Les changements de line-up peuvent s’avérer parfois libérateur pour certains groupes ; mais quand il s’agit d’un groupe qui produit une musique originale et intéressante, c’est toujours assez mal vécu par les fans de la formation en question, ou du moins cela amène de nombreuses inquiétudes. Les allemands de
We Butter the Bread with Butter n’ont pas échappé à la règle, d’autant plus que cette joyeuse bande de metaleux-barrés originaire de Brandebourg ne se composait à la base que de deux membres. Alors forcément, quand l’un des deux se fait la malle (en l’occurrence Tobias, désormais ex-chanteur et claviériste) c’est une bonne partie de l’identité du groupe qui s’évapore. Ce départ donne forcément suite à l’arrivée d’un nouveau chanteur en la personne de Paul Bartzsch (prononcez en aboyant), et dans la mesure où le duo s’était déjà transformé depuis peu en un quatuor avec l’arrivée d’un batteur et d’un bassiste, on a presque affaire à la naissance d’un nouveau groupe.
Le problème, c’est que WBTBWB nous avait habitué à faire du (très) bon son, une sorte de deathcore électro hybride et whathefuckesque au possible. Difficile donc pour la nouvelle formation d’assumer l’héritage dû à leur nom inchangé, d’autant plus que la première mise en bouche à laquelle nous avons eu droit, le
Projekt Herz EP, nous laissa un arrière-goût amer tant le changement musical fut radical. Bon, surtout parce qu’il était complètement raté, disons-le clairement.
Quelques mois après ces espoirs avortés, nous nous retrouvons avec entre les mains la nouvelle galette du groupe, intitulée sobrement
Goldkinder (« Les enfants d’or/de l’or »). A priori pas de de retour aux sources donc, tant ce nom tranche de par sa sobriété avec ceux des deux précédentes sorties, malgré un artwork à l’esthétique pas si éloigné que ça (au moins au niveau des couleurs). Mais mon blabla introductif a déjà trop duré (même si il m’a paru nécessaire de remettre cette sortie dans son contexte pour pouvoir l’analyser correctement) ; place à l’album en soi, qui pourrait bien en surprendre plus d’un.
L’album débute avec le titre
Alles Was Ich Will, qui sonne, avouons-le comme du Rammsteincore. Le désormais quatuor met un point d’honneur à débuter sur une note de lourdeur, tombant un peu trop dans la facilité (pratique somme toute commune pour la première piste d’un album) mais sans pour autant ranger l’aspect mélodieux de sa musique au fond du tiroir. Certes niveau du chant Paul n’est pas Tobias, mais il a des arguments à faire valoir, et respecte bien la tradition du groupe en alternant un scream haut perché avec un growl aussi puissant qu’efficace. A vrai dire, on remarque surtout d’entrée de jeu que WBTBWB n’est plus vraiment un groupe de deathcore, les pig squeals ayant quant à eux bel et bien disparus, au grand désarroi de certains. Les autres, dont je fais partie, s'en passerons allègrement.
Alors que les pistes s’enchainent (plutôt bien il faut avouer), on constate que la nouvelle offrande des allemands ne ressemble pas du tout au nouveau raté que nous avions bien vite fait d’anticiper. Meine Brille laisse ainsi place à
Pyroman & Astronaut, et on doit bien avouer que malgré le manque de folie comparé à l’ancien son du groupe, le brutalité est là, l’intelligence dans la composition aussi (c’est peut-être de là que provient ce côté plus sérieux et donc moins folichon d’ailleurs), bref la qualité paraît au rendez-vous et on remarque que les teutons semblent avoir trouvé un moyen de changer de style tout en gardant au moins une partie des éléments caractéristiques de leur glorieux nom.
Ainsi la galette nous offre quelques agréables surprises, notamment une certaine continuité dans l'exploitation de l’aspect schizophrénique Made in Germany de la formation. Encore une fois, même si le style est différent, on alterne toujours l’aspect mélodique voire mélancolique des notes de clavier (Ohne Herz,
Viva Mariposa, Mayday Mayday), la brutalité des guitares (avec au passage des riffs sur cet album dont la simplicité ferait parfois pâlir un groupe de Néo) présente sur des pistes comme
Pyroman & Astronaut,
Fall ou encore
Psycho, piste qui vient même nous rappeler que malgré les changements de line-up, le groupe est toujours capable de faire preuve d’un côté complètement barge très appréciable. Impossible ensuite de ne pas évoquer Das Uhrwerk ou Kind im Brunnen qui constituent un ensemble de tout ce que le nouveau WBTBWB peut faire de mieux, et qui à mon sens n’a pas grand-chose à envier aux pistes de
Der Tag an dem die Welt Unterging par exemple.
L’album souffre tout de même de quelques longueurs (
Fall, Makellos) et maladresses (la très pop Kreig aus Gold, décalée mais pas assez pour justifier sa présence) qui montrent que les membres se cherchent encore, hésitant entre rester dans la tradition du groupe ou mettre davantage en avant leur patte perso. Toujours est-il que
We Butter the Bread with Butter n’est pas mort, il évolue tout en assumant du mieux qu’il peut son héritage, et est encore capable de nous donner une sérieuse envie de bouger, pogoter, headbanger...
Das Uhrwerk bien sûr, musique phare de l'album pour ceux qui étaient fan de l'ancien WBTBWB je pense !
Mais pourquoi avoir ré-enregistré Mayday Mayday qui était clairement la musique la plus désastreuse de Projekt Herz ?... Pour vraiment bien l'apprécier, je pense qu'il faut s'y "habituer", c'est le mot convenable.
Pour répondre de manière groupée dans un premier temps je pense que même si objectivement l'album reste bon, il est sur que le groupe n'évolue plus dans le même univers que par le passé, pour moi on ne peut plus qualifier WBTBWB de groupe de Deathcore, mais plutôt de Metalcore agrémenté d'éléments Electro/Modern metal style Motionless In White, la folie en plus.
Après il ont fait le choix de garder le même nom et essaye tant bien que mal d'assumer ce choix, c'est tout à leur honneur. Malgré tout, une décision aussi importante peut être remise en question et il y aura toujours des gens qui dirons que "c'était mieux avant". Il me semble malgré tout que leur démarche reste honnête et cohérente, je pense que ça reste le plus important, ils déçoivent peut être une part non négligeable de leur fans, mais au moins ils ne se foutent pas de leur gueule.
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