Alors qu’on parle à droite et à gauche d’un hypothétique retour de
System Of A Down en 2011,
Serj Tankian vient de sortir son deuxième album solo après "
Elect the Dead". Les discussions vont bon train, de sa sortie repoussée pour raisons écologiques (alors que le packaging est tout ce qu'il y a de plus banal, en boitier cristal…) à ses excentricités, coups de marketing et de pub pour se faire mousser, tandis que les trois titres déjà présents en téléchargement et vidéo sont quasiment descendus en flèche par ses détracteurs et fans, déçus par tant de simplicité par rapport à son précédent album. À vouloir trop en faire, le bonhomme voit se retourner contre lui les actions et les idées qui l’occupent, faisant office d’arguments de vente pour son album. Oui, et alors ? Dois-je rappeler tout ce qu’il entreprend, son engagement dans des causes politiques non dénuées de sens, ses actions avec Amnesty International et l’une de ses branches "Music for
Human Right", aux côtés de groupes comme
Rage Against the
Machine ou
Axxis Of
Justice ? Mais il est vrai que c’est plus facile de parler de sang, de guerres et de rites sataniques quand on prétend faire du
Metal…
Donc, "
Imperfect Harmonies". Serj se débarrasse ici définitivement de ces bouts d’étiquettes Neo-
Metal et Rock qui lui collent à la peau depuis tant d’années. Libéré, enfin, de ce qu’il a accompli avec SOAD, pouvant faire une vraie pause, explorer d’autres horizons... changer : le bonhomme semble s’être pris au jeu de la symphonie depuis son live symphonique d’ "
Elect the Dead", en témoignera la présence de l’orchestre. Et un mot qui pourra résumer à lui seul l’album : simplicité. Loin de tous les délires inhérents à SOAD, l’album est dépouillé de toutes envolées stylistiques, coulant tranquillement dans le courant de musiques électroniques et orchestrales. Les compositions sont minimalistes, les instruments servant presque uniquement de musique de fond pour accompagner le chant de Serj. Un chant posé qui ne nous gratifiera plus de délires vocaux, mais jouant la carte de l’émotion sur des refrains emplis de sincérité et de beauté. On a donc affaire à des structures très simples, parfois juste une ou deux nappes de synthés, s’éloignant de tous schémas Rock. "Beatus", par exemple, avec ses accents Pop, son court pont orchestral cuivré, Serj accompagné par la chanteuse Shana Halligan me rappelant quelque peu Sharleen Eugene Spiter de
Texas. Quelques notes de guitares électriques viendront parsemer les titres "Electron" ou "
Left of Center", pouvant laisser croire, avec leurs lignes de chant, à un potentiel retour aux « sources ». Mais tout l’album suit une ligne directrice simple, sans breaks cassants, fioritures ni éléments surchargés. Un album qui s’écoute in fine facilement d’une traite, facile à mémoriser… mais pas forcément à oublier.
À tous ceux qui n’avaient déjà plus confiance en cet album : vous pouvez désormais arrêter la lecture ici, la suite ne vous en dira pas plus.
Car Serj a choisi la voie la plus courte, la plus facile. Et ce serait faire preuve d’une évidente mauvaise foi que de prétendre le contraire. De toute façon cet album va faire polémique, entre les fans qui ne jurent que par SOAD et "
Elect the Dead", et les groupies hystériques, défendant et adulant tout ce que fait l’ex-chanteur d’un des groupes les plus connus de la planète Rock et
Metal ; être borné et vraiment naïf pour trouver que cet album est l’une des meilleures sorties de cette année, une œuvre réfléchie et travaillée dans ses moindres détails dans un souci d’intégrité que Serj a sûrement perdu en partie…
Je dois finalement faire partie de ces groupies. RAF ! J’assume, et me laisse transporter par les refrains touchants de "Reconstructive Demonstrations", "Deserving ?", les minces envolées lyriques de "Peace Be Revenged", les petites touches jazz de "
Wings of Summer", les notes de piano sur "
Gate 21", les sonorités électroniques de "Beatus", "Electron", la tranquillité qui se dégage de l’album... Ah oui, "
Imperfect Harmonies" respire le calme, la sérénité, malgré certains thèmes chers à Serj, en témoignent "Borders Are", traitant du problème des frontières entre les États, "Yes, It’s
Genocide" chanté dans sa langue natale - l’arménien -, ou encore un "
Left of Center" rapide et explosif. Des textes moins corrosifs que par le passé, mais portant toujours un regard désabusé sur le monde qui l’entoure.
Que dire de plus ? Disserter sur l’avenir de sa carrière solo, ou bien ouvrir - histoire de boucler la boucle - sur la reformation de SOAD ? Bof… marre de tout ce foin qu’on fait autour de Serj et de son ex-groupe, je vous laisse, et pars me remettre un petit "
Imperfect Harmonies" pour oublier tout ça. Comment dit-on déjà ? Ah oui : Carpe Diem!
Et c'est là que vous avez tout faux quoi...
Mais rien ne t'empêche d'en faire une, bien entendu, si tu n'es pas d'accord avec tel ou tel point de ma chronique, cela permettra de débattre autour de cet album: on est là pour ça après tout ;)
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