Comme beaucoup de groupes,
Eths a eu une histoire assez mouvementée, qui se ressent dans l'évolution des albums. Du groupe de 99, il ne reste plus que Staif, la tête pensante du combo. Le changement le plus brutal se fait en
2012 quand Candice, la chanteuse, quitte le groupe pour raisons personnelles. A ce moment-là, les Cassandres qui sommeillaient parmi certains fans se réveillent, et prédisent la fin pure et simple du groupe. C'est vrai qu'
Eths sans Candice peut sembler impossible, tant elle assoit sa présence, en live comme en studio. Mais en 2013, le groupe recrute Rachel Aspe, dont certains ont pu voir interpréter du
Sybreed dans "La France a un incroyable talent". Inquiétude des fans: Est-elle capable de remplacer une chanteuse comme Candice? Eh bien, pour le savoir, plongeons-nous dans
Ankaa.
Alors, on peut dire que ça démarre sur les chapeaux de roue: à peine le temps d'installer l'ambiance qu'on nous dévoile les capacités vocales de la nouvelle cantatrice. Et la demoiselle a du coffre et de l'énergie à revendre. Mais avant de s'y attarder, revenons à l'ambiance, qui est assurément un des points forts de cette galette.
Eths a toujours aimé les atmosphères un peu malsaines, comme le prouve l'album
Tératologie. Là, l'ambiance est un peu plus ésotérique, moins sale, et surtout beaucoup plus prenante, grâce à ces voix orientales du plus bel effet, faites par Sarah Layssac, du groupe
Arkan. Quand on entend cette partie dans "
Nihil Sine Causa", on en a des frissons.
Puisqu'on en est à parler de voix, coupons court au débat: Rachel Aspe est incroyable. Tout au long du disque, on voit qu'elle donne tout ce qu'elle a, et ça se ressent. Son growl est impeccable et ne sonne jamais faux. Sur Seditio, morceau un peu plus axé metalcore, elle prend des risques sur le plan vocal, sans se louper un seul instant. Au niveau de la voix claire, elle se révèle au fil de l'album, comme si on lui laissait le temps de vraiment s'affirmer. Et c'est ce qui arrive dès "
Vae Victis", pour prendre de l'assurance dans les derniers instants, magiques. On dirait que la tracklist a été élaborée pour ça, et le plaisir n'en est que plus grand.
Car même si "Amaterasu" fait le café, l'apothéose commence vraiment avec "Kumari Kandam" (et son refrain prêt à bien vous faire headbanguer), pour finir avec LA claque qu'est "Alnilam".
Pas le temps de vous laisser souffler, cette chanson vous transporte, surtout avec sa fin des plus agréables. Fin qui se répète en écho dans la dernière chanson, qui se structure comme un teaser collé à une sorte de piste cachée. Une fin d'album qui ne vous accorde aucune pitié, et qui vous quitte comme par un au revoir, une invitation à attendre la suite.
L'album est, de plus, très bien produit, comme III. Il poursuit d'ailleurs sur sa lancée. C'est propre, et l'impression de sous-mixage des voix claires se dissout au fur et à mesure. La batterie se la joue "indus", avec un zeste de double pédale. Les guitares n'ont rien perdu de leur vigueur. Seules des errances comme la partie électro de "
Nihil Sine Causa" ou encore l'intrus de service qu'est "HAR1", peuvent briser un peu l'immersion. Le côté déstructuré de certaines chansons rappellera des souvenirs aux fans de
Tératologie. Mais contrairement à celui-ci,
Ankaa a laissé de côté le gore, ce qui est plutôt positif. Il y a même une pensée pour les fans avec la chanson "Nixi Dii", qui peut vraiment être étiquetée
Eths. Mais qu'on se le dise:
Eths est de retour et ça défonce.
Pour résumer:
Difficile de passer à la suite quand on doit se défaire d'une aura comme celle de Candice Clot, dont la présence jouait pour beaucoup dans le succès du groupe.
Eths devait prouver: qu'ils n'étaient pas morts ; qu'ils en avaient encore dans le ventre ; que leur nouvelle chanteuse en a aussi dans le ventre et qu'ils peuvent évoluer sans perdre leur identité.
Compte tenu des défis à relever, le groupe s'en sort à merveille:
Ankaa est une franche réussite. Le groupe sait toujours allier des compositions furieuses à une ambiance de folie. Quant à Rachel Aspe, elle se révèle dans cet album: au lieu de tenter d'imiter Candice, elle a su s'approprier le style
Eths, tout en s'affirmant individuellement. La transition de sa voix claire à son growl impeccable prouve qu'elle est capable du meilleur.
Ankaa est techniquement un album de transition, certes, mais qui affirme la maturité du groupe et qui laisse augurer le meilleur pour la suite
Rachel, que j'ai vu en concert, après le dernier show avec Candice, s'en sortait vraiment bien et cela m'a rassuré. Certes, elle singeait un peu Candice dans le jeu de scène. Mais la plupart des gens détestant le changement, c'était peut-être une bonne idée. Singer d'abord pour se faire accepter et casser un peu les codes ensuite.
Il y avait un peu de faux dans la partie claire de "Bullimiarexia", qui se retrouve dans l'EP "Ex Umbra In Solem". Mais il est vrai que le refrain montre très haut dans les aigus. Et après du growl, surtout aussi gras, c'est jamais facile. Rachel a donc misé sur des voix claires moins aigues, des chuchotements, des parler-bas, et ça marche très bien. :)
Perso, j'avais trouvé III très bien mais j'avoue être resté sur ma fin vers la fin, ce qui n'est pas le cas d'Ankaa. Ce qui a pesé sur mon avis, et sur mes espérances pour la suite
Le moment trap de Nihil Sine Causa est génial :D Elle doit écouter Ghostemane j'en suis sûr.
Bonne chro et très bonne découverte de ma part, je n'avais jamais écouté Eths auparavant.
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