III

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16/20
Nom du groupe Demons And Wizards
Nom de l'album III
Type Album
Date de parution 12 Fevrier 2020
Labels Century Media
Style MusicalPower Mélodique
Membres possèdant cet album76

Tracklist

1.
 Diabolic
 08:01
2.
 Invincible
 04:34
3.
 Wolves in Winter
 04:18
4.
 Final Warning
 03:46
5.
 Timeless Spirit
 09:16
6.
 Dark Side of Her Majesty
 04:38
7.
 Midas Disease
 04:36
8.
 New Dawn
 04:22
9.
 Universal Truth
 05:05
10.
 Split
 06:02
11.
 Children of Cain
 10:07

Bonus
12.
 Final Warning (Demo)
 04:02
13.
 Children of Cain (Demo)
 08:21

Durée totale : 01:17:08

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Demons And Wizards


Chronique @ Eternalis

04 Mars 2020

"III" est un paradis perdu [...] qui fera date car il est rare. Et ce qui est rare est précieux.

« Le temps de l'attente ressemble au temps de la sécheresse ; toujours trop long. »
Jovette Marchessault

Trop long. Doux euphémisme pour définir une durée qui a semblé proprement interminable, presque synonyme de mort artistique d’un projet à deux têtes qui n’a toujours vécu, ou vivoter, lorsque le temps de chacun le permettait. Un temps précieux. Celui de Hansi Kürsch pour commencer (vous savez le groupe qui vient d’aboutir à un projet long de plus de vingt ans...), puis de Jon Schaffer qui sort ses albums d’Iced Earth tel un métronome sans jamais s’arrêter. Six avait séparé le premier album éponyme du très acclamé "Touched by the Crimson King" qui, s’il souffrait d’une production trop typée américaine (Jim Morris forcément) et centrée sur les riffs et le chant (comme par hasard), possédait des brulots qu’on a longtemps imaginé comme étant les derniers que le duo nous proposerait. Hansi le dit lui-même, passé un certain temps, il n’imaginait même plus qu’un troisième opus de Demons & Wizards pourrait voir le jour.

La première surprise fut lorsque le Wacken annonça un concert exceptionnel l’année dernière, en tête d’affiche. Le groupe, qui n’avait toujours été qu’une entité studio, allait donc vivre une expérience live. Quelques autres festivals eurent le droit au même honneur (pour se chauffer, d’après les dires de l’allemand) et il était évident que ces retrouvailles étaient là pour, quinze ans plus tard, présenter enfin du nouveau matériel. C’est désormais chose faite. Sobrement intitulé "III" (après l’épique titre du second opus, c’est un peu décevant), il fait renaitre le duo mythique toujours avec cette aura de mystère, de mystique et cette impression que nous n’aurons peut-être plus jamais d’autres compositions sous ce patronyme.
Car, plus que jamais, Demons & Wizards semble un projet d’un autre temps. Le power metal, alors qu’il renaissait à la fin des années 90, n’est de nouveau plus à la mode. Jon Schaffer est désormais un guitariste old school, à la patte totalement reconnaissable dans sa façon supersonique de riffer, presque mécanique mais qui n’a jamais voulu être à la mode ou s’enliser dans les techniques modernes (n’attendez pas des riffs sous-accordés à la huit-cordes). Quant à Hansi, sa voix de barde, unique parmi les maitres, sa voix est simplement intemporelle. D’un autre temps car le style pratiqué par Demons & Wizards n’a pas bougé, parce que les deux sont restés intrinsèquement les mêmes depuis vingt ans, parce que leurs groupes respectifs ne se sont pas vendus sous l’autel de la gloire (ils n’en ont jamais eu besoin pour justifier une quelconque légitimité). D’un autre temps car III aurait très bien pu sortir en 2001, en 2006 ou en 2015 que l’on verrait à peine la différence, tant on peut écouter les trois opus à la suite dans un esprit de totale cohérence, sans pour autant que ce troisième opus n’apporte pas d’eau au moulin ou n’aille pas des directions sensiblement différentes, pour ne pas dire parfois surprenantes.

Demons & Wizards a toujours été un subtil alliage de lumière et de ténèbres et il a toujours été amusant de considérer que le groupe était plus lumineux qu’Iced Earth pour Jon mais plus dark et mystique que Blind Guardian pour Hansi. Comme si chacun y ajoutait une aura paradoxale pour véritablement créer une bête différente de son groupe principal.
Lorsque "Diabolic" est dévoilé, il y a un peu plus d’un mois, c’est un véritable bonheur que nous découvrons. Une mélodie acoustique reconnaissable entre mille, des chœurs liturgiques, un côté solennel qui renvoie immédiatement à l’intro du premier album et surtout un riff lourd, oppressant et sombre qui sert magnifiquement de tremplin pour laisser venir progressivement une mélodie vicieuse. Puis ce premier riff qui claque et résonne, laissant entendre une batterie bien plus claquante et puissante que sur "Touched by the Crimson King". Mais surtout...Hansi ! Que dire. Si les premières envolées sont en terrain connu, que dire de ce couplet quasi growlé (à l’échelle du ‘sieur évidemment...mais ce « You Shall Rise, Again ») puis du refrain qui reprend la mélodie de "Heaven Denies". Une merveille qui regarde devant tout en ayant l’effet d’une madeleine de Proust pour l’auditeur ayant bien en mémoire les deux premières fournées du combo. Une pépite de huit minutes qui se termine comme une prière, à l’instar du fameux "Heaven Denies", dans un thème similaire. L’attente était dès lors encore plus interminable, nous qui n’attendions plus rien de ce duo.

