Entre paix et guerre, apocalypse et rédemption, insanité et prosaïsme…
Voici la paix.
C’est en ces termes étranges (étrangement pacifiques ?) que se dresse le patronyme du nouvel opus des poitevins de
Trepalium, connu plus particulièrement pour leur amour du désordre et de la non-conformité. En trois albums, les français sont devenus le chantre d’une musique originale et unique, mêlant le boogie du jazz, l’aspect dépaysant du monde tzigane et la lourdeur écrasante d’un metal calé entre modernité et classicisme.
"Alchemik Cloclwork of
Disorder", et surtout "
XIII", avaient permis au groupe de se tailler une place de choix dans le paysage musical métallique français, et, probablement plus que jamais, "HNP" est attendu auprès des connaisseurs.
HNP…"Heic
Noenum Pax"…Voici la non-paix…
C’est sur ce titre éponyme que l’album se lance. De mystérieuses sonorités ouvrent le morceau, hypnotiques et emplies de tension, avant qu’un riff lourd ne vienne mettre les choses au clair. Harun Demiraslan et Nicolas Amossé suivent dès cette chanson le sillon tracé par "
XIII", à savoir un son plus lourd, glauque et puissant, délaissant peut-être légèrement le côté boogie caricatural des débuts. Le chant de Kéké se fait menaçant et agressif, malsain dans sa manière d’être appréhendé, particulièrement sur un break très ambiancé où les guitares prennent des allures de « sonars » si chère à
Machine Head ou
Meshuggah.
Difficile de savoir ce qu’il adviendra de l’album après cette introduction…surtout que "Prescription of Crisis" accélère sensiblement le tempo et se veut plus chaotique, notamment vocalement, et laisse revenir le côté décalé et déluré des guitares. Autant dansantes qu’elles ne sont malaisantes, les mélodies distillent des ambiances très marquées et uniques. Un travail très minutieux d’arrangements a été effectué, notamment concernant les nappes de claviers ou de samples que l’on peut entendre en toile de fond, permettant de créer une ambiance à la fois plus riche et plus sombre.
"
Insane Architect" pourrait être l’un des porte-drapeaux de l’album tant il transpire les émotions présentes dans l’album et représente le
Trepalium que l’on connait, mais avec le son et la technique qui est la sienne aujourd’hui. Kéké s’est largement amélioré au chant et sa performance ne souffre que de très peu de défauts, et que dire du magnifique solo en point d’orgue de la composition ?
"Order to
Labyrinth" surprend par son côté des plus aventureux, et installe un climat moribond, lourd et glauque mais pourtant éclairé par des mélodies travaillées à l’extrême et lumineuses, soutenues par l’énorme boulot réalisé par Thibault Chaumont au niveau de la production, puissante, grasse et très claire. Les poussées d’adrénaline, tout comme les nuances dans la voix de Kéké sont parfaitement retranscrites et apportent des sensations à une musique vivant de ses reliefs et de son évolution à l’intérieur même de ses compositions. Le groupe semble s’être légèrement calmé vis-à-vis de ses débuts, et c’est probablement la raison pourquoi lorsque le tempo s’accélère réellement, notamment sur "Let the
Clown Rise", que
Trepalium convainc un peu moins, paraissant en roue-libre et travailler de manière trop facile. Rapide et agrémenté de quelques blasts, la composition peine à surprendre autant qu’à impressionner, surtout lorsqu’on la compare à un titre comme "Raining
Past", débutant sur une portée acoustique, avant d’exploser sur un riff gras mais mélancolique, et évoluant vers des émotions très contradictoires, poétiques mais où l’apocalypse semble pouvoir frapper et tout détruire d’un instant à l’autre.
L’ensemble se terminera sur une reprise fameuse et groovy du "I’m Broken" de
Pantera dont la reprise en live pourrait bien déchainer quelques fosses.
"HNP" confirme toutes les bonnes choses que l’on pensait de
Trepalium, et amène le groupe à un niveau de notoriété supérieure, en confirmant que le groupe est désormais une valeur définitivement sure de la scène hexagonale. Original et unique, le groupe poitevin tient entre ses mains une musique qui n’appartient qu’à lui, ayant la rareté de pouvoir être reconnu dès le premier riff. Certes, l’effet de surprise de "
XIII" s’est un peu atténué, et la baffe qui l’avait accompagné s’estompe plus rapidement avec ce nouvel album qui va globalement dans la même voie. Mais ne boudons pas notre plaisir, les fans s’y retrouveront à cœur joie et pourront se délecter d’un album à la production et au style plus affirmé que jamais.
Trepalium is
Trepalium.
That’s all !
J'avais aussi, pas mal accroché à "XIII", que j'ai découvert il y a peu. Il faudra donc, que je jette un oeil et une oreille, voir deux sur celui-ci ! :)
Je pense qu'une relecture va s'imposer.
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