Sept secondes de silence. Puis les instruments entrent dans la danse, tissant un mur de son compact, étouffant, glacé. La voix arrive enfin, tout à la fois incantation, menace, murmure et prière. Vous venez d'entamer l'écoute de "
Lateralus", et autant vous prévenir, vous n'en ressortirez pas indemnes.
Cet album, qui succède au très encensé "
Aenima", constitue pour moi le sommet de la carrière de ce groupe ô combien atypique qu'est
Tool.
Plus difficile d'accès que son prédécesseur, il est aussi plus complet, plus maîtrisé, car il ne s'égare jamais de sa ligne directrice et vous tient en haleine tout au long de ses soixante-dix minutes.
"
Lateralus" est un album très long, au son froid et assez synthétique, qui s'articule autour de pièces musicales allant de six à dix minutes et séparées par de courtes plages de transition. Les schémas qui sous-tendent les compositions échappent à toute analyse logique, rendant la mémorisation des structures et des morceaux des plus ardues. Autrement dit, on n'aborde pas ce disque comme un album de punk ; ici, rien n'est immédiat, et ce n'est qu'au fil des écoutes que l'on finit par apprécier pleinement toutes les richesses de cette oeuvre.
L'auditeur attentif et curieux, qui fera l'effort de prendre quelques heures de son temps pour se passer "
Lateralus" au casque, dans le calme le plus absolu, sera récompensé au centuple car il découvrira une oeuvre d'art finement ciselée, où rien n'est laissé au hasard, où chaque élément trouve sa place dans un foisonnement parfois incroyable mais toujours cohérent. Cet album est un grand huit musical, servi par des musiciens en état de grâce, qui couvre quasiment l'intégralité du spectre metal. Tour à tour extrêmement violent ("Ticks & Leeches") ou d'une touchante fragilité ("The Patient), accrocheur ("
Schism") ou hermétique ("Lateralis"), voire franchement barré et incompréhensible ("Triad"), rarement un disque aura exploré autant de facettes différentes sans pour autant dévier de son propos. Attention, je ne parle pas de violence tel qu'un fan de death pourrait l'entendre, mais d'une violence retenue, maîtrisée, sourde, et donc extrêmement inquiétante, qui résonne au plus profond de nous sans jamais exploser. Et lorsque la voix se fait caresse ou murmure, la tension ne baisse pas pour autant puisqu'il est impossible de prévoir ce qui nous attend dans quelques secondes... A ce titre, l'enchaînement "Parabol"/"
Parabola" est le point d'orgue de l'ensemble; le premier morceau n'est qu'une lancinante montée en puissance, tendue vers un seul but : l'explosion qui arrive avec la seconde partie, qui vous prend aux tripes et vous laisse pantelant.
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Lateralus" est une boule noire, constamment en mouvement, qui se dérobe à chaque fois que vous croyiez pouvoir la saisir totalement ; et loin de frustrer son auditeur, ce caractère changeant et versatile ne fait qu'attiser le désir de s'y plonger à nouveau pour retenter une expérience toujours nouvelle et enrichissante. Rarement le terme trop souvent galvaudé de chef-d'oeuvre aura été à ce point mérité.
Pour conclure, permettez-moi de citer le chroniqueur de Kerrang (UK) qui avait eu la lourde tâche de chroniquer ce disque lors de sa sortie, ce qui est toujours difficile lorsqu'il s'agit d'albums nécessitant de nombreuses écoutes avant de se dévoiler : "
Lateralus is not just one of the greatest records you'll listen this year, it's one of the greatest records you'll listen in your lifetime". Tout est dit.
le 1er etant 10000 days
C'est le mot qui me vient à l'esprit quand je fini l'écoute de cette galette. LA TE RA LUS nous transporte dans un autre monde, celui crée par les membres de l'Outil. Un voyage mystique, dans les ténèbres les plus profonds !
Parfait, c'est trop bon!!
voilà pourquoi le MP3 tue la zique !
Tfaaon d'accord avec toi pour le MP3, mais le mieux ça reste le vinyle surtout pour ce type de son qui est encore trop écrasé sur la version CD. Si c'est pour avoir du bon son autant avoir le meilleur
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