit pour sa voix restent ancré dans l’esprit tant nous n’avions jamais entendu le groupe si tourmenté et démoniaque avant. Une fois encore, il n’y a objectivement rien à redire, si ce n’est que nous ne reconnaissons pas le groupe, à en venir presque à se demander s’il n’aurait pas été mieux de sortir l’album sous un nouveau patronyme.
Le côté progressif a presque entièrement disparu et les fans des débuts n’auraient que peu de repères pour se retrouver sur "
Life". Les autres en revanche, notamment ceux appréciant les groupes cités, trouveront en
Adagio un formidable artiste qui, techniquement, est clairement monstrueux.
"Subrahmanya" est un peut-être le meilleur morceau de l’album, s’ouvrant sur une ambiance sereine et mystique, le violon de Mayline étant au premier plan, avant un riff robotique ponctué de quelques gammes et d’une ambiance une fois de plus lourde et profonde. Le refrain est d’une noirceur sans égale chez
Adagio et de légères apparitions de chant black refont surface, probablement interprétés par Stéphan lui-même. Difficile également de ne pas évoquer "The Grand
Spirit Voyage" qui se veut porter en grande partie par le charisme et la voix unique de Kelly, faisant vivre le texte et véhiculant les émotions qu’il décrit (encore une fois, l’ombre d’un "Section X" ou d’un
Epysode rode ...). Le titre éponyme également, ouvrant le disque du haut de ses neuf minutes et ne laissant que peu de doutes sur l’évolution musicale.
Timidement, "Secluded Within Myself" semble vouloir renier avec le groupe qu’était
Adagio. Le piano y reprend une place de choix, la mélodie également, les guitares restent en retrait et oublient cet aspect syncopé et mécanique qui jalonne l’album. On y trouvera même l’un des rares soli du disque, sublime qui plus est, ressortant encore plus du fait de sa rareté et nous faisant dire qu’il est peut-être dommage que "
Life" ne soit pas plus cohérent. "
Torn" termine ce voyage dans une osmose entre les deux mondes, Kelly incorporant beaucoup de mélodies dans ses lignes vocales, les lignes de piano retrouvant la grandeur du passé tout en gardant la tonalité très sombre et lourde présente sur la globalité de l’album. Une très belle manière de terminer l’album et peut-être, d’ouvrir la porte vers l’avenir. Il est à noter (même si ce n’est pas surprenant) le niveau technique proprement ahurissant déployé sur l’album, particulièrement les parties de basse qui ponctuent chaque titre (Stéphan dit d’ailleurs que Franck est le seul pour qui il ne compose rien, ce dernier écrivant toutes ses parties) et la précision de la batterie.
Il ne serait pas surprenant de voir des notes maximales pour "
Life", tout comme d’y voir des immenses déceptions, tout dépend réellement de ce que l’on attend de l’album (et si on y attend quelque chose). L’impression de ne pas écouter
Adagio est à un certain niveau dérangeant, d’autant plus que c’est la plupart du temps car notre esprit évoque les projets du vocaliste danois. Malgré la haute qualité de la musique,
Life est un de ces opus qui divisera et qui, maintenant qu’il est là, suscitera autant d’interrogations que lorsqu’il était en gestation.
Je laisserais le mot de la fin à Stephan qui déclare que la musique doit se laisser porter par les émotions...tout ceci ne sont que des mots, laissez-vous porter par vos sens et apprécier. Si ce n’est pas le cas, le monde musical est grand ...
UN album difficile à appréhender en quelques écoutes ! Il faut presque autant s'y investir que les musiciens 'lon 't fait en l'enregistrant. Les arrangements sont complexes, les mélodies rares mais soignées et c'est musicalement monstrueux. Bien évidemment ce virage va déplaire à beaucoup. Les tempos sont très lents et lourds, seuls "torn" ,"darkness machine" remettent un peu de vigueur à l'ensemble et auraient pu figurer sur "Archangels in black"
Honnêtement, je suis plus un fan de titres "second sight", "fear circus", In nomine", "underworld" plus directs, percutants et aux refrains plus chantants...Mais je pense que certains titres de cet album resteront parmis les meilleurs du groupe
Salut à tous. Je ne connais pas cet opus, mais pour ma part l'album "Archangels in Black" est un très bon album et largement supérieur aux précédents. Et contrairement à toi, je trouve que Christian Palin s'accordait merveilleusement à l'ambiance de l'oeuvre. De plus, je n'ai jamais décelé d'éléments progressifs dans cette galette. Et je pense que je m'en serai assez rapidement aperçu étant assez hermétique à ce genre. J'essaie pourtant mais je n'y arrive pas :)
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