Alors que tout semblait aller pour le mieux pour
Thy Art Is Murder, nous avons eu le regret d’apprendre le mois dernier l’évincement de son frontman CJ McMahon après quatorze ans de bons et loyaux services. Interrogé sur le sujet des personnes transgenres, le vocaliste du groupe de deathcore australien a tenu sur les réseaux sociaux des propos drastiques et a largement manifesté son rejet, son mépris ainsi que sa haine envers ces individus. Vivement critiqué sur sa position, les autres membres de la formation n’ont guère apprécié ce dérapage de la part du chanteur et ont par conséquent coupé court à toute collaboration. Alors que le quintet s’apprêtait à partir en tournée européenne, le remplaçant de Cj McMahon a finalement et rapidement été annoncé : c’est donc Tyler Miller (
Aversions Crown) qui est désormais la nouvelle vedette du collectif australien.
Cette histoire rocambolesque n’a pas été sans conséquences pour notre combo : alors que son sixième opus
Godlike était initialement prévu en mi-
Septembre, sa sortie a été retardée d’une semaine. Si la cause annoncée initialement était le passage en autoproduction et le développement d’une nouvelle maison de disques
Human Warfare, la raison est toute autre puisque l’album a été intégralement réécrit sans les prestations de son ancien vocaliste mais avec celle de son nouveau parolier. La question qui nous mord désormais les lèvres est de savoir si Tyler sera capable de reprendre cet immense flambeau du nom de
Thy Art Is Murder ou si au contraire, les dernières heures d’un des plus imposants monuments du deathcore et plus globalement de la scène australienne sont derrière nous.
A notre plus grand étonnement, sur le plan vocal, Tyler propose une imitation quasi conforme à celle de CJ McMahon. Bien entendu, on percevra ici et là quelques disparités mais qui semblent plus venir de l’accent américain de notre interprète. Ainsi, nous ne sommes pas du tout dépaysés par ce growl si emblématique, certes loin d’être le plus étoffé, impressionnant ou diversifié mais largement reconnaissable et surtout si provocant, profond. A contrario de ses deux prédécesseurs
Dear Desolation et
Human Target, le quintet fait aussi des allusions à son passé avec quelques rayonnements brutal death de ses tout premiers disques et, par conséquent, d’une voix plus rauque et pervertisseur.
Ce penchant se remarque parfaitement lors du breakdown de
Keres où le chant, plus grave qu’à l’accoutumé, renforce ce sentiment d’étouffement et de lourdeur. Le morceau se distingue également par ces chœurs lors du refrain qui appellent à la bataille et à la tyrannie, une correspondance toute trouvée avec les
Keres, esprits de la mort dans la mythologie grecque. Pour ce qui est de l’écriture de la chanson, en dehors de la panne, l’atmosphère de la mélodie s’apparente davantage au death metal qu’au deathcore, un dynamisme déjà omniprésent sur
Human Target.
L’œuvre n’est pas la seule dans cette situation puisque
Blood Throne suit cette même disposition, le tout sous un riffing d’une efficacité et d’une intensité dont seul le quintet australien a le secret. Bien que le morceau donne sans aucun doute l’impression de facilité et de simplicité avec des accords relativement similaires tout au long du morceau, le groupe fait pourtant bande à part avec un air qui va droit au but, là où la plupart des formations auraient parfois voire souvent tendance à préconiser des rythmes et des riffs toujours plus languissants, dissonants et/ou destructeurs.
Notre formation australienne semble même avoir franchi une étape avec plusieurs compositions où la technique est la principale doctrine.
Anathema expose en tout point cette complexité avec des blastbeats sans interruptions, décor d’une boucherie sanguinaire. Le breakdown semble tout droit sortir des ouvrages de
Fit For An Autopsy avec un riffing assez académique à la portée aggravante. Ces toiles sérieuses seront malheureusement gâchées par d’autres, principalement par des tableaux sans grand intérêt et déjà-vu. Ce regard est notamment porté sur le titre Join Me In
Armageddon qui n’apporte rien de nouveau avec une formule recyclée des dizaines de fois dans la discographie du collectif et dont aucun moment ne sort véritablement du lot, une répétition des erreurs du passé et de cette appréhension de la part des Australiens à tourner la page de ce qui a forgé son succès.
Ce
Godlike pourrait sonner comme le énième opus de
Thy Art Is Murder, similaire par rapport aux autres et qui ne fait que confirmer une recette bien huilée. Pourtant, ce sixième essai s’avère plus moderne, un peu plus risqué dans son approche et dont on retiendra quelques belles parures. De là à crier à l’album du siècle, le chemin est encore loin et périlleux mais le quintet présente de solides promesses qu’il faut désormais confirmer. Ces espérances confiées à notre nouveau vocaliste ne sont clairement pas un cadeau, d’autant plus que le frontman a aussi la lourde tâche de perpétuer une des rares légendes du deathcore. Cet héritage sera-t-il massacré ou au contraire sauvegardé ? A cette question, seul l’avenir nous le dira …
Merci pour ta chro. Je suis d'accord avec toi cet opus n'est pas l'album du siècle, il est bon mais sans plus. Peu être à cause de l'évincement de CJ...... Chacun son opinon sur le sujet "trans".......
Vous devez être membre pour pouvoir ajouter un commentaire