Le premier album très moyen des Suédois de
Crystal Eyes ne pouvait que laisser présager d'un second tout aussi indigent. Un apriori corroboré par le fait que ce nouvel opus, le second donc, sort seulement un an après son prédécesseur. Le groupe n'aura donc, en effet, pas eu le temps de revoir complètement sa copie, un revirement aussi entier que celui attendu ici nécessitant réflexion et temps.
Pourtant, contre toute attente, ce nouvel opus, baptisé
In Silence They March, recèle quelques surprises sur lesquelles il nous faudra immanquablement dire quelques mots.
Pas tant dans la teneur de son contenu qui reste un héritage indéfectiblement soufflé par le Heavy
Power Speed
Metal des
Helloween,
Gamma Ray et dans une moindre mesure de celui de
Running Wild. Ni même dans cette inspiration qui demeure esclave d'un certain conformisme.
Mais où alors? Pourquoi? Comment?
Alors que
Crystal Eyes nous avait offert des titres aux passages guillerets et enjoués dans ce premier méfait, souvenons-nous qu'il n'avait pas su faire preuve de cette indispensable mesure et qu'il avait poussé le curseur beaucoup trop loin. Jusqu'à même alourdir ces morceaux d'une naïveté crasse et d'une niaiserie embarrassante. Voilà précisément un des points crucial qu'il a corrigé en donnant davantage de maturité et de sérieux à ses compositions. Entendons-nous bien, il n'est évidemment pas question de dire ici que Mikael Dahl et ses acolytes auraient complètement changé leur arbalète d'épaule en se mettant à écrire des chansons tourmentées et obscurs, mais de souligner le fait incontestable que désormais leurs travaux se sont débarrassés de ce vernis ridicule et candide au profit d'un autre certes plus convenu mais nettement plus approprié. Citons Time Flight,
Cursed and Damned, Sons of
Odin, The
Rising qui avec un meilleur refrain aurait sans doute pu prétendre au titre de meilleur morceau de ce disque ou encore, par exemple, Knights of the
Prey pour illustrer cette étonnante bonne fortune inattendue.
The Undead
King reprend, quant à lui, l'idée de ce morceau théâtral et baroque qu'avait maladroitement initié
World of Black and Silver sur le précédent opus. Là encore le titre est plus maitrisé. Il évite les envolées gauches et se pare d'une épaisseur sombre et concernée tout à fait intéressante et se conclu par un passage acoustique séduisant et ombreux. Moins grandiloquents, mais tout aussi réussis, le ténébreux Witch
Hunter nous tient alerte. Même Winternight, la ballade acoustique venant clore ce pamphlet, n'est pas suffisamment insupportable pour altérer notre bienveillance à l'égard de ce
In Silence They March.
Au final, ce nouvel opus des Suédois corrige donc les erreurs les plus rédhibitoires commises sur un piètre A
World of Black and Silver. Ce faisant il offre à
Crystal Eyes le statut enviable d'imitateurs inspirés et acceptables en lieu et place de celui d'ersatz caricatural et comique. Notons tout de même que si la progression est notable, et louable, il reste encore beaucoup de chemin à parcourir avant qu'il puisse espérer pouvoir atteindre celui de ceux qui impriment la cadence, décident des modes ou innovent. En d'autres termes, si les travaux de Mikael Dahl et de ses comparses sont devenus nettement plus intéressants, ils n'en sont pas nécessairement devenus indispensables pour autant.
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