Reverend Bizarre est un hommage au doom traditionnel, sans fioritures. Les musiciens, prônant le manque d’activité de cette scène et en particulier celle de leur pays, exécute donc leur« mission » de défendre le véritable doom et le font avec brio. Aucun clavier, ni chant death ou black, encore moins de chant féminin ou autres douceurs. Ici tout est question de lenteur, de tristesse, une éprouvante messe noire au chant funeste et méprisant. Le son du
Reverend est d’une lourdeur incomparable, une marche d'éléphant de guerre.
La cérémonie commence avec "
Burn in
Hell" et son tempo lent. Le malaise s’installe, les riffs volontairement répétitifs vous entraînent dans une danse mortuaire et macabre. La voix du sir Albert Witchfinderest profonde, claire, puissante et bourrée d'émotions. Elle n'est jamais plaintive, contrairement à beaucoup de groupes qui essayent en vain de faire ressentir un quelconque mal-être, mal-être qui ne vous quittera nullement durant tout l’album. Sa voix est méprisante et condescendante, nous faisons partager sa vision dégoûtante de la vie et de la race humaine. Mais elle est aussi magistrale, parfois mélancolique. On continue avec "In the Rectory" et son ambiance sombre, doté d’une accélération purement heavy avant de terminer sur un final aussi profond que les limbes de l’Enfer. Superbe. Et ce n’est pas "The Hour of Death" et sa mélodie digne du plus grand désespoir qui viendra me contredire. Encore moins "
Sodoma Sunrise" qui contient en son milieu un riff sabbathien tout simplement génial. On enchaîne avec "Doomsower" un peu plus léger car contenant un riff et un tempo nettement plus abordable mais doté d’une ligne de chant et un refrain absolument jouissif. Mais ce n’est qu’une pause pour aborder le dernier virage d'un long voyage sinistre: "
Cirith Ungol", un final purement désespérant qui vous entraîne durant 20 longues minutes dans un voyage unique pour enfin ralentir en s’enfonçant misérablement, laissant place à une mélodie aux touches un peu plus épique, voir même un peu plus positif.
Le moins que l'on puisse dire, c'est que
Reverend Bizarre réussit incontestablement son défi de la meilleure manière possible. Mieux, il parvient à donner la définition de ce genre musicale avec honneur et se paie le luxe de réanimer la scène doom, un peu en perte de vitesse depuis un certain temps. Et ils le font avec talent, personnalité, à la fois ancré dans la tradition et barré, voire expérimental par moment.
Le trio finlandais a récemment décidé de tirer sa révérence et le moins que l’on puisse dire c’est que ce groupe va nous manquer. Car actuellement qui serait en mesure de les remplacer?
La messe est dite, il va falloir se faire une raison...
Vous devez être membre pour pouvoir ajouter un commentaire