Sans évoquer chaque titre (un peu de surprise vous fera du bien), il est primordial de préciser que III sonne bien plus dark que les deux précédents opus, que les chœurs flamboyants et les parties foudroyantes du second album sont plus en retrait pour se concentrer sur le chant d’Hansi, proche d’un jeu d’acteur, et les mélodies vénéneuses de Jon. Il est évident que le récent aboutissement du Twilight Orchestra (le projet symphonique de Blind Guardian) a affecté sa façon de penser le chant et que cet album porte son empreinte, encore plus que les deux précédents, bien que la musique soit initialement la création unique de Jon (il compose, Hansi s’en inspire pour écrire ses textes et après ils discutent ; c’est grosso modo ainsi que les deux hommes disent travailler pour Demons & Wizards).
"Invisible", beaucoup plus lent, se focalise sur les lignes vocales, très chantantes et légères pour proposer un refrain très Blind Guardian dans l’âme, sur une mélodie limpide et un feeling de batterie emplie de ghosts notes bien loin des parties ultra rapides du passé. Du riff qui tapent, secs et métronomiques, nous en aurons plus tard bien évidemment, que ce soit sur "Wolves in Winter" (encore très sombre dans le chant d’Hansi), "Split" (ces riffs de furieux !) ou la partie finale de "Final Warning" (on se croirait dans une messe noire façon power metal) mais les ambiances, les mélodies et les arrangements n’ont jamais été aussi travaillés sur un opus de Demons & Wizards.

Nous avions demandé des titres épiques et à tiroir. Outre "Diabolic", "III" nous gratifie de deux titres fleuves, "Timeless Spirit" (neuf minutes) et "Children of Cain" (dix minutes). Le premier s’ouvre sur une merveilleuse partie acoustique avec la voix inimitable de l’allemand et de légères percussions (Brent Smedley, le batteur d’Iced Earth, sait se montrer délicat quand il faut) avant de monter doucement en puissance. Toutes les nuances de la voix d’Hansi explosent littéralement tout au long de cette composition mélancolique et épique qui aurait pu apparaitre sur l’éponyme, mais interprété aujourd’hui avec la maturité de musiciens accomplis qui peuvent tout se permettre, sans pression ni contraintes. Quant à "Children of Cain", il est plus typique du travail de Jon dans sa structure et termine l’album par moult rebondissements que je vous laisse avec plaisir découvrir. Des rebondissements que nous aurons également sur le mystérieux et théâtral "Dark Side of her Majesty" où Hansi chante une fois de plus très grave, de façon presque atonale parfois, et semble tester sa voix quand il passe des couplets aux refrains ponctués de chœurs. La richesse des lignes vocales est impressionnante, tant et si bien qu’on imagine parfaitement plusieurs personnages et prend conscience à quel point l’allemand est un vocaliste rare et exceptionnel. Il s’accorde également une récréation sur le très hard rock "Midas Disease" (ils avaient déjà repris "Immigrant Song" sur le précédent disque) où il joue avec sa voix, avouant lui-même avoir eu en tête une version de Bon Scott beaucoup plus criarde qu’elle ne l’est en réalité lorsqu’il a enregistré cette chanson.

"III" est un paradis perdu. Une ode que l’on espérait plus entendre et qui surprend dans tous les compartiments là où on ne l’attendait pas forcément. Car s’il est un projet du passé et que son style n’a cure des modes metalliques, l’album est empli de richesses, d’arrangements et nécessite un certain nombre d’écoutes avant de commencer à le percer, les premières impressions étant difficiles à cerner. Finalement, lorsque la lumière se fait, c’est pour accueillir un power metal ténébreux comme rarement, presque religieux, plein de chœurs et orchestré par un multi instrumentiste de talent qui ne pouvait avoir meilleur conteur à ses côtés que le fabuleux Hansi Kürsch, véritable émerveillement vocal de chaque instant. "III" fera date car il est rare. Et ce qui est rare est précieux. Demons & Wizards l’a compris depuis bien longtemps. Depuis toujours probablement.

9 Commentaires

17 J'aime

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Theoldmansaid666 - 07 Août 2020:

Après de multiples écoutes, j'arrivais à apprécier la qualité de cet album, sans jamais vraiment accrocher. Je ne comprenais pas.
Je suis donc entré en pleine introspection, et là quelle claque !
Chaque note et chaque mot sont posés pour donner vie à une ambiance, très, très Dark.

Une superbe réussite de Power portée bien sûr par les 2 ogres et également une excellente rythmique.

A coup sûr dans mon top 10 2020. 

David_Bordg - 07 Août 2020:

Oh que oui!

 
Madness77 - 08 Août 2020:

J'ai le même raisonnement après une première écoute bonne sans plus les suivantes m'ont carrément conquis je n'ai pas trouvé un seul mauvais morceaux contrairement aux deux albums précédents où il y avait 1 ou 2 titres dispensables là sur ce III il n'y a rien à jeter. Un des albums de l'année pour moi. 

metalpsychokiller - 12 Janvier 2021:

Superbe galette avec une production enfin à la hauteur de ce duo démentiel. Le exit Jim Morris est vraiment un atout de cet opus à mon sens.

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