Liste des groupes Metal Moderne Metalite Heroes in Time

S'il est des formations cherchant des voies alternatives au si couru registre metal symphonique à chant féminin pour tenter de faire entendre leur voix, ce jeune combo suédois originaire de Stockholm, cofondé en 2015 par le guitariste Edwin Premberg et la frontwoman Emma Bensing, serait assurément de la partie. Aussi, c'est vers un rock'n'metal mélodique enjoué, un brin acidulé, aux relents power et électro, qu'il orienterait ses efforts, nous faisant penser tour à tour à Amaranthe, Dynazty, Angelical Tears, Delain et The Murder Of My Sweet. Dans ce dessein, moins d'un an plus tard ont été requis l'expérience et les talents de Robert Örnesved (Castillion) à la guitare, Robert Majd (Eddy Malm Band) à la basse et Lea Larsson (Imber) à la batterie. De cette étroite collaboration sortiront de terre deux singles, « Afterlife » et « Nightmare », deux tubesques offrandes qui seront insérées parmi les 11 pistes de leur introductif album full length « Heroes in Time ». Sorti chez le puissant label suédois Inner Wound Recordings, le présent opus symboliserait à lui seul le début de l'aventure du quintet nord-européen...

Les quelque 48 minutes de la galette nous octroient une énergie aisément communicative, des lignes mélodiques finement sculptées et volontiers accrocheuses, des cheminements d'harmoniques infiltrants, une technicité instrumentale éprouvée mais non ostentatoire, et souvent glissent sur d'amples vagues synthétiques. Pour l'occasion, sont venus prêter main forte les guitaristes Fraser Edwards (Ascension, Sharky Sharky) et Jakob Svensson (Wigelius). La rondelle a parallèlement témoigné d'une ingénierie du son aux petits oignons. A cet effet, la troupe a confié le mastering comme le mixage à un certain Jacob Hansen (Hansen Studios, Ribe (Danemark)), connu pour avoir été sollicité par Avantasia, Epica, Delain, Evergrey, Diabulus In Musica, Imperia, Kamelot, Pretty Maids, Pyramaze, Sirenia, Volbeat, parmi tant d'autres. Il en ressort une péréquation de l'espace sonore entre lignes de chant et instrumentation et surtout une belle profondeur de champ acoustique. Pour mettre les petits plats dans les grands, tout comme Amberian Dawn, Imperial Age, Korpiklaani, Voices Of Destiny et bien d'autres, nos acolytes ont fait appel à la palette graphique de Jan Yrlund (Darkgrove Design), ce dernier assurant ainsi, dans son intégralité, l'artwork de l'album. Indices révélateurs d'un projet en phase d'ascension et d'une dévorante envie d'en découdre de la part de nos cinq belligérants...

Le groupe semble doté de cette faculté à concocter ces séries d'accords qui font mouche, et qui, pour les fans d'Amaranthe et consorts, seront assimilés à une véritable cure de jouvence. Aussi, enfile-t-il les hits en puissance à l'aune de ses passages les plus enfiévrés. Ce faisant, un headbang bien senti ne tardera pas à s'esquisser sur « Afterlife », pimpant méfait voguant, comme la plupart de ses voisins, sur d'ondulantes nappes synthétiques et décochant un refrain catchy mis en exergue par les cristallines et oscillantes inflexions de la sirène. Tout en essaimant ses enivrants couplets relayés chacun d'un refrain immersif à souhait, et non sans rappeler The Murder Of My Sweet, le tonique et rayonnant « Nightmare », pour sa part, fait montre d'insoupçonnées variations atmosphériques. Mention spéciale pour le solo de guitare signé Jakob Svensson. Dans cette mouvance s'inscrivent encore « The Light of Orion » et « The Great Force Within Us », impulsifs et vibrants efforts recelant chacun un fin legato à la lead guitare estampé Fraser Edwards. Enfin, c'est dans un champ de turbulences que nous place « Heroes in Time », up tempo aux relents électro, ''amaranthien'' en l'âme, à l'efficace mélodicité et aux enchaînements bien négociés. Mais là ne s'arrête pas la ronde des saveurs...

Lorsque la cadence s'accélère un tantinet, l'impact émotionnel sera, là aussi, assurément de mise. Ainsi, on ne mettra qu'une poignée de secondes pour se voir happé par la puissance dévastatrice de « Purpose of Life » tout comme « Power of Metal », séduisantes, organiques et ''delainiennes'' offrandes metal mélodique aux accents power, recelant toutes deux un tapping martelant et livrant de saisissantes montées en puissance du corps orchestral. Et comment ne pas se sentir transporté par les vibes de « Over and Done », échevelant et ''amaranthien'' message musical aux riffs en tirs en rafale doublés d'intarissables et frissonnantes rampes synthétiques ? Dans cette mouvance, dans le sillage d'Angelical Tears, le pulsionnel « The Hunter » et le tempétueux « Black Horse Rider » nous plongent tous deux dans un torrent de lave duquel il s'avère difficile de s'extraire sans meurtrissures. Pourvus chacun de riffs roulants, recelant de grisants changements de tonalité et d'un jubilatoire solo de guitare dispensé par Fraser Edwards, ces deux brûlots auront bien peu de chance de rater leur cible.

Quand ils nous offrent leurs mots bleus les plus sensibles, nos compères se muent alors en véritables bourreaux des cœurs en bataille. Aussi, c'est d'un battement de cils qu'ils génèrent cette petite larme au coin de l'oeil que l'on feindrait d'ignorer à l'aune de « In the Middle of the Night », fondante et romantique power ballade aux airs d'un slow qui emballe, que n'auraient reniée ni Amaranthe ni Delain. Voguant sur une sente mélodique des plus sécurisées, dispensant de rutilants enchaînements intra-piste, enjolivé par les angéliques impulsions de la maîtresse de cérémonie, et recelant un refrain d'une efficacité redoutable bien qu'un poil convenu, on comprend que l'instant privilégié n'aura guère tari d'arguments pour avoir raison des âmes les plus rétives...

Arrivé au terme de notre périple, un doux sentiment de plénitude nous étreint, au point de nous pousser à remettre le couvert sitôt l'ultime mesure du skeud envolée. Ce faisant, l'inspiré collectif nord-européen dispense une œuvre à la fois colorée, pimpante, charismatique, délicate, émouvante, sans réel bémol, et bénéficiant d'une qualité de production difficile à prendre en défaut. De plus, un réel potentiel technique se dessine déjà, et ce, parallèlement à l'écriture de lignes mélodiques que d'aucuns pourraient avoir à leur envier. Est-ce à dire que le sans-faute serait au bout du chemin ? Pas tout à fait...

D'une part, l'opus accuse un manque cruel de diversité atmosphérique, rythmique et surtout vocal, la frontwoman monopolisant le micro de bout en bout de notre parcours. Plus encore, les exercices de style tendent à se répéter, donnant en prime une étrange impression de déjà entendu, et les prises de risques sont aux abonnés absents. Par ailleurs, si elle souhaite voir son projet y gagner en épaisseur artistique, voire se pérenniser, la troupe se fera fort de s'éloigner de l'empreinte par trop pesante de ses maîtres inspirateurs, Amaranthe en tête de peloton. Mais nos gladiateurs ont encore bien le temps d'affûter leurs armes pour devenir à leur tour de dangereux challengers. Cela étant, deux ans à peine suite à sa création, le quintet suédois disposerait d'ores et déjà d'atouts dans sa manche, et non des moindres, pour constituer un sérieux espoir du metal moderne à chant féminin. Dans l'attente à peine voilée d'une seconde fournée...