Liste des groupes Metal Gothique Liv Kristine Have Courage Dear Heart

C'est un parcours jalonné de moult et fructueuses expériences musicales que celui de la petite sirène norvégienne. Pour rappel, parallèlement à son inscription parmi quelques grandes signatures du metal symphonique gothique (membre permanent chez Coldbound et Midnattsol aujourd'hui, chez Leaves' Eyes et Theatre Of Tragedy hier, ex-membre live chez Atrocity, Eluveitie, Savn...), la belle n'a eu de cesse de prêter sa voix, et ce, pour des formations aux horizons des plus éclectiques. Aussi, a-t-on pu la retrouver sur le 5ème album studio d'Eden's Curse, « Cardinal », en 2016 ; le 14ème album full length de Cradle Of Filth, « Cryptoriana - The Seductiveness of Decay », en 2017 ; le 1er EP du groupe de metal symphonique français Lux In Tenebris, « To a New Eternity », en 2018 ; le 1er opus de longue durée de The Sabbathian, « Latum Alterum », en 2019, ou encore le single « Crucified » de Ben Blutzukker, en 2020... Ce serait sans compter ses aspirations pop-rock/metal gothique les plus intimes, un univers à part entière où ses qualités d'auteure-compositrice-interprète interpellent autant qu'elles séduisent...

Ainsi, pour compléter sa large panoplie, la touchante artiste aux angéliques inflexions a toujours eu pour devise de suivre une carrière solo, oeuvrant alors dans un rock'n'metal atmosphérique gothique pétri d'élégance, un brin éthéré et des plus enivrants. Aussi se rappellera-t-on avec émotion d'un poignant « Vervain » (2014), lui-même succédant à un gracieux « Libertine » (2012), un raffiné « Skintight » (2010) et un vibrant « Enter My Religion » (2006), quatre albums full length que l'on se plaît toujours à se repasser, témoignant de l'inaltérable et féconde inspiration de son auteure. A l'instar de « Fake a Smile » (2006), c'est avec un EP 5 titres, « « Have Courage Dear Heart », que Liv Kristine vient cette fois défendre ses chances. Signées chez le label suisse Allegro Talent Media, enregistrées pour l'essentiel aux Black Rider Recording Studios par le compositeur Tommy Olsson, finement mixées et mastérisées au Eroc's Mastering Ranch par Eroc, les 23 brèves minutes de l'opus offrent une belle profondeur de champ acoustique et des finitions passées au crible.

Délicatement mis en musique par Tommy Olsson et intégralement écrit par Liv Kristine, ce set de compositions se révèle à la fois entraînant, empreint de légèreté et délicieusement intimiste, nous ramenant par touches aux vibes des précédents efforts, non sans d'inédites portées au programme. Les fans des deux dernières offrandes auront alors matière à se sustenter.

Ainsi, non sans renvoyer à la fois à l'atmosphère aigre-douce un brin surannée d'un élégant « Libertine », et celle, éminemment troublante, de Tori Amos, l'engageant « Serenity » nous plonge dans un bain rock atmosphérique gothique au fluide riffing de guitare et à la rythmique émoussée. Dotée d'un refrain immersif à souhait mis en exergue par les cristallines modulations de la princesse et d'insoupçonnées variations rythmiques, la tubesque offrande nous fait renouer avec un passé magnifié, la rendant d'autant plus attachante. Nous ramenant plus volontiers dans l'univers enchanté de « Vervain » tout en disséminant ses couplets finement ciselés, et bien qu'un poil répétitif, l'invitant et cadencé « Skylight », lui, est une véritable invitation au voyage en d'oniriques contrées.

Plus qu'elle ne l'a consenti jusqu'alors, la sirène fait cohabiter de cinématiques sonorités avec ses amours gothiques originelles. Dans cette veine se place précisément « Have Courage Dear Heart », un frissonnant low tempo progressif glissant le long d'une radieuse rivière mélodique, où de profonds et graduels claquements d'un tambour martial s'invitent à la danse. Tapissé de soyeuses nappes synthétiques et encensé par de limpides et ondoyantes volutes assorties d'un léger vibrato, au demeurant parfaitement maîtrisé, dispensées par la maîtresse de cérémonie, la sauce ne saurait tarder à prendre...

Dans un espace plus romantique, la princesse parvient à nouveau à nous retenir plus que de raison. Aussi, ne pourra-t-on que malaisément esquiver la petite larme au coin de l'oeil sous le joug de « Gravity », une ballade atmosphérique progressive d'une sensibilité à fleur de peau, déversant de subtils harmoniques tout en s'écoulant au fil d'une onde mélodique propice au total enivrement de nos sens. Recelant un grisant slide à la guitare acoustique ainsi qu'un poignant épaississement du corps orchestral, et ce, parallèlement aux fluides et caressantes patines de la diva, l'instant privilégié trouvera assurément un débouché favorable à son assimilation auprès de l'aficionado du genre intimiste. Difficile également de se soustraire à la version acoustique de « Sylight », dénommée « Skylight Cathedral ». Ici muée en une émouvante ballade a-rythmique où se conjuguent de délicats arpèges échappés du maître instrument à touches et les troublantes oscillations d'une interprète bien habitée, la tubesque offrande prend ici une coloration mélancolique tout en se voyant gratifiée d'un petit supplément d'âme.

Au fil de cette brève traversée, force est d'observer que la Marilyn scandinave n'a tari ni d'allant ni d'inspiration, nous faisant alors renouer avec son glorieux passé tout en se tournant vers l'avenir. Et ce, non sans laisser quelques traces dans les mémoires de ceux qui auront embarqué à bord de la goélette. Empreint d'authenticité, adjoint d'un brin de modernité et délestant une forte charge émotionnelle, sans omettre la charismatique et pénétrante signature vocale de son auteure, ce set de compositions aurait les armes requises pour assigner à résidence le fan de la première heure comme celui de la dernière cuvée. A réserver toutefois aux seuls amateurs d'aériennes harmoniques, la fibre metal atmosphérique gothique se conjuguant bien souvent avec une fibre rock gothique éthérée et des plus enivrantes. Un souffle éolien délicieusement intimiste et d'une confondante légèreté...