Fear Inoculum

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17/20
Nom du groupe Tool
Nom de l'album Fear Inoculum
Type Album
Date de parution 30 Août 2019
Labels Volcano
RCA
Style MusicalMetal Progressif
Membres possèdant cet album85

Tracklist

1.
 Fear Inoculum
 10:20
2.
 Pneuma
 11:53
3.
 Invincible
 12:44
4.
 Descending
 13:37
5.
 Culling Voices
 10:05
6.
 Chocolate Chip Trip
 04:48
7.
 7empest
 15:43

Durée totale : 01:19:10

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Tool


Chronique @ Selfdestruction

29 Novembre 2019

Une expérience totale. Un ovni dans le monde du Rock

Dire que le nouveau Tool était parmi les albums les plus attendus de l’année est un euphémisme : c’était l’album le plus attendu de la décennie. Treize ans se sont écoulés entre la sortie d’Undertow en 1993 et celle de 10’000 Days, en 2006. Tool a donc sorti quatre albums en treize années. Il lui en faudra treize de plus pour en créer un cinquième.

L’histoire de la lente gestation de cet album est désormais célèbre. On pourrait écrire un livre entier pour y conter les espoirs, les obstacles et les désillusions qui y sont liés. Je me contenterai d’en proposer un court résumé. En 2008 déjà, Maynard déclarait que Tool était sur le point d’écrire son cinquième album. Puis ce fut le silence. Plus aucune nouvelle pendant des années. Les principaux responsables de ce long retard sont les ennuis juridiques dans lesquels le groupe s’est empêtré. Ceux-ci ne prendront fin qu’en 2015, après avoir miné la créativité et l’envie du quatuor. A ce moment, les fans n’y croient plus. On commence à dire que le nouvel album de Tool est « le Half-Life 3 » de la musique. Depuis le temps, les réseaux sociaux sont nés et se sont développés. Les fans conspuent Maynard à coup de tweets, ils lui reprochent de se préoccuper uniquement de son vin. Entre 2015 et 2019, Tool annonce régulièrement que la sortie du nouvel album est pour « bientôt ». Plus personne n’y croit. Tool n’est plus un groupe de musique, l’album est devenu un « running gag », la source d’un nombre infini de mèmes qui circulent sur la toile.

Et puis voilà qu’en 2019, Tool sort enfin de sa longue léthargie. Le groupe tease son nouvel album et propose sa musique en streaming. Après treize ans où toute la nouvelle musique de Tool se résumait aux trente secondes d’introduction de Descending, le nouveau single voit finalement le jour. Il marque l’histoire en devenant la plus longue chanson (plus de 10 minutes) à figurer dans le Billboard. Au passage, tous les albums du groupe figurent dans le top 20 du Billboard 200 et les 10 premières places des ventes numériques sont toutes des chansons du groupe. Lorsque Fear Inoculum est enfin disponible, ses ventes écrasent le nouvel album de Taylor Swift. La musique pop est anéantie par un album de Metal progressif dont aucune chanson ne fait moins de 10 minutes, un album créé par un groupe qui n’existait plus depuis 13 ans. Voilà l’exploit de Tool, le monstre déchaîné qui ravage tout sur son passage. Cet album a donc déjà marqué l’histoire mais il subsiste une question fondamentale : est-il à la hauteur des attentes ?

Commençons par poser LA grande question : Tool fait-il toujours du Tool ? Autrement dit, le groupe a-t-il gardé sa « patte » ? La réponse n’est pas si évidente. Oui et non. Personne d’autre n’aurait pu composer un album pareil et on reconnaît tout de suite le groupe. Pourtant, Fear Inoculum ne ressemble à rien de ce qu’avait pu proposer Tool auparavant. La première chose que l’on peut remarquer est qu’il n’y a pas de véritable single. Aucune chanson ne fait moins de dix minutes, il n’y a rien de comparable à Sober, The Pot ou Stinkfist. Il n’y a absolument rien d’accessible. C’est l’album le plus éloigné d’Undertow que Tool n’ait jamais créé. Plus qu’aucun album avant lui, Fear Inoculum demande l’engagement total de son auditeur. Si on procède à une écoute inattentive et dissipée, alors on pourrait penser que Fear Inoculum est un album très chiant et répétitif. Les mêmes sonorités semblent se répéter à l’infini sur les diverses chansons, les mêmes riffs paraissent s’étaler sur plus de dix minutes, Maynard semble peu varier son timbre de voix…

