Les Ténèbres Modernes

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15/20
Nom du groupe Neige Et Noirceur
Nom de l'album Les Ténèbres Modernes
Type Album
Date de parution 24 Juin 2016
Style MusicalBlack Ambient
Membres possèdant cet album15

Tracklist

1.
 Si Vis Pacem, Para Bellum
 03:18
2.
 Battlespirit
 04:44
3.
 Walpurgis 1917
 02:42
4.
 La Saison des Morts
 02:42
5.
 La Mécanique de Lucifer
 06:01
6.
 Post Mortem
 02:11
7.
 Ciel d'Acier
 05:15
8.
 Felgrau
 04:38
9.
 Des Spectres
 02:44
10.
 Adieux
 05:33

Durée totale : 39:48

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Neige Et Noirceur


Chronique @ Icare

13 Août 2016

Un bon album, mais difficile à appréhender de par son coté glauque, poisseux et extrêmement monolithique

Si l’année 2016 a été déclarée année sainte par le pape François et qu’elle voit l’avènement des Jeux Olympiques de Rio, elle marque également le centenaire de la tristement célèbre bataille de Verdun, boucherie sans commune mesure de la Première Guerre Mondiale.
Et si bon nombre d’entre nous semblent avoir momentanément oublié l’Histoire, trop occupés que nous sommes à encourager les athlètes tricolores lors de leurs performances sportives à l’autre bout du monde, il y au Québec un homme qui semble avoir la mémoire plus longue. En effet, Zifond, incarnation de l’entité Neige et Noirceur bien connue des aficionados du metal noir québécois, semble suffisamment marqué par l’évènement pour lui consacrer un album.
L’étonnement peut sembler de rigueur au vu des thématiques plus abstraites habituellement abordées par le one man band, mais la superbe pochette de ces Ténèbres Modernes, tranchant avec celle des réalisations précédentes, nous plonge dans la réalité la plus froide et la plus crue : à l’instar des réalisations d’Azziard, ce sixième full length de Neige et Noirceur sera entièrement consacré à la Première Guerre Mondiale, tant textuellement que musicalement.


Et la différence va immédiatement se faire entendre, dès les premières mesures de Si Vis Pacem, Para Bellum, lourd, répétitif et malsain, avec ces guitares grinçantes et inhumaines qui répètent le même riff dissonant jusqu’à la nausée. Le rythme est particulièrement pesant, rappelant la lente et inexorable marche d’une armée, et les éructations de Schimaera, qui se charge exclusivement des vocaux sur cet album à part, graves et glaireuses, exhalent un souffle de mort particulièrement insoutenable.
Ceci dit, les choses sérieuses ne débutent réellement qu’avec Battlespirit qui nous montre le visage le plus hideux du duo, avec un black metal alternant passages lourds et parties furieuses et extrêmement rapides, annihilant toute forme de vie. Les riffs s’enchaînent, tour à tour roulants, mélancoliques, tranchants et glaciaux, toujours enveloppés de cette rigueur militaire froide et solennelle au parfum de mort. Walpurgis est quant à lui particulièrement plombé, empruntant ce rythme lent et d’une lourdeur poisseuse, comme s’engluant dans la boue sanglante des tranchées.

La voix rauque et bestiale de Schimaera nous immerge vraiment dans l’enfer de la guerre, ainsi que le son des guitares très froid et mécanique, rappelant l’avancée inexorable d’un char d’assaut, qui avec une lenteur implacable et glaçante, écrase tout sur son passage, réduisant des corps agonisants et hurlants en un amas de chairs meurtries et sanguinolentes. Evidemment, la batterie participe à ce rendu martial et impitoyable, notamment avec cette frappe lourde à l’écho morbide, et surtout lors des parties de double pédale très présentes et extrêmement rapides rappelant le feu nourri et continu d’un fusil mitrailleur. L’ensemble est marqué d’une pesanteur maladive, dessinant un ciel de plomb gris cendre rendu irrespirable par les fumées toxiques qui s’élèvent du champ de bataille jonché de corps déchiquetés, de trous d’obus et de carcasses métalliques éventrées, et c’est bien ce tempo lourd qui dominera l’ensemble de ces quarante minutes, avec en point d’orgue La Mécanique de Lucifer, long titre de six minutes aux riffs roulants et désolés, à la double infatigable et aux vocaux poignants semblant expirer toutes les souffrances de l’humanité.

S’il est évident que Neige et Noirceur perd en partie sa personnalité sur cet enregistrement et que l’on aura du mal à reconnaître le one man band et son grain si particulier, on appréciera tout de même que Zifond parvienne à conserver quelques caractéristiques de sa musique, notamment ce côté lourd, glauque et indus qui se marie si bien à la thématique abordée (Felgrau, des Spectres).
De même, le Québécois n’oublie pas de faire respirer sa musique, surtout en deuxième partie d’album, et on retrouve sur quelques interludes un côté expérimental et ambiant qui, même s’il s’éloigne de ce qu’il a fait sur ses albums précédents, reste une composante essentielle de l’identité sonore de Neige et Noirceur (La Saison des Morts, Post Mortem, Felgrau, toujours sombres et suffocants dans un paysage metal ravagé par la férocité sans concession de la guerre).

Ce ne sont d’ailleurs pas ces Adieux de fin d’album qui vont éclaircir le tableau, avec ces mélopées grinçantes de violon à la limite du supportable surnageant dans les bruits de la bataille, alarmes antibombardement, mitraillage fou, explosions diffuses, discours en français et en allemand pour galvaniser le patriotisme de troupes éreintées à l’âme déjà moribonde, plus de 5,30 minutes d’une cacophonie dépeignant l’absurdité et l’aberration de la barbarie humaine, et s’achevant sur un glas lourd de significations.


En définitive, Les Ténèbres Modernes est indéniablement un bon album, même s’il reste assez difficile à appréhender de par son coté glauque, poisseux et extrêmement monolithique. On s’étonnera également de la prise de risques de Neige et Noirceur, évoluant ici assez loin de ses terres musicales de prédilection pour un metal certes plus dérangeant et intense mais indéniablement moins original.
Ceci dit, cet enregistrement semble être une parenthèse dans la carrière musicale de Zifond, alors prenons-le comme tel : un hommage musical pour garder en tête ce qui a probablement été l’une des plus grandes boucheries de la sombre histoire de l’Humanité.
Gageons que si le fameux devoir de mémoire savait se montrer aussi persuasif, implacable et autoritaire, il y aurait probablement moins de guerres sur une planète qui, après deux conflits mondiaux, continue inconsciemment à s’immoler à petit feu…

3 Commentaires

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HermesMercvre - 13 Août 2016: Excellente Chronique, en presque tout point semblable a mon impression sur cet album. Et un merci du Québec pour chroniquer des albums de nos terres!
Alxys - 13 Août 2016: Excellent album que j'écoute depuis sa sortie.
Je ne connais pas le "Neige et Noirceur" d'avant mais celui ci me va tres bien
Icare - 14 Août 2016: HermesMercvre :Merci beaucoup, tout le plaisir est pour moi quand je chronique des sorties de cette qualité! Le Québec compte d'ailleurs parmi mes contrées favorites en matière de black metal, avec des groupes comme Grimoire, Gris, Forteresse, Monarque, Sombres Forêts...

Alxys: tu devrais y jeter une oreille, c'est assez différent, mais tout aussi bon!
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