Après moult tracas et quelques difficultés à trouver un label qui leur convienne, les membres de
Myrath sont de retour. Les cinq années séparant "Tales of the
Sand" et le nouveau rejeton auront été longues mais paradoxalement courtes puisque tout s'est enchainé en l'espace de quelques mois pour nous, simples mortels, qui ne sommes pas dans les coulisses.
Pour ceux qui ont oublié de prendre leur train,
Myrath est un groupe tunisien plutôt réputé en Europe et étonnamment méconnu dans son pays, officiant dans un oriental metal prog inspiré par
Dream Theater et
Symphony X. La bande a sorti trois opus avant de nous présenter le quatrième en date, "
Legacy", qui permet au patronyme du groupe de prendre tout son sens, "
Legacy" = "héritage" = "myrath".
Les membres ont voulu se surpasser et ont mis les bouchées doubles avec ce nouveau bébé qui se dote même d'un clip épico-cinématographique avec un Zaher Zorgati héroïque dans le rôle d'un prince of persia pourchassé par l'ennemi. Ce clip est à l'image de l'album, aussi épique que dynamique et catchy, inscrivant le combo dans la mouvance orientale du moment, aux côtés d'
Arkan ou d'
Orphaned Land.
La pochette peut paraître sobre et simpliste, avec cette main de fatma dorée sur fond blanc, mais elle est à l'image de la musique de
Myrath. Les titres sont peut-être plus longs que sur "Tales of the
Sand", mais pas plus progressifs pour autant puisque le quintet opte pour une musique plus directe, qui tirent moins sur la longueur.
Si "
Believer" vous paraît très easy listening, il faut vous attendre
à ce que le reste de l'album soit du même acabit. Les mélodies des refrains sont simples mais entêtantes, sans prises de tête, avec un gros côté pop et accessible qui fera autant d'amateurs que de détracteurs. Ceci dit, c'est très bien fait et très convaincant,
Myrath ne perdant pas ses bonnes habitudes. Mais certaines plans ont déjà été entendus des dizaines de fois et les refrains interchangeables entre chaque morceau peuvent perturber l'auditeur. On ne sait pas toujours quel titre on est en train de fredonner, et on peut très facilement se chanter le couplet de "Other Side" pour finir avec le refrain de "
Duat".
Autre point, la guitare de Malek paraît plus en retrait malgré quelques offensives exquises mais elle peine souvent à se démarquer pleinement. Elle mène le rythme, le jeu est sans reproches, mais on aurait aimé l'entendre davantage sur des soli complexes ou sur des passages plus corsés comme sur "Nobody's Lives" ou "Other Side". C'est le cas aussi des plans arabisants, moins omniprésents, plus calculés, mais manquant parfois de force et de chaleur malgré des violons dépaysants et des chants aux mélodies typiques.
Pas ou peu de vrais instruments traditionnels à l'horizon mais qu'on le veuille ou non, cela fait partie des forces de
Myrath, qui préfère garder les éléments traditionnels du prog, avec ses claviers, plutôt que suivre la ten
Dance et se perdre dans le folk comme l'ont fait
Arkan et
Orphaned Land.
On pourrait finalement croire que cet album est easy listening et sans prises de risque, mais il est paradoxalement plus diversifié et certains plans attirent nos oreilles. Les couplets ne servent pas qu'à annoncer les refrains, ils ont eux aussi leur importance avec des mélodies qui valent souvent le détour comme sur "Get Your
Freedom Back" ou "The Needle" dont l'intro pourrait très bien appraître sur un album de sympho épique. "
Through Your
Eyes" est très sensuel avec ses violons et ses plans chaleureux et "
Duat" fait apparaitre quelques arpèges électroniques avec un fond ambiant qui nous dépaysent et nous fait imaginer une nuit étoilée en plein désert, avant un déluge de violons.
Il ne faut pas non plus laisser de côté le talent de chaque musicien, traitant son sujet avec brio. Les guitares, même si elles ne sont pas toujours très entêtantes, restent un élément majeur dans la musique des Tunisiens, de même pour les claviers qui cette fois-ci prennent beaucoup de place et dévoilent des sons aussi classiques que modernes. Zaher est plus charismatique que jamais, avec une prestation vocale excellente et étonnante de précision, et Morgan sait autant faire dans le simple que dans le varié. Not bad !
Au final, ce "
Legacy" signé par Very Records s'éloigne du prog pour se rapprocher de la pop metal orientale. Le mélange reste tout de même très appréciable mais on regrettera le manque de plans purement orientaux et le manque de fougue, le rythme peinant souvent à s'accélérer et les titres n'étant pas aussi punchy qu'avant. Ceci dit, certains titres restent en tête un moment notamment "
Believer" ou "Other Side", pour ne citer qu'eux. Une chose est sûre, c'est qu'il ne faut pas qu'une seule écoute de cet album, qui déroute aux premiers abords par sa simplicité, mais qui finalement attire par sa diversité.
Après l'excellent Tales of the Sands, voilà un album qui ne nécessitera qu'une ou deux écoutes pour s'en lasser.
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