Bien clairvoyant fut celui qui put coller une étiquette sur
Tool.
Metal atmosphérique, ok, pourquoi pas ? Inclassable, vous ne trouvez pas ça mieux ? Car c'est bien là leur force. Ne cherchez pas d'influence, il n'y en a pas ou presque. Vous fatiguez encore moins à chercher des groupes similaires, sauf si une dépression subite vous force à vous lancer dans un quête désespérée.
Tool vit seul dans le propre mouvement qu'ils ont créé, et leur style insensé, ils l'ont sorti de leur génie unique!
Tool est le Tolkien du métal: pourquoi se contenter de faire de simples albums quand on peut créer un univers entier, un monde parallèle basé sur leur musique névrosé ?
Tool voit grand, jusqu'à se créer une propre légende autour de leur formation. Oui, rappelez-vous de cette fameuse "Lachrymologie", de cette étrange religion mystique basé sur "l'exploration et la compréhension de sa douleur physique et de sa peine", sortie de nulle part et qui berna son monde à l'époque.
Bon venons-en à cet
Aenima, sûrement la pièce centrale de leur étrange dimension musicale.
Pour rappel, cet album est marqué par certains changements : Paul D'Amour est remplacé à la basse par Justin Chancellor et David Bottrill arrive à la production. Qui dit changement de line-up implique forcément changement dans la musique. Inéluctablement, le son est plus lourd et les morceaux gagnent en longueur: trois morceaux sont à plus de 8mn dont "
Third Eye" qui culmine à plus de 13mn !
Commençons par le début :
Tool nous en met dès le départ plein la vue avec le duo "
Stinkfist", avec cet amalgame voix tendre et inquiétante/coup de colère, et "Eulogy", véritable accusation contre le Christ. Ils affichent déjà la couleur dont je ne pourrais pas vous dire la nature. C'est
Tool, c'est insaisissable !
"Useful Idiot" semble une vague déchaînée qu'on entend venir de loin et dont on craint qu'elle vienne nous emporter. Pourtant elle finit à notre grande surprise à nos pieds, pour lancer "Forty six & 2" qui, comme un tsunami, est la seconde vague qui toujours claque plus fort !
Tool s'est encore joué de nous, et nous surprend encore, comme ce "
Message To Harry Manback", ce réglement de compte dont on se demande la présence mais qui reste dans le ton général de l'opus.
"Hooker with a penis" est un réponse virulente à une critique de fan.
Vexé, le groupe (et plus particulièrement Maynard James Keenan) se lâche ! Le pauvre doit encore se retourner dans sa tombe, pour le plus grand plaisir de nos oreilles.
"Pushit" est angoissant, presque un hymne à la violence envers son prochain, avec ces incessants "
Push it !" qui nous pousseraient presque à l'action. Dans la même inquiétude opère "
Third Eye", ce troisième oeil qui nous espionne et qui nous oppresse. Chaque écoute nous pousse à regarder dans notre dos vérifier avec soulagement qu'il ne s'y trouve pas. Pourtant...
Vous l'aurez remarqué, j'ai volontairement omis certains morceaux qui pourtant auraient bien mérité quelques lignes, comme "H", "Jimmy", l'étrange "
Die Eier Von Satan" qui résonne comme des bruits d'usine maléfiques ou encore "
Aenima". Ceux-là, je vous les laisse à votre propre réflexion.
D'ailleurs, le fait que je reste évasif sur l'aspect technique n'est pas non plus innocent. La raison ? Parce que je n'ai pas la prétention de tout saisir, et plus j'écoute, plus je me sens dépassé. Tout n'est affaire que de ressenti.
Cet
Aenima, c'est du caviar : ça se déguste ! Trop en manger serait malsain et malséant, mais chaque écoute est un moment privilégié et nous demande une attention accrue. On croit toujours tenir le fil conducteur, puis il nous échappe à nouveau. Pour les novices, bienvenue dans le casse-tête
Tool !
Quoi qu'il en soit il est clair que Tool a marqué les esprits et a redessiné les contours du metal (et aussi du punk d'une certaine manière^^^) et est un des meilleur groupe de musique du XXIe siècle.
Dans la chronique très élogieuse et objective tout de même, je n'ai pas vu parler des musiciens eux-mêmes; c'est juste pour préciser qu'il y a une très grande maîtrise technique. Certes, c'est imposé par le style musical abordé, mais c'est fait de très belle manière, très classe.
En effet, en terme d'ambiance je pense aux premiers Floyd, mais avec un tsunami d'émotions en plus me concernant.
Dommage qu'il n'y ait en moyenne qu'un album tous les cinq ans...
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