Cet album est-il une catastrophe? Indéniablement, il le sera pour nombre d’entre vous. Certains vont souffrir à son écoute, quelques-uns vont crier au scandale, à la perte de créativité, au temps qui passe et qui, inexorablement, mène à la vieillesse et au manque d’inspiration. Et, d’une certaine façon, ils auront raison. Car, oui, Tool réutilise les mêmes ficelles : longues introductions pour la majorité de ses titres, petit riff qui se développe lentement au fil de la chanson, Maynard discret, pas de cris et globalement peu de Metal se retrouvent dans cet album. Mais peut-être plus qu’aucun album de Tool, Fear Inoculum vous récompensera si vous acceptez d’entrer dans son jeu et que vous vous abandonnez totalement à lui. Et il le mérite. Car derrière ces longues compositions qui ne semblent pas vouloir se développer se cachent une myriade de subtilités exquises dont vos oreilles ne se remettront jamais. Car en réalité Tool n’a rien perdu de sa superbe et Fear Inoculum est un album exigeant et absolument original. Car il va grandir en vous et vous n’arriverez plus à vous en défaire. En ce qui me concerne, j’éprouve toujours autant d’engouement pour celui-ci qu’au jour de sa sortie, il y a maintenant près de trois mois.

Il y aurait tellement à dire à propos de chaque composition que cela me fend le cœur de ne pas faire un track-by-track, mais il faut savoir se modérer. Commençons par évoquer ce que l’album propose de plus mauvais : comme d’habitude, les interludes proposés sur la version digitale sont sans intérêt. Certains argueront peut-être qu’ils sont là pour participer à l’ambiance générale de l’album… Admettons. En ce qui me concerne, j’ai plutôt l’impression qu’album après album Tool tente de battre son propre record de l’interlude le plus insupportable. Sur ce terrain-là, la palme revient à Mockingbeat qui semble être exactement conforme à ce que son titre laissait présager : du bon gros foutage de gueule. On a l’impression que Maynard, connu pour afficher un certain mépris à l’égard de ses fans, est en train de nous déféquer dessus. Seul Chocolate Chip Trip tire son épingle du jeu. Il s’agit d’une bonne transition vers le titre final, une expérimentation électronique intéressante qui met en valeur le jeu de batterie phénoménal de Danny Carey.

Ce dernier réalise d’ailleurs une prestation mémorable sur tous les titres. En utilisant tout son kit de manière variée, Danny innove continuellement et surprend toujours. Plus que le rythme, il apporte toute la puissance et l’originalité dont la guitare peut parfois manquer. En effet, de son côté, Adam Jones peut paraître un peu moins inspiré. Ce dernier surexploite parfois les mêmes riffs, telle que la technique de Jambi usée à la moelle sur Invincible et réutilisée, de manière beaucoup plus convaincante, sur 7empest. Pour donner plus de liberté aux autres instruments, il n’est pas rare qu’Adam répète inlassablement les mêmes allers-retours durant de longues minutes sur des titres comme Invincible, Fear Inoculum ou Pneuma. On le retrouve aussi user régulièrement du même riff en open D, ici et là, dans presque toutes les chansons de l’album. Cependant, son travail de guitare consiste souvent en de subtiles variations des mêmes riffs. De subtiles variations oui, mais tout à fait appropriées dans des compositions qui grandissent lentement jusqu’à arriver à leur point d’orgue. Et, malgré tout, lorsque Adam décide de se lâcher, il reste capable de propositions passionnantes, surtout au sein de Descending ou le monstrueux 7empest. Je pourrais faire une chronique entière sur cette simple chanson qui ne ressemble à absolument rien d’autre que ce qu’a pu nous proposer Tool par le passé. On y retrouve des riffs très catchys disséminés d’un bout à l’autre, entre des solos de guitares techniques et inspirés ou un passage génial de la section rythmique. Mais il y a aussi de superbes trouvailles au sein de Pneuma, Invincible et Descending.

Sur les autres titres, la guitare est plus en retenue. Culling Voices est moins une démonstration du talent des musiciens qu’un travail de composition et d’écriture par Maynard. Sur l’album, ce dernier est d’ailleurs le plus discret de tous. Parfois, Fear Inoculum prend carrément des allures de post-rock. Lorsque Maynard daigne chanter, il est plus proche du dernier album d’APC que de ce qu’on pouvait attendre de Tool. Malgré tout, sa voix reste superbe et ses textes ainsi que les thèmes abordés toujours aussi passionnants. Comme les albums précédents, ils ne manqueront pas de faire l’objet d’interprétations et de débats passionnés sur leur signification. Et ce sont peut-être les titres qui me déçoivent le plus dans leur composition et leur puissance qui me passionnent le plus dans leurs textes, comme Fear Inoculum ou Culling Voices. Je ne prendrai toutefois par le risque de m’essayer à les interpréter dans cette chronique.

