Ah,
Tool... Tous ceux qui les connaissent savent que l'on parle là d'un groupe atypique, voire carrément extra-terrestre. Mais comment des mecs qui proposent un son aussi décalé peuvent-ils déployer autant d'admiration parmi leurs fans ? Peut-être justement parce qu'ils ont ouvert la voie à une nouvelle approche du metal. Et leur classification est d'ailleurs apparue avec eux : le terme "atmosphérique" leur a longtemps été réservé.
"10,000 days" (prononcez "
Ten Thousand Days"), cinquième opus de la formation gravitant autour de James Maynard, apporte son lot de nouveautés tout en restant dans l'esprit
Tool, celui qui a fait la renommée des quatre musiciens à travers le monde. Une aura de mystère a toujours entouré ces maniaques du détail, et leur musique est à cette image : minutieusement travaillée jusqu'aux derniers accords, jusqu'à la dernière note. Et ce n'est pas "
Vicarious", premier titre de cet album, qui nous contredira. En fait, on se demande rapidement où l'on va, mais au bout d'une quarantaine de secondes la réponse se présente d'elle-même : on pénètre dans un monde à part, où les gros riffs côtoient la voix rauque de Maynard. On pense immédiatement à
Dream Theater, et plus spécialement à l'album "Train of Thought" en ce qui concerne le nombre impressionnant de changements de plans et d'harmonies. Les musiciens en seront pour leurs frais...
"Jambi" poursuit l'ouverture d'une voie d'exploration dans une jungle inextricable, composée de riffs parfois difficilement compréhensibles et de structures atomisant toutes les bases du metal moderne. C'est là le maître mot de la formation : exploration. C'est aussi l'argument principal des détracteurs du groupe : l'exploration, c'est bien, mais à la longue ça lasse. Et
Tool n'aide pas à la réconciliation, proposant des titres dépassant allègrement les six minutes, voire les dix.
Viennent ensuite deux titres jumelés. "
Wings for Marie (Part 1)" est l'image même du terme "atmosphérique", planant à l'extrême, et très fortement chargé d'émotion. "10,000 days (
Wings Part 2)" reprend la base du précédent, et sur plus de onze minutes (!!) développe un univers absolument phénoménal. Ici, le frisson a pris la place centrale, et on est comme hypnotisé, transporté dans une galaxie dont on avoue ne plus comprendre grand chose. C'est magnifique, c'est extraordinaire, les qualificatifs manquent franchement pour décrire ce que l'on vit en écoutant
Tool. Car oui, on vit cette musique, et pas à moitié. Et lorsque le riff s'accélère, que le solo démarre et que la batterie se met en branle, l'évolution naturelle du morceau nous a déjà envahis, et plus rien ne peut nous surprendre. Le titre se termine dans un feu d'artifice d'énergie, carrément violente aux alentours des neuf minutes d'écoute. Bref... Un sacré monument.
Ouf ! Que d'émotions... "The Pot" vient alors pour nous rappeler que
Tool fait aussi du métal plus classique, et ce titre est une véritable bombe, plus conventionnelle, plus accessible aussi, mais toujours marquée de l'empreinte démoniaque de la formation.
Petit intermède, "Lipan Conjuring" est une curiosité plus qu'autre chose, et coupe le disque en deux, suivi par "
Lost Keys" dans le même esprit.
On reprend ! Huitième titre, "
Rosetta Stoned" est un peu plus fade, mais toujours atmosphérique et complexe. A écouter afin de s'en faire une idée personnelle. "Intension" suit et confirme, on plane sans jamais toucher le sol. Quelques coups de pinceau électronique s'égarent et surprennent, mais ils ont parfaitement leur place dans le grand melting-pot musical de
Tool.
Fallait-il le vivre ainsi ? Après ce grand vol dans les hautes sphères, on touche brutalement le sol avec "Right In
Two", qui justifierait à lui seul la possession de cet album. On manque de mots pour décrire ce titre, et le choc est violent.
Tool s'anime et nous emmène loin, très loin.
"Viginti Tres", fermeture, n'est rien d'autre qu'un délire électronique, et n'a aucun intérêt.
Que dire en conclusion ? On revient brusquement à la réalité lorsque les enceintes se taisent, et personne ne sort indifférent de l'écoute de "10,000 days". On aime, on n'aime pas, peu importe. Cet album est un pur joyau, qu'on se le dise...
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