La naïveté est une notion très abstraite. Une candeur subtile, un sourire innocent, une passion dévorante. Autant de sensations, de sentiments qu’une corde de guitare parvient à nous faire ressentir de façon intense et violente.
Naïve est un groupe comme cela, capable de mettre au monde une nuée de sentiments uniques, qui s’adapteront au ressenti et à l’histoire de chacun. Un premier album en guise de libération. Des problèmes de santé. Mox aurait pu ne jamais faire partie du voyage, Rico et Jouch auraient pu tout arrêter immédiatement. Mais la passion et l’amitié ont finalement vaincu. Un premier album en guise de libération. «
The End » of beginning.
«
Illuminatis ». La théorie du complot. Le fait de croire savoir sans forcément savoir. Une question d’ignorance pouvant être interprétée différemment. «
Illuminatis ». Ce « s » final change tout. « Vous illuminez ». Comment interpréter ce message dans ce cas ? À chacun de se faire son propre avis sur la question.
Naïve est un trio toulousain. Une musique aérienne, électronique, résonante, paradoxalement puissante lors d’explosion toujours contrôlée. Une définition qui trouve exemple au terme de la longue introduction « Transoceanic ». Tout Naïve est démontré ici. Un électro-rock planant, des riffs plus tranchants et rapides, parfois massifs, un chant tout en apesanteur et en maîtrise. Les phases et les plans se succèdent, à une douceur répond un riff écrasant. Un titre tout en retenu, on sent que le groupe peut en envoyer davantage, mais réserve le tout pour plus tard. Rico apporte plus de voix ici, parfois quelques légers chœurs, parfois (comme pour ce titre) pour des hurlements plus ou moins contrôlés pour correspondre à l’ambiance dégagée.
Le groupe se dégage de sa douceur avec un titre comme « Belly ». Sans pour autant lâcher son atmosphère émotionnelle si particulière ; le groupe se lance dans un
Metal rapide et agressif bien compensé par la douceur du chant de Jouch et la profondeur du cri de Rico. Les riffs se syncopent et s’élèvent dans un tourbillon de puissance résonnante avant de couper court pour un passage de basse que n’aurait pas renié
Tool.
«
Illuminatis » est un disque à expérimentation. «
Circles » en est un exemple. Bien que parfois maladroit (notamment ce cri au début qui n’a peut-être rien à faire là…), ce groupe peut se vanter d’apporter une intense et bouleversante émotion. Electro en surdose sur des couplets très calmes, guitare massivement spatiale et chant incroyablement planant et transperçant l’auditeur d’une once de mélancolie étrangement agréable sur les refrains… « The Ropes » est une étrange mélodie. Le chant lui-même, comme possédé et hypnotisant, ces sonorités étouffantes et ces chœurs célestes ont vite tendance à mettre un certain malaise ambiant… Quand Jouch reprend possession de son chant aérien, c’est pour envoyer par la même occasion une nouvelle force mélancolique écrasante.
«
The End » avait pêché par des moments beaucoup trop longs. Le groupe parvient avec «
Luna Militis » à suffisamment varier ce long titre (treize minutes) pour éviter de nous faire ressentir la même sensation. Comme un titre construit sous plusieurs chapitres, l’introduction révèle quelques notes de guitare dans un schéma classique, mais efficace. La complainte chantée par Jouch s’élève quelques minutes avant d’entamer un deuxième chapitre. Du Naïve pur et simple, riff bétonné et chant planant sont toujours de la partie. Les ambiances prennent leurs temps. Un quart d’heure, ça se construit. C’est là qu’un troisième chapitre rentre en place. Le son devient dès lors agressif, le chant semble empli de haine et de colère sans jamais hurler. Puis tout s’arrête. Retour à un son électronique, atmosphérique. Une sonorité qui se répétera inlassablement jusqu’à épuisement musical tout en gagnant petit à petit en puissance.
La douceur sera de mise à certains moments. « Focus ». Un riff calme, un petit air d’ouest. Le chant est toujours aussi prenant, bien mieux que dans le premier opus du groupe. Un titre dans une retenue bizarrement non retenue. Une émotion juste, capturée à l’instant T. Un chœur triste, une guitare caressée et tout s’arrête jusqu’à un réveil électronique d’une émotion sans pareil, à même de vous éclater le cœur en faisant remonter à votre subconscient le pire de votre existence. Un coup de cœur. Dans tous les sens du terme.
De la force et de la puissance pour finir. Un peu semblable à « Belly » sur le déroulement, «
Illuminatis »-titre est un condensé de riff puissant, de rythmique écrasant, de batterie étouffante et rapide. Un bilan de l’album au travers du titre éponyme. Un chant prenant, hypnotisant, des cris menaçants, féroces, des coupures et des breaks judicieusement disséminés. Et un final bouleversant dont je ne dirai rien. À chacun de ressentir l’émotion qui lui sera propre, ni plus ni moins.
«
Illuminatis » est une balle dans la tête. Instantanément pris à la gorge par un ouragan d’émotion, il en reste un disque difficile à appréhender, leur mariage du Trip-Hop émotionnel et d'un
Metal Atmosphérique pur ne sera sans doute pas apprécié par tous. Mais qu’importe. Fermez les yeux, ouvrez vos cœurs, laissez les larmes couler. Laissez la haine et la peine vous quitter et hurlez un bon coup.
Sentez comme la vie peut être belle…
Merci pour la chronique, en tout cas!
j'ai pas trouvé l'album aussi génial que le premier, mais c'était agréable à écouter.
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