Après 4 ans d'absence, c'est l'impatience d'un fan qui a pris le relais. Bien que très critiqué par la communauté metal,
Eths est l'un des rares groupes que j'écoute toujours depuis ma rencontre avec ce style musical. Le passage de "Sôma" à "Tératologie" s'était fait dans la douleur, mais une fois le choc de la sur-expérimentation passé, il s'est gentiment introduit dans mes veines pour ne plus me quitter. Qu'est donc ce "III"? On l'annonce plus mature, on affiche avec fierté la collaboration avec Fredrik Nordström, producteur entre autres d'
Arch Enemy et
In Flames. Mais une oreille au single "Adonaï" qui déçoit, l'autre au très mélodique et aérien "Gravis Venter" (disponible sur la page du label) accroche mais surprend au plus haut point. C'est donc avec une profonde inquiétude que je passe tout de même commande...
Au pire, il me restera la contemplation de l'artwork très réussi, la photo intérieure étant encore davantage attrayante. Cette représentation d'une déesse post-apocalyptique est délicieuse à souhaits et promet un album bien inspiré, avec une thématique profonde, bien loin des exubérances metalgores du précédent. Cependant, ce n'est pas l’emballage qui fait le cadeau, fort heureusement.
Le premier constat qui s'établit dès l'insertion du disque, c'est que la plupart des titres démarrent sur les chapeaux de roue en un hurlement plus virulent que jamais. Toutefois, la pression retombe très rapidement avec un chant clair des plus ennuyeux. Il faut l'avouer, si les growls de Candice ont toujours été jouissifs (et encore plus extrêmes et variés ici), ces murmures et comptines de petite fille possédée inquiétants au possible, le chant clair n'a jamais été son fort et rien que le single le confirme. Cependant, le contraste dit "de la belle et la bête" est encore plus marqué qu'auparavant - quitte à parfois trop en faire -, si bien que leur son n'a jamais été aussi brutal et mou à la fois.
Plus le temps passe et plus je vieillis, mais plus
Eths vieillit et plus il faut être jeune pour l'apprécier... Voilà le constat que l'on peut faire sur les quatre premiers morceaux, "Gravis Venter" étant très inhabituel avec ses airs post-rock atmosphérique, mais pourtant bien réussi et accrocheur.
Que l'on se rassure, la suite est bien meilleure comme l'atteste "Sidus" et sa rythmique de machine de guerre qui défouraille comme jamais. Les growls prennent une tournure effroyable, secondés par des choeurs sectaires dignes du Ku Klux Klan. On nage en plein chaos, la bête approche et prend le pouvoir sur un "Hercolubus" transpercé de part en part par les cris de dizaines de personnes cramant sur le bûcher. "Anatemnein" (anatomie en français) conclut dans la souffrance du dépeçage et de la mort durant 3'40. La suite est très étrange avec une sonorité étourdissante. Ce passage me fait penser au moment où une explosion nucléaire survient dans un film, le temps s'arrête, tout se fige et se trouve désintégré par le souffle. Le final au violoncelle accentue cette métaphore apocalyptique.
Il y a donc du bon et du moins bon dans cet album. Vous l'aurez compris, le point négatif revient au chant clair, qui se fait tout de même plus conséquent sur la deuxième partie pour s'intégrer parfaitement. En revanche, la batterie est plus agressive et variée, les guitares envoient bien pour une rythmique toujours plus saccadée, rappelant quelque peu "Sôma". Les textes ont désormais un sens accessible au lieu d'être un article d'encyclopédie au chapitre nécrophagie. Les expérimentations parfois hasardeuses de "Tératologie" laissent place à une structure propre et à une thématique.
A l'heure actuelle, je suis incapable de donner une durée de vie à ce disque. Je ne peux pas non plus déterminer si ce chant parviendra à me pénétrer ou si le refus s’accentuera au fil du temps. Toujours est-il que
Eths est un groupe de scène et les refrains accrocheurs mêlés aux riffs qui déboîtent les cervicales devraient n'être que du bonheur. La morale de l'histoire est peut-être qu'il ne faut pas prendre cette musique trop au sérieux. A l'image de la désinvolture des membres, l'objectif est sans doute de passer un excellent moment et de s'éclater sur des thèmes tantôt apocalyptiques, tantôt carrément dégueulasses, et non de se prendre la tête dans une ambiance horrifique comme on en retrouve dans le métal extrême. On pourrait alors établir la comparaison avec une bonne parodie du type de
Severance : un vrai film d'horreur pour les non-initiés mais des gags cachés dans chaque recoin pour les amateurs du genre. Après tout, les cris provenant d'un homicide dans "NaOCl" m'avaient terrorisé, alors qu'ils me font bien délirer avec du recul.
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Sans compter que la complicité avec Staif était une pure merveille en live. Adieux tout ça...
J'attend ton retour lorsque tu auras écouté l'album en intégralité.
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