Bien avant de s’attirer les foudres des trve blackeux et de régner avec leur troisième (excellent) album sur la nouvelle scène black metal, les Américains d’
Abigail Williams avaient opté pour un style bien différent. Surfant sur la mode du metalcore, le jeune combo issu de la Cité des Anges décide pourtant de se démarquer en incorporant dans leurs compositions une grosse influence black sympho dans la lignée d’
Emperor ou encore
Dimmu Borgir, soit des formations principalement nordiques. Si l’idée n’est pas forcément neuve en soit, l’ajout de claviers aériens dans le metalcore ayant déjà été utilisé, il faut admettre que c’est surtout en 2006 avec
Burn In Silence et surtout
Bleeding Through que la touche fut concrètement amenée au public.
Pourtant, en y jetant une oreille plus attentive, force est d’admettre qu’
Abigail Williams officie plutôt dans un death mélo du type
Callenish Circle, At The Rest et donc
The Black Dahlia Murder plutôt que des formations dites "à mèche", bien que la ressemblance entre les deux genres soit évidente et que la fine limite qui les sépare soit également très dure à comparer. En ce qui concerne
Abigail Williams, le groupe se forme en 2005, change légèrement de line-up et enregistre sa première démo la même année, démo qui ne sortira finalement jamais concrètement (et oui, pas la peine de chercher
Gallow Hill en CD, la galette n’existe que sur le net). Au final, le guitariste-chanteur-compositeur-leader Ken Sorceron arrive à véritablement créer un groupe puissant de toutes parts…
Avant tout, un look réfractaire plutôt classique pour un groupe des années 2000 avec cheveux courts, t-shirts de groupes de deathcore et tatouages colorés. Puis, par un line-up solide comprenant notamment Zach Gibson (ex-batteur de
The Black Dahlia Murder) et l’atout sexy Ashley Jurgemeyer (qui s’en ira par ailleurs jouer du clavier chez les
Cradle Of Filth quelques années plus tard).
Signé chez Candlelight Records,
Legend s’avère pourtant assez inégal dans la forme, ce cher Sorceron ayant déjà pensé à zapper les passages death mélo/metalcore du style du groupe afin de ne se consacrer qu’à du pur BM sympho virulent. On sent donc une certaine démesure entre les différents morceaux, la première partie de l’EP correspondant au mélange des genres tandis que les deux derniers titres sonnent plus black dans leur intégralité, comme annonçant le futur du groupe…
C’est en effet surtout dans les parties chants plus criardes, glaireuses et naturelles ainsi que dans le type de riffing plus véloce et les atmosphères que se distingue cette différence notable. Il faut dire que le principal objectif de cet EP est de promouvoir le groupe, groupe qui pense déjà à son avenir moins bordélique. Véritable fourre-tout des compos du groupe (déjà considérées comme "anciennes" par Sorceron),
Legend propose donc trois titres death mélo sympho assez pêchus, comportant riffs saccadés, allers-retours entraînants et quelques passages en chant clair bienvenus, un titre légèrement plus axé sur les influences black (l’excellent "
Watchtower") et au final un titre démo annonçant la couleur de ce qui sera le style de leur premier album, très différent de ce que l’on vient d’écouter jusqu’à alors et au son plus rough.
Ainsi, composées de trois titres issus de leur première démo renommés pour l’occasion ("Like
Carrion Birds", "The
Conqueror Wyrm" et "
Watchtower") et de deux autres dits "inédits", ces 21 minutes restent une pure curiosité progressive et – en soi – originale. Car si la composition est intemporelle, le groupe a su tout de même mettre en place une tracklist plutôt réussie, allant de leurs débuts jusqu’à leur son le plus récent, celui qu’ils veulent définitivement (?) exhiber. Au final, tiraillé entre ses influences, sa volonté d’exister, celle de fournir quelque chose à son tout nouveau label mais aussi de présenter au public sa propre vision de la musique sans cesse évolutive,
Abigail Williams se perd, s’embrouille et n’arrive pas à pleinement proposer une musique équitable. Toutefois, reste encore aujourd’hui de
Legend une sympathique mise en bouche de ce qu’était le groupe à ses débuts et une bonne vingtaine de minutes très exaltante.
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