Neige et Noirceur, un one-man band québécois, nous revient cette année (du moins, à la fin de l’année précédente) avec un album sorti de
Sepulchral Production. Vous connaissez sa musique non? Peut-être pas en effet, car rares sont ceux qui ont eu la chance d’écouter sa musique vu que notre one-man band ne se manifeste que très peu.
En effet, on ne compte que trois démos et un split. En 2007, il nous a proposé sa première démo: «L’Abîme des Jours, l’Écume des Nuits» (tien, ça sonne
Boris Vian tout ça). Cette démo est plus que convaincante dans le domaine du black ambiant, lui créant déjà un nom. Cependant, leur seconde démo («
Crépuscule Hivernal sans Fin sur les Terres de la Guerre») m’avait plutôt laissé sur ma faim. Pour ensuite nous offrir un EP («
Philosophie des Arts Occultes»), plus ou moins dans la même veine. Pour finir, nous avons eu droit à un superbe split avec
Monarque («
Cantvs Maleficvs»), deuxième chef d’oeuvre de notre mystérieux one-man band québécois.
Donc, «
La Seigneurie des Loups», il est comment cet album? En une phrase: c’est un joyau de musique noire, glaciale et même folklorique par moment, bref, tout de quoi représenter le mieux les hivers québécois.
Effectivement, N&N nous offre sa production la plus travaillée et la plus aboutie. Je ne sais pas si vous avez remarqué le squelette de cet opus, mais il diffère des autres sur plusieurs points. Par exemple, fini les titres de 20 minutes ou plus et les albums de deux ou trois pièces (Quoique j’appréciais la durée des titres des précédent opus, cependant, j’avait rarement le temps d’écouter le titre principal au complet par manque de temps...). Cette fois,
Spiritus nous propose cinq titres d’une durée allant de 1:17 à 16:26 minutes.
Pour parler de la musique plus précisément, N&N nous donne un son voulant refléter le mieux nos longs, ténébreux, glaciaux et impitoyables hivers québécois. Ce qui en somme veut dire un son crade mais pas trop, tout en intégrant une touche importante de nos bons vieux folklores (on peut penser à la finale du premier titre en continuité avec le sublime «
Ancien Folklore Québécois»). En parlant de ce titre, nous remarquons justement qu'il utilise «Trinque l'Amourette» de La Bottine Souriante lors des premières secondes et de quoi clore la chanson. Le son de la flûte et du violon est donc au rendez-vous sans pour autant devenir du black folklorique.
Il y a aussi «1834» ou «L'oeil de l'ouragan» comme j'aime bien l'appeler, car ce morceau est placé au milieu de cette tempête de décibels. De la guitare acoustique combinée à un chant lointain, une piste très calme mais comme on s'en doute, très courte également. Ce titre aussi possède une sonorité québécoise assez importante.
Le titre éponyme est sans doute celui qui caractérise le mieux le travail de
Spiritus. De grandes nappes de clavier recouvrant une musique violente, exprimant la rage, alternant sans cesse entre les passages ambiants et ceux de black agressif, vous permettant de déguster chaque facette de son immense talent. «
La Seigneurie des Loups» est le pont parfait pour nous emmener vers la fin du cet album, qui termine sur un titre ambiant ô combien malsain, difficilement égalable au niveau de l'angoisse qu’elle crée. Notamment grâce à cette voix narratrice, d’un ton si sinistre, si glauque, c’est incroyable, à vous glacer le sang. Le néant est donc présent tout au long du morceau, il en devient même intolérable. Heureusement, la finale nous apaise, le vent glacial souffle dans une forêt paisible, signe que la tempête est enfin terminée.
Bref, on y retrouve donc de tout, de grands titres crachant la rage et la haine, tel «Croix de Feu Croix de Fer» ou encore «
La Seigneurie des Loups». Allant à de grandes nappes ambiantes bien glaciales et savoureuses présentes tout au long de l'album. Mais, la carte maîtresse de cet opus , au niveau des ambiances les plus givrées et lugubres, est incontestablement «Les plaine de Krolok». On y retrouve aussi un titre instrumental vous déplaçant vers un état nostalgique, «1834». Et même, de quoi vous donner une envie de fêter par «
Ancien Folklore Québécois».
Discutons un peu des paroles maintenant, qui sont soit-dit en passant, de sublimes «poèmes hivernaux» (citation de
Spiritus) travaillés à la perfection. De sa voix incompréhensible, il nous lance de magnifiques métaphores glaciales et forestières, à vous donner l'impression d'être au milieu d'une profonde et imposante nature, lors des longues soirées d'hivers québécoises. Aussi, les thèmes récurrents abordés par les textes sont reliés à l’oppression anglaise que nous avons subis et de la rancœur qui s’y est installée. Pour ensuite en arriver à nous dire le bien le plus précieux qui soit à ses yeux: la liberté. Nous remarquons facilement que la langue française est importante pour ce brave patriote de la fleur de lys. (Effectivement, aucun titre anglais n’a été produit).
Pour terminer cette chronique,
Spiritus nous offre là un hommage à notre si belle patrie, un album à écouter devant vos vitres lorsqu'elles sont devenue de magnifiques «jardins de givre». Vous vous sentirez comme au Québec. Une réussite totale.
«Vive la liberté!»
Ma note est effectivement élevé mais bon... je le trouve absoluement génial!
Merci pour vos commentaires.
@enthwane: on dit «à Québec» quand on parle de la ville et «au Québec» quand on parle de l'état.
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