Enfin, parlons un peu de la basse : Justin Chancellor est, d’une certaine façon, lui-aussi un peu en retrait. Ceci est dû au fait qu’il est souvent en parfaite symbiose avec Danny, ce qui offre des passages rythmiques fascinants, par exemple dans Descending ou 7empest. Le contrecoup est qu’il ne se permet pas beaucoup de liberté, il n’y a pas de lignes de basse aussi marquantes dans cet album que dans des titres comme The Pot ou Schism.

A l’heure du bilan, une certitude demeure : Fear Inoculum est une œuvre intrigante et passionnée. C’est une proposition ambitieuse et une expérience totale. Ce n’est pas un album dénué de faiblesses, on pourrait lui reprocher beaucoup de choses. On peut parfois le trouver ennuyeux, on peut regretter son manque de rage, on peut reprocher la discrétion de Maynard et je n’ai aucun doute que certains fans vont être profondément déçus et que certaines personnes n’arriveront tout simplement jamais à rentrer dedans. Mais il s’agit sans aucun doute d’une œuvre créative et travaillée, superbement composée et souvent magistralement interprétée. La production fait des merveilles et le son regorge de subtilités. Fear Inoculum, c’est un groupe en osmose. C’est un ovni dans le monde du Rock et du Metal. C’est un album qui a déjà fait l’histoire. Pour toutes ces raisons, Fear Inoculum est à la fois l’album le plus difficile d’accès et le plus gratifiant que Tool nous ait offert. Dans tous les cas, il est absolument indispensable de l’écouter et de s’en faire une opinion.

16 Commentaires

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Undertow - 01 Mai 2021:

J'avais été déçu lors des premières écoutes de cet album, je trouvais ça plat et ennuyeux. Mais bon sang, c'est Tool et j'adore ce groupe, alors je l'ai réécouté après l'avoir délaissé, et finalement cet album m'a foutu une claque, car il me transporte ailleurs. Depuis, je l'écoute tout le temps, cet album est une merveille.

Pourtant, j'écoute surtout du Thrash à 95 % genre Exodus que j'adore ....

Bref, superbe album a écouter au calme et ne faisant que l'écouter sans rien faire d'autre.

metallionel - 01 Mai 2021:

j adore  TOOL mais pas cette album ,  j aime que 7empest dommage

heavyjos84 - 01 Mai 2021:

je suis du meme avis, different et dure d'acces avec plusieurs écoute avant d'aimer mais reste un tres bon album, je suis satisfait meme en l'absence de rage et guitare discret beaucoup, je suis tres content apres 13 ans d'attente je l'apprecie, tres prog comme j'adore

Handah - 09 Avril 2023:

Encore plus que pour les album précédents, le temps de digestion de Fear Inoculum est long, très long... Je tiens ici à rassurer les non-fans de Tool, il faut bien plus de trois écoutes pour appréhender cet album dans sa complexité et surtout parvenir à se laisser prendre par son atmosphère.

Je suis un gros admirateur de leurs oeuvres précédentes (surtout Lateralus: oeuvre ultime), et les ai vu 4 fois en concert, pourtant j'étais très dubitatif à l'écoute du premier morceau. Et puis quand l'album est arrivé, j'ai été dégouté. J'me suis dit qu'ils étaient trop vieux, que Maynard avait la flemme et ne chanterait plus jamais comme avant. La production était presque trop clean pour moi, bref, j'me suis dit tant pis, il reste leurs trois magnifiques albums précédents... Tool, c'est terminé, faut faire avec :/

Et puis, ça me titillait et je me devais de retenter le truc, de redonner une chance à ce groupe qui m'a si souvent bluffé. C'est vrai que 10.000 Days est plus évident, mais il m'avait fallu du temps à l'époque pour rentrer dans Lateralus et dècouvrir toute sa profondeur... et je n'ai pas été déçu. Donc, allez, je m'y mets. Je réécoute tout plusieurs fois, dans le calme. Je laisse passer un peu de temps, puis réècoute les morceaux un par un. Plusieurs fois, plein de fois, car en fait à chaque écoute, un déclic, un truc que vous n'aviez pas entendu ou ressenti. Ok, j'me dit qu'ils sont allez encore plus loin qu'avant, que cet album demande beaucoup d'attention et d'ouvrir son esprit encore un peu plus. Bref, je suis conquis! 7empest m'ennuyait à mourrir au début, ce solo est trop long, Adam Jones lui même ne semble pas savoir où aller, mais en fait si! Tout est là, tout est volontaire. Comment ai-je pu douter de leur capacité à me transporter?!? À la réléxion, donc, Tool est peut être devenu encore meilleur, encore plus subtil, surement plus dur à appréhender mais quelle récompense!!

N'hésitez pas, prenez le temps, cet album vous rècompensera au centuple!